Renforcer la coopération énergétique en Méditerranée

Vendredi 09 Avril 2010
Dans le cadre des « petits déjeuners de la Méditerranée », programmés tous les mois à Paris, IPEMED a organisé une rencontre le 9 avril 2010, consacrée au défi énergétique en Méditerranée, autour de Francis Ghilès, chercheur au CIDOB et Abdenour Keramane, ancien ministre de l’Industrie en Algérie et fondateur de la revue Medénergie.

La situation de l’énergie en Méditerranée est duale : les ressources énergétiques sont concentrées au Sud, alors que les pays du Nord, consommateurs, disposent des compétences humaines, de l’expérience et des moyens financiers.

Cette distribution des richesses peut créer une complémentarité vertueuse, profitable à l’ensemble de la région, si elle s’accompagne d’une politique ambitieuse euro-méditerranéenne basée sur la coopération, la confiance politique et le respect mutuel. Pour cela, ont noté les deux intervenants, il faut rompre avec la politique actuelle d’interdépendance qui n’est pas satisfaisante. En effet, bien que des coopérations existent, notamment dans le domaine électrique, l’essentiel de cette coopération est de nature commerciale - essentiellement importation / exportation de pétrole et de gaz et axée sur des ressources fossiles épuisables (au rythme actuel, à l’horizon 2030, l’Egypte, l’Algérie deviendront elles-aussi importatrices d’énergie).

Pour Abdenour Keramane, des stratégies alternatives peuvent et doivent être développées autour de 3 axes :

- Une maîtrise de la consommation d’énergie, au Sud notamment,

- La promotion des énergies renouvelables - le solaire, l’éolien, l’énergie hydraulique

- Le développement de l’énergie nucléaire, dans le cadre de programmes maîtrisés.

A l’horizon 2030, le bouquet énergétique pourrait être, selon lui, de 2/3 détenus par les énergies fossiles, 20% à 25% d’énergies renouvelables et 15% d’énergie nucléaire.

A l’image de la Turquie, qui a joué la carte régionale sur le plan énergétique, Francis Ghilès insiste quant à lui sur le fait qu’une stratégie énergétique commune peut être déployée à l’échelle euro-méditerranéenne. Elle serait basée en premier lieu sur un coopération active entre les pays du Sud, l’Algérie et le Maroc notamment. De plus, elle reposerait en second lieu sur les acteurs économiques, notamment par le développement de projets concrets, privés et publics. L’initiative Desertec étant un exemple récent de ce genre de coopération de même que la construction d’un gazoduc entre le Nigéria et l’Europe qui permettrait de structurer les relations entre l’Europe et l’Afrique sur de nouvelles bases. Enfin, cette stratégie serait basée sur la confiance politique et le respect mutuel entre l’ensemble des pays du pourtour méditerranéen.

« Tous les ingrédients sont réunis : le pétrole, le gaz, les phosphates, la technologie… pour donner à la région un poids économique déterminant », conclut Francis Ghilès.

Date : vendredi 9 avril 2010
Heures : 08:30 à 10:00
Lieu : Paris
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