Synthèse des séances plénières et préconisations

Samedi 14 Décembre 2013
Lors des différentes séances plénières, de nombreuses personnalités se sont exprimées sur le concept de co-production (cf. programme).
Tous les intervenants se sont accordés sur la pertinence du concept.
Il ressort de ces échanges que la co-production fait référence à deux ou plusieurs entreprises qui se sont engagées dans un partenariat et bénéficient, toutes les deux, des avantages de ce partenariat. Ainsi, lorsque le chiffre d’affaires et l’emploi augmentent dans une des entreprises, ils augmentent également dans l’autre, contrairement au processus de délocalisation.
La co-production correspond donc à une nouvelle génération d’Investissements Directs Etrangers (IDE) qui se distingue de la sous-traitance ordinaire, de la conquête de parts de marché et de l’exploitation, sans valeur ajoutée sur place, des richesses minières d’un pays.
Positivement, la co-production exige le partenariat Nord – Sud, le transfert de technologie et le partage de la valeur ajoutée entre les différents partenaires.
La co-production fait alors référence à une famille de concepts marqués par la réciprocité : co-localisation, co-développement, co-traitance, co-opération.
La co-production satisfait deux exigences : l'une politique (vis-à-vis du Sud) et l'autre économique (vis-à-vis du Nord).

    •    Une exigence politique vis-à-vis des pays du Sud, qui ne veulent plus être considérés comme des pays sous-développés récepteurs d’IDE classiques trop souvent attirés par la main d'œuvre abondante et bon marché, par les ressources en matières premières et les parts de marchés à accroître localement.
    •    Une exigence économique vis-à-vis des pays du Nord, qui sont condamnés à produire de la qualité car ils sont concurrencés par les pays émergents. Or pour produire de la qualité, comme les entreprises ne peuvent pas trouver toutes les compétences en un seul lieu, les chaînes de valeur se "dilatent" dans l'espace, elles dépassent les frontières nationales à la recherche de talents à intégrer (réseau de compétences).

Les intervenants considèrent qu’un modèle théorique parfait et universel de co-production n’existe pas. Il n’y a que des expériences qui s’en rapprochent.
Ces exemples de co-production sont réalisés par des entrepreneurs du Nord et du Sud qui deux à deux ou trois à trois essayent de constituer une chaîne de valeur fragmentée, tirant profit des avantages des différentes rives de la Méditerranée.
Dans ce travail empirique et de pionnier, les chefs d’entreprise rencontrent plusieurs obstacles :

Mobilité des hommes et obtention de visas

La question est considérée par tous comme un frein à la généralisation de ce modèle de co-production. En effet, les responsables et cadres de deux entreprises en situation de co-production sont amenés à se rencontrer fréquemment, tenir des réunions communes, surveiller le process de production et vérifier la qualité tant des process que des produits.
La mobilité s’érige donc comme un impératif à la co-production et l’obtention de visas en constitue actuellement un obstacle.


Préconisations
IPEMED se propose donc de lancer deux opérations afin de résoudre ce problème.
•    IPEMED va intervenir auprès des décideurs politiques des deux rives de la Méditerranée concernés par cette thématique afin d’exposer les difficultés inhérentes à l’obtention de visas et d’en démontrer le frein au processus de co-production.
•    En parallèle, IPEMED va se rapprocher du Ministère de l’Intérieur français afin d’obtenir, pour une dizaine d’entreprises connues, un visa de longue durée leur permettant ainsi des allers-retours plus fréquents et faciles entre leurs différents intérêts économiques sur les différentes rives.
Si vous êtes intéressés par cette démarche, faîtes le nous savoir et nous tenterons de défendre votre dossier auprès du Ministère français de l’Intérieur.

Transfert de capitaux

A l’instar de la question de la mobilité des personnes, la mobilité des capitaux apparaît comme un frein au développement du mouvement de co-production Nord-Sud mais surtout Sud-Nord.
Les situations dans les trois pays du Maghreb central est éloquente.
Le Maroc autoriserait la sortie de 50 millions de dirhams maximum pour l’acquisition d’actifs.
Au contraire, l’Algérie et la Tunisie refusent ce type de transfert.

Préconisations
IPEMED s’efforcera alors à mener une action auprès du Trésor français afin que celui-ci tente de trouver des procédures réciproques avec ses homologues pour permettre ces transferts de capitaux.

Notoriété et éligibilité

Plusieurs intervenants ont mentionné le fait que, lors de l’acquisition d’entreprises en France, plus particulièrement celles en difficulté, auprès des Tribunaux de commerce, se pose un problème de notoriété.
Les investisseurs provenant des Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) sont l’objet de suspicion sur l’origine de leurs capitaux pour acquérir des entreprises de la rive Nord.

Préconisations
IPEMED se propose de lancer avec KPMG une opération de labellisation. Les KPMG des régions françaises donneraient un label aux entreprises françaises saines en recherche de financement et les KPMG des PSEM donneraient une labellisation aux entreprises saines en capacité de financer ou reprendre des entreprises du Nord.
Cette labellisation croisée permettrait un développement fort de la co-production et de l’intégration économique en Méditerranée.

Accompagnement

De nombreux industriels ont mentionné les lacunes d’accompagnement des entreprises pour leur implantation au Sud ou à l’Est de la Méditerranée.
Il est, en effet, difficile pour les PME/PMI de réaliser, sans un accompagnement effectif, des opérations économiques sur les différentes rives de la Méditerranée où les normes et législations peuvent fortement diverger.

Préconisations
EMCC permettra l’accès aux contacts des membres du mouvement susceptibles de faciliter cet accompagnement (bureaux d’études, avocats…), notamment via son site internet.

Outils financiers

Les intervenants ont souligné les difficultés d’accès au financement des acteurs de la co-production, en particulier les PME/PMI, engagés dans le bassin Méditerranéen et de la défaillance des outils financiers adaptés (législation des Partenariats Publics-Privés (PPP), assurance-crédit exportation…).

Préconisations
IPEMED conduira une réflexion sur l’instauration d’un guichet unique, par exemple au sein de la BPI, afin de faciliter l’accès à ces financements et sur l’instauration d’une agence méditerranéenne d’assurance-crédit, type COFACE.

Freins logistiques

La co-production impose des échanges fréquents de biens d’équipement et de fragments de production, et ce en flux tendus.
Les transports maritimes et les installations portuaires en Méditerranée sont relativement satisfaisants. Cependant, la logistique de « porte à porte » est totalement défaillante : les transporteurs routiers restent atomisés (et dominés par l’informel), le ferroviaire est obsolète et la région manque d’opérateurs intermodaux.  De plus, les infrastructures d’entreposage et les plateformes logistiques sont encore peu développées. Nombreux ont été les participants mentionnant la corruption et la désorganisation des circuits.

Préconisations
IPEMED se propose  donc de travailler sur ces questions et d’utiliser toute son influence pour porter cette question en haut de l’agenda méditerranéen. La création de plateformes intermodales en lien avec les administrations compétentes sera tout particulièrement recherchée.

Un observatoire des co-productions

Afin de centraliser les études sur la co-production, analyser les obstacles et proposer des solutions pertinentes, plusieurs intervenants ont souligné l’intérêt de voir IPEMED mettre en place un « Observatoire des co-productions ».

Cet Observatoire remplirait deux fonctions principales :
•    Identifier les acteurs de la co-production
Cet Observatoire aura pour objectif de repérer quelles sont les entreprises engagées dans un processus de co-production dans le bassin méditerranéen, vérifier, à travers des monographies d’entreprise, la création d’emplois, le partage de la valeur ajoutée et le transfert de technologies. L’Observatoire pourra alors analyser les secteurs porteurs pour la co-production et dégager les tendances fortes de la co-production (taille des entreprises, secteurs, organisation…).


•    Identifier les obstacles
L’analyse des acteurs et des opérations de co-production permettra à l’Observatoire d’identifier les principaux obstacles à la mise en place d’un vaste mouvement de co-production transméditerranéen.

Cet Observatoire pourrait agir en tant que tête de réseau, fédérant un ensemble de centres d’analyse des co-productions, implantés dans l’ensemble des PSEM, notamment à partir du réseau Anima.
En s’appuyant sur des données scientifiques  et objectives, cet Observatoire permettrait d’asseoir le concept et de faire des recommandations pertinentes pour le développement du mouvement de co-production.

Conclusion

IPEMED s’engage à adresser un courrier à l’ensemble des Ministres de l’Economie et des Finances et des Ministres de l’Industrie des PSEM afin de :
1.    Porter à leur connaissance la mise en place du mouvement EMCC et leur présenter ses objectifs ;
2.    Signaler la création de « club EMCC » dans leur pays ;
3.    Porter à leur connaissance les difficultés de mise en place de la co-production, identifiées lors du Forum EMCC du 5 décembre 2013, et les mobiliser pour contribuer à leur résolution ;
4.    Annoncer la tenue, en décembre 2014, dans un pays du Sud ou de l’Est de la Méditerranée, de l’Assemblée Générale du mouvement au cours de laquelle seront :
       -  Rassemblés les principaux dirigeants d’entreprises engagés ou intéressées à co-produire ;
       -  Apportés des solutions aux obstacles rencontrés ;
       -  Mis en place la gouvernance du mouvement.

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