Le ministre sénégalais Papa Amadou Sarr expose à Ipemed l’action de sa Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER)

Vendredi 24 Janvier 2020

Le Sénégal veut aller vite pour gagner la bataille contre le chômage et asseoir les fondements d’une économie inclusive faisant place aux jeunes et aux femmes sénégalaises. Le dispositif de la DER doit y contribuer fortement, ainsi que l’a expliqué le ministre Papa Amadou Sarr, Invité d’honneur le 17 janvier à un petit-déjeuner de presse coproduit par l’Ipemed avec le CAPP (Club Afrique de la Presse parisienne) et African Business. 

 

De retour du CES de Las Vegas où il avait accompagné trois start-up de son pays, le responsable sénégalais a fait escale à Paris pour exposer son programme d’action lors d’un petit-déjeuner débat, le 17 janvier à la brasserie parisienne La Coupole, en compagnie de Jean-Louis Guigou, Président de l’Ipemed, et en présence d’une douzaine de journalistes.

Papa Amadou Sarr est en fonction depuis précisément deux ans et quatre mois, après avoir passé deux autres années au ministère de l’économie et des finances, en tant que directeur et conseiller technique, chargé des levées de fonds auprès de bailleur internationaux comme la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Banque Mondiale.

L’ancien étudiant de Harvard et de SciencesPo Paris, a reçu du président Macky Sall une enveloppe de 50 millions d’Euros (renouvelable annuellement) pour mettre en place un modèle innovant de promotion de l’entreprenariat et de création d’entreprises (PME et start-up), la Délégation à l’Entreprenariat Rapide des jeunes et des femmes (DER), un département rattaché directement au cabinet présidentiel.

 

Jean-Louis Guigou, Président IPEMED, ET le ministre sénégalais Papa Amadou Sarr lors du petit-déjeuner débat du 17 janvier 2020, à la brasserie La Coupole, à Paris
© Frédéric Reglain

 

Le soutien des bailleurs internationaux

« Tout le monde croyait que c’était une machine à distribuer de l’argent pour réélire le président Macky Sall », se rappelle le jeune ministre, qui, dès son installation en 2017,  a commencé à chercher des sources de financement supplémentaires pour soutenir le projet et créer le plus d’emplois possible.

« Notre modèle a fait ses preuves au bout d’un an et demi. Ce qui nous a valu la confiance de bailleurs de fonds internationaux comme la BAD qui nous a octroyé un prêt de 150 millions d’euros sur cinq ans. L’AFD (Agence Française de Développement, ndlr) a abondé avec un prêt de 20 millions d’euros et l’USAID, a contribué pour 10 millions de dollars », a fait savoir le patron de la DER.

 Formaliser l’informel… en une journée !

Dans son exposé du projet, il a précisé que celui-ci a été construit à partir d’un constat assez terrible : 90 % de l’activité économique du Sénégal se produit dans le secteur informel, où 470 000 entreprises ont été recensées.

« L’entrée de ces entreprises dans le secteur formel permet bien entendu d’élargir l’assiette fiscale. Mais elle contribue surtout à régler le problème du chômage qui touche 60 % des jeunes et 70 % des femmes », a expliqué Papa Amadou Sarr.

Pour favoriser l’entreprenariat rapide, la DER a adopté la formule du guichet unique (« One Stop Shop ») qui permet aux entreprises de l’informel d’obtenir des financements (de 300 à 150 000 Euros), en acceptant d’être régularisées selon un processus très accéléré… n’excédant pas une journée !

 

Trois niveaux de financement

« Nous avons ouvert 120 000 comptes bancaires en moins de deux ans », s’est réjoui Papa Amadou Sarr, précisant que les taux d’intérêt ont été fixés à des montants très bas, 5 %.

Sur le plan pratique, deux supports ont été mis à la disposition des entreprises pour s’enregistrer : une plate-forme numérique et des bureaux itinérants déployés dans les zones rurales.

Cette méthode a permis jusqu’ici à 70 000 entreprises de s’intégrer au secteur formel et d’obtenir, en plus, la possibilité de se former pour acquérir des compétences techniques et managériales.


En matière de financement, trois guichets en tout ont été ouverts : le premier, dit d’autonomisation, comporte des prêts entre 100 et 1 000 euros et vise à promouvoir les projets de microcrédit. Le second s’adresse aux PME qui peuvent obtenir jusqu’à 15 000 euros pour s’agrandir, acheter du matériel ou recruter du personnel. Le dernier guichet cible quant à lui les grandes entreprises avec des financements de 300 000 euros.

 

Une vue générale des participants. © Frédéric Reglain

 

Un modèle inspirant pour les pays voisins

 « Nous nous sommes alignés sur le Plan Sénégal émergent qui vise la promotion de secteurs économiques porteurs comme l’agriculture, la pêche, les services, les transports logistiques et le numérique », a fait savoir le ministre, en insistant sur une opération de maillage territorial qui a permis à 549 communes sur 552 de bénéficier d’au moins 15 000 euros de financements.

 Très prometteur, le modèle sénégalais d’entrepreneuriat en direction des jeunes et des femmes a suscité l’intérêt de pays voisins comme la Côte d’Ivoire et la Guinée, qui ont entrepris des contacts avec la DER pour étudier la possibilité de l’adopter. « C’est un modèle facilement exportable, car nos États ont les mêmes populations et sont confrontés à des défis économiques similaires », a souligné Papa Amadou Sarr.

 Estimant lui aussi l’expérience de la DER très inspirante, Jean-Louis Guigou a considéré que l’Europe pourrait contribuer à l’essor du programme de l’entreprenariat rapide, financièrement, via des projets de coproduction, avec des transferts de technologie et de savoir-faire.

 

Samia Lokhmane-Khelil (Ecomnews pour Ipemed)

 

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