World Investment Conference North Africa - Comment renforcer l'intégration nord-africaine

Vendredi 05 Avril 2013
La première édition du World Investment Conference North Africa s’est tenue à Marrakech, du 20 au 22 mars 2013 organisée en collaboration avec l’Agence marocaine de Développement des Investissements (AMDI). L’objectif de cet événement était de réunir des chefs d’entreprises, des investisseurs et des responsables d’institutions économiques, afin qu’ils mènent, à partir d’expériences vécues, une réflexion sur l’attractivité de l’Afrique du Nord dans la période de changement qu’elle traverse. Pendant trois jours, environ 350 participants, originaires de 19 pays, ont ainsi pu mettre en avant les points forts de la région et en identifier les points faibles, dans la plupart des secteurs économiques. Ils ont également partagé leur point du vue sur l’avenir de la zone, dont chacun a reconnu qu’elle présente un immense potentiel de développement. Cette perception, unanime, est fondée sur la richesse des ressources humaines que peuvent faire valoir les pays nord-africains, sur les efforts réglementaires qu’ils ont réalisés pour s’adapter aux conditions globales de l’attractivité, sur leur croissance économique, et surtout, sur l’élan démocratique qui anime ces pays.  

Déclinée en plusieurs tables rondes, la conférence a donné l’occasion aux intervenants d’aborder de nombreux sujets, dans le domaine de la finance, des infrastructures, de la logistique, ou encore des nouvelles technologies. De manière générale, les participants se sont interrogés sur les conditions politiques, sécuritaires et économiques que le « printemps arabe » laisse après lui, et qui suscitent aussi bien la méfiance des agences de notation que celle des entrepreneurs européens. A cet égard, la plupart des chefs d’entreprise présents ont tenu à rappeler que le risque était un facteur constitutif du développement entrepreneurial, et que leur expérience de la région les incitait à ne pas prendre en considération les prévisions les plus alarmistes. Ils ont déploré la pusillanimité de ceux qui se figent dans une attitude de défiance vis-à-vis de ces pays, plutôt que d’organiser rapidement le renouvellement de leur partenariat productif avec eux. 

Ce déphasage paraît d’autant plus regrettable que le reste du monde perçoit les changements qui s’opèrent en Afrique du Nord comme une grande opportunité. Depuis deux ans, les Etats-Unis, la Chine et les BRICS ont, au contraire des Européens, renforcé leur présence et intensifié leurs investissements dans la zone. La fin annoncée de l’« exception arabe » attise la convoitise pour les pays de la région. L’hésitation des entrepreneurs européens à les accompagner dans leur transition, si elle perdure, risque de conduire ces pays à privilégier de nouveaux partenaires plus enthousiastes, plus réactifs et plus enclins à prendre part à leur aventure démocratique. Un tel scénario serait dommageable pour les Européens, qui, au lieu de faire fructifier leurs liens anciens avec la région, pourraient se voir évincer par des concurrents plus audacieux. 

Pour les intervenants, l’attractivité de l’Afrique du Nord est également prospective, car la région, pour des raisons culturelles, géographiques et stratégiques, est en passe de devenir la principale porte d’entrée de l’investissement en Afrique sub-saharienne, dont on attend un formidable essor au cours du XXIe siècle. Il demeure toutefois crucial que l’intégration nord-africaine soit renforcée. L’extension du marché, couplée à une transition institutionnelle progressive, constituerait un facteur d’attractivité considérable pour la zone. Elle contribuerait à attirer des investissements productifs plus complexes, ciblés à la fois sur le marché régional et sur la fonction de plateforme eurafricaine qu’elle pourrait exercer.  

Compte rendu par Maxime Weigert, chargé de recherche IPEMED


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Ipemed, qui était l’un des partenaires de la conférence, a pris part aux débats. Alors que Maxime Weigert a présenté les enjeux du tourisme Sud-Sud sur le panel « infrastructures », Radhi Meddeb et Jean-Louis Guigou ont souligné, dans les sessions conclusives, la nécessité de recentrer le partenariat euro-méditerranéen sur les projets économiques, sur le co-développement et sur un meilleur partage régional de la valeur ajoutée. Une telle redéfinition du contrat régional implique des instruments de financement et le passage aux logiques de co-localisations, mais elle exige au préalable que les entrepreneurs du Nord et du Sud réajustent, à la lueur des changements en cours, la perception des rapports qui les unissent.



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