Compte rendu - Atelier 1 : Agriculture et agro-industrie, l’option gagnant / gagnant de la territorialisation

Mercredi 11 Décembre 2013
Animé par Hassan Benabderrazik, expert auprès de l’IPEMED, l’atelier a compté avec la participation de :
-    Jean-Louis Rastoin,  Ingénieur agronome,  professeur émérite à Montpellier à Sup-Agro ;
-    Sébastien Abis, Administrateur du CIHEAM (Organisation intergouvernementale) ;
-    Abdelkader Taïeb Ezzraïmi, PDG du groupe SIM (Algérie) ;
-    Stéphane Yrles Directeur des affaires publiques et des relations institutionnelles Groupe SOFIPROTÉOL (France) ;
-    Jeanne Lapujade, Chef de projet ANIMA (plateforme multi-pays de développement économique de la Méditerranée).

L’atelier a été l’occasion de faire le point sur la situation d’insécurité alimentaire en Méditerranée qui est due essentiellement aux facteurs ci-après :
-    ressources naturelles limitées et réchauffement climatique ;
-    agriculture prégnante, peu productive, instable ;
-    filières peu intégrées ;
-    ressources humaines rarement qualifiées ;
-    sous - investissements matériels et immatériels ;
-    infrastructures insuffisantes ;
-    institutions publiques et professionnelles lacunaires ;
-    peu de prise en compte du développement durable.

La région concentre de gros importateurs mondiaux de céréales, le Maroc, l’Algérie et l’Egypte. A ce propos Abdelkader Taïeb EZZRAÏMI, PDG du groupe SIM, a rappelé que l’Algérie « est devenue un pays structurellement importateur et donc fortement dépendant » avec à l’horizon 2025 « une demande de tous blés confondus devant atteindre 8,16 millions de tonnes dont 3,38 millions de tonnes de blé dur et 4,78 millions de tonnes de blé tendre pour une population de 46 millions d’habitants ».

Il recommande aussi que « les solutions aux problèmes que rencontre l’Algérie pour consolider son décollement économique ne doivent pas être recherchées dans l’autarcie algéro-algérienne ».



Trois idées fortes sont ressorties des échanges.

1. Nécessité de construire une politique alimentaire et agricole commune en Méditerranée à l’horizon 2020

Dans ce cadre, trois objectifs doivent être poursuivis pour arriver à construire une politique alimentaire et agricole commune en Méditerranée (PAAC-PSEM) à l’horizon 2020 :
-    améliorer la sécurité alimentaire des populations : en augmentant la production agricole et agroalimentaire et développant un partenariat commercial euro-méditerranéen ;
-    contribuer au développement des zones rurales : cela passe par l’organisation de filières agroalimentaires territorialisées structurées avec l’appui des entreprises ;
-    participer à l’émergence d’un espace géopolitique à taille critique mondiale pour notamment commercialiser des produits propres à la région en commun sur la base d’un label méditerranéen.

2. Besoin d’apporter, dans la cadre d’un partenariat, un appui aux PSEM et à leurs opérateurs agricoles pour mettre en place des filières territorialisées intégrées

Partant de ces objectifs, il s’agit d’apporter un concours aux pays de la région et surtout aux opérateurs agricoles pour mettre en place des systèmes alimentaires territorialisés comprenant :
-    une stratégie territoriale prenant en compte des critères sociaux, économiques, environnementaux, de responsabilité individuelle et collective et de solidarité ;
-    des produits variés, de haute qualité organoleptique, à ancrage culturel ;
-    des filières courtes intégrées à l’échelle régionale ;
-    une agriculture familiale multifonctionnelle (alimentation, services économiques et écologiques) ;
-    un réseau de TPE et PME agroalimentaires transformant des matières premières locales ;
-    des circuits de commercialisation plus directs ;
-    un dispositif institutionnel public de labellisation des produits (indications géographiques UE, marque territoriale encourageant une qualité « totale ») ;
-    une gouvernance participative permettant un partage équitable de la valeur créée et de renforcer le lien social.

Sébastien Abis, administrateur du CIHEAM, a insisté sur l’importance des politiques publiques pour soutenir l’émergence de filières, d’inclure la logistique pour rapprocher l’offre de la demande et de ne plus opposer le commerce au développement durable qui est une nécessité est non plus une option.

3. Importance de créer des synergies entre les opérateurs agricoles du Nord et du Sud

Des projets impliquant des PME de plusieurs pays méditerranéens sont mis en œuvre dans le cadre de l’IEVP.  Jeanne Lapujade chef de projet à ANIMA INVESTMENT NETWORK a présenté le projet Lactimed qui est une initiative de coopération transfrontalière multilatérale visant à promouvoir un processus de coopération durable et harmonieuse au niveau du bassin méditerranéen en traitant les défis communs et en valorisant ses potentialités endogènes de la filière laitière.
Le projet privilégie cinq axes d’intervention en direction des entreprises en intégrant la dimension locale:
- diagnostic et stratégies locales de valorisation des produits laitiers typiques
-intégration des filières locales et création de clusters laitiers
-accompagnement individuel des producteurs dans leur développement et promotion de l’innovation
-promotion des produits laitiers typiques méditerranéens sur les marchés locaux et internationaux
-activation du réseau méditerranéen des clusters laitiers et contribution aux politiques d’appui.

Par ailleurs, les partenariats stratégiques tel que ceux développés par le Groupe SOFIPROTEOL au Maroc démontrent le rôle central des entreprises dans la mise en place de filières intégrées. Tel qu’exposé par Stéphane Yrles, Directeur des affaires publiques et des relations institutionnelles, le Groupe SOFIPROTEOL poursuit une stratégie d’internationalisation au Maghreb en s’appuyant sur des filières agricoles et agro-industrielles locales.

SOFIPROTEOL a ainsi investi au Maroc en prenant, début de 2012, 41% de Lesieur-Cristal, numéro un marocain de l’huile alimentaire. Il a également signé un accord avec le ministère de l’Agriculture marocain pour soutenir, dans le cadre du Plan Maroc Vert, le développement des cultures de colza et de tournesol et accroître la production locale d’huile, en substitution à l’huile de soja importée.

L'ambition de SOFIPROTEOL, via sa filiale Lesieur Cristal, est claire : aider le Maroc à améliorer son approvisionnement local en huile de tournesol, de colza et même en huile d'olive, mais également en protéines végétales, grâce aux tourteaux, co-produits issus de la trituration des graines et consommés par les animaux d’élevage. « Cela suppose une structuration de la filière ». Le ministère de l’Agriculture marocain prévoyant pour sa part de porter ces cultures de 44 000 hectares actuellement à 130 000 hectares en 2020.

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