Compte rendu - Atelier 4 : Energie. Quand l’interdépendance devient un atout stratégique…

Jeudi 12 Décembre 2013
L’énergie s’avère un réel vecteur d’intégration économique et de coopération industrielle reposant sur la complémentarité entre les potentialités énergétiques au Sud et le savoir-faire acquis au Nord. 60% des exportations de pétrole et 84% de celles de gaz consommées en Europe viennent d’Afrique du Nord. Parallèlement, la demande d’électricité pourrait doubler d’ici 2020, voire tripler d’ici 2030, dans les PSEM. Restent à fixer une vision commune de ses enjeux, un cadre de gouvernance adapté au niveau régional et à donner des outils concrets tant de garantie des investissements que de « capacity buildings » aux entreprises afin de les inciter à davantage de coopération dans ce domaine. L’aspect  efficacité énergétique apparaît comme l’un des enjeux clés des prochaines années dans la région, tout comme le développement des ENR.

Sous ces conditions, la coproduction dans le domaine de l’énergie pourra être un vecteur de développement d’emploi et de transfert de savoir-faire important dans la région, qu’ils soient Nord-Sud ou Sud-Sud.

Cet atelier, animé par Philippe Rocher, Directeur du cabinet METROL, a compté avec la participation de :
-    Dr Mourad Preure, Président du Cabinet EMERGY, expert pétrolier international, Professeur de stratégie et de géopolitique ;
-    Hassan Abaach, Senior advisor en charge de la division électricité à l’Observatoire Méditerranéen de l’Energie ;
-    Dr Abderrahmane Mebtoul,  Professeur  des universités, expert international en management stratégique ;
-    Denis Simonneau, membre du Comité exécutif en charge des relations européennes et internationales du Groupe GDF SUEZ ;
-    François Greaume, Chef du service coordination géographique internationale, Direction de l’Action Internationale, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

Il a permis un échange autour des questions clés suivantes :

1. Quelles sont les conditions requises pour le développement de partenariats industriels euro-méditerranéens de l’énergie ?

Selon Denis Simonneau, « L’interdépendance est un fait établi mais pour qu’elle devienne un atout stratégique, elle doit être travaillée [...] autour de la transition énergétique. » En effet, le partenariat euro-méditerranéen doit être porté par la nécessité de transition énergétique au Nord comme au Sud de la Méditerranée et reposer sur la complémentarité. Il faut réussir à adopter une approche séquentielle en partant de la Méditerranée occidentale pour élargir ensuite la démarche à la Méditerranée orientale et mettre la firme au cœur de ce partenariat.

Les pré-requis à la mise en place d’une démarche de coproduction sont :
-    la convergence normative ;
-    la formation et le professionnalisme ;
-    l’ouverture des marchés ;
-    un environnement financier efficace pour garantir les risques d’investissement ;
-    l’élimination progressive des asymétries et des subventions ;
-    l’existence d’un Etat de droit.

Ce partenariat requiert également une approche basée sur le respect de la diversité culturelle, dans un objectif de développement social équitable des populations. Selon Mourad Preure, « force est de reconnaître que l’Europe prend des risques en laissant des logiques de court terme dominer sa gestion de ce secteur. »

2. Quels sont les freins et les leviers au développement de filières industrielles régionales de l’énergie dans la région méditerranéenne ?

Dans ce contexte, le développement d’un nouveau partenariat énergétique devrait avoir comme objectifs et leviers d’action:
-    la recherche de la sécurité énergétique ;
-    la satisfaction de la demande ;
-    un choix optimisé de mix énergétique ;
-    une diminution de la demande sur la base d’une action d’efficacité énergétique ;
-    un accès à l’énergie au juste prix ;
-    la préservation de l’environnement ;
-    le développement de formations adaptées au Sud, garantes de compétences réelles ;
-    le développement des interconnexions électriques.

L’un des freins unanimement identifié par les participants au développement de filières industrielles régionales est l’importance des subventions à l’énergie, qui représentent par ailleurs une charge très lourde pour les budgets des Etats et empêchent ou diminuent les capacités d’investissement dans d’autres secteurs, entraînant un cycle insoutenable à moyen terme.

3. Le cadre posé par l’article 9 de la Directive européenne de l’énergie est-il suffisant ? Comment le rendre opérationnel sur le plan industriel? Quelles sont les conditions requises pour sa mise en œuvre ?

L’article 9 donne la possibilité aux pays membres de l’UE de faire de l’import d’électricité issue d’énergies renouvelables avec ses pays voisins. Il prévoit la possibilité d’importer des électrons verts en provenance d’Afrique du nord or actuellement l’Europe est dans une situation de baisse de la demande, de développement des capacités de production d’ENR en Europe et de baisse de la capacité de financement. Même s’il n’est pour l’instant pas mis en œuvre, ce cadre reste intéressant mais doit être réadapté au contexte actuel de développement de la demande au Sud.

4. Quelles sont les potentialités de ce partenariat énergétique euro-méditerranéen en termes d’emploi et de création de valeur, notamment dans le secteur de l’efficacité énergétique ?

Comme l’a rappelé François Greaume, « l’efficacité énergétique devrait être une priorité ». En effet, elle apparaît comme un vecteur particulièrement efficace de développement de l’emploi dans les PSEM. Au Maroc, 37 000 emplois seront prévus dans le cadre de la stratégie d’efficacité énergétique.


Compte rendu par Caroline ORBEJIN-YOUSFAOUI, chef de projet à IPEMED.


Voir toutes les vidéos du forum :

>> Rendez-vous sur notre page Vidéos...

Photos
Vidéos
Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail