Climate Chance : Synthèse de l’atelier sur les co-bénéfices de l’action climatique pour les territoires

Samedi 15 Octobre 2016
Kelly ROBIN

Organisé le 28 septembre 2016, dans le cadre du Forum Climate Chance, l’atelier 8 dédié aux « co-bénéfices de l’action climatique pour les territoires » a bénéficié du retour d’expérience de Rizlane BIBAOUI, Directrice générale adjointe attractivité et cohésion du territoire de la Communauté Urbaine de Dunkerque, de Bernard GARNIER, Président d’ATMO France (Fédération des Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air) et de Hélène VALADE, Directrice du Développement Durable de SUEZ et Présidente de la Plateforme RSE.

Introduit par Kelly ROBIN, Chargée d’études économiques au sein de l’IPEMED, l’événement s’est appuyé sur les conclusions d’un article récent de Christophe Cassen et al. (2015) qui soulignait que l’étude des co-bénéfices de l’action climatique à l’échelle territoriale permet de dépasser le « nœud gordien climat / développement », puisque si les bénéfices directs apportés par la réduction des gaz à effet de serre sont avant tout globaux, les co-bénéfices, comme la réduction de la pollution de l’air, sont directement observables à l’échelle locale ou régionale.

Ce dernier constat a été partagé par Bernard GARNIER, Président d’ATMO France, qui a ainsi plaidé pour placer au cœur des débats la qualité de l’air, grande oubliée des négociations climatiques*, et appeler, pour cela, à l’adoption d’une approche transversale air-climat-énergie-santé. L’exemple des Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l'Air (AASQA) a également permis de souligner les bénéfices d’un mode de gouvernance innovant (ici, une gouvernance collégiale État, collectivités, industriels et associations de protection de la santé et de l’environnement) pour faciliter la conduite de diagnostics partagés et d’actions concernées.

L’action climatique serait-elle donc facteur d’innovation à tous les niveaux au sein des territoires ? L’exemple de la Communauté de Dunkerque semble l’attester, puisque pour dépasser l’antagonisme traditionnel entre développement économique et soutenabilité environnemental, elle a mis en œuvre une méthode de travail originale permettant de faire du levier climatique un facteur de compétitivité industrielle et de cohésion sociale. C’est le sens de l’écologie industrielle et du partenariat de longue durée conclu avec les entreprises implantées dans le territoire, rassemblées au sein d’ECOPAL : création d’un des plus grands réseaux de chaleur urbain, réchauffement du GNL avec les eaux de la centrale nucléaire, etc.

L’appréhension des co-bénéfices de l’action climatique nécessite donc une approche transversale, et une compréhension des impacts sociaux et sociétaux liés à la promotion de modèles de production et de consommation vertueux. Pour Hélène VALADE, cette vision intégrée est d’autant plus essentielle qu’elle doit nous permettre de co-construire, en amont, avec l’ensemble des acteurs concernés (entreprises, collectivités, société civile, etc.) des solutions adaptées face à des crises multiples, à la fois climatique, environnemental, politique, etc.

Pour l’IPEMED, ces retours d’expérience plaident également pour de nouvelles relations Nord – Sud et Sud - Sud, notamment en Méditerranée, fondées sur les principes de solidarité, de complémentarité et de « co-production », et portées par un triptyque d’acteurs-moteurs (société civile, collectivités territoriales, entreprises, etc.).

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Extrait de la Déclaration de Nantes qui fait directement écho aux conclusions de cet Atelier :

« Nous considérons que la valorisation des co-bénéfices des actions d’atténuation et d’adaptation doit être davantage prise en compte et mise en scène, qu’elle peut renforcer le soutien aux actions engagées. La mobilisation pour la qualité de l’air en est un excellent exemple. L’efficacité énergétique ou le développement de la mobilité douce joue un rôle positif à la fois pour le climat et la santé, en limitant les polluants respirés. Ainsi les approches intégrées, type Air-Climat-Energie, et systémiques, type économie circulaire, sont à privilégier, et doivent nourrir les processus d’élaboration des politiques publiques pour la planification et la mise en œuvre des stratégies nationales de développement résilient et bas-carbone sur le long terme. Nous rappelons aussi qu’à travers la nécessaire transition énergétique et décarbonation de l’économie qu’exige le dérèglement climatique, les bénéfices seront considérables en termes d’emploi et de développement. Nous appelons ainsi au renforcement de critères et d’outils permettant de mieux analyser les « externalités » négatives et positives des projets, et de les refléter de manière exacte dans la tarification, permettant de privilégier les plus intenses en co-bénéfices socio-économiques. Les secteurs et régions les plus émetteurs de carbone doivent pouvoir bénéficier de mesures d’accompagnement adaptées. »

* voir à ce propos l’article du Monde, du 10-06-2015 : http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/12/la-qualite-de-l-air-oubliee-des-negociations-climatiques_4652878_3232.html

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