L’action passe par une vision régionale partagée

Le mix énergétique à trouver est propre à chaque pays, selon une combinaison qui doit considérer l’ensemble des technologies disponibles (photovoltaïque, CSP, éolien…), et les différentes facettes de la sobriété énergétique (éco-construction…).

Pour autant, le point de vue consensuel des participants au Séminaire est que seule une ambitieuse politique régionale de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre (GES) et des consommations d’énergie (usage le plus efficace possible des ressources, optimisation du transport et de l’habitat), couplée à un accès facilité aux technologies énergétiques à faible teneur en carbone et aux capitaux permettant de financer leur développement, permettra de construire une nouvelle économie sobre en carbone. Il faut une vision régionale partagée pour espérer maintenir une croissance de la consommation d’énergie et des émissions de GES à un rythme moindre que la croissance économique.

L’Europe s’est positionnée tôt comme le leader de la lutte contre le changement climatique, mais une véritable compétition mondiale se joue pour prendre la tête de « l’économie verte ». Les pays européens ont besoin de la rive sud de la Méditerranée pour trois raisons : (i) la croissance économique y est bien supérieure à celle de l’Europe, les technologies et les produits financiers de la croissance verte peuvent y être largement diffusés ; (ii) en terme de pratiques économes en ressources, les Psem ont des choses à apprendre – ou réapprendre – aux pays européens ; (iii) l’Europe a besoin des Psem qui produisent (hydrocarbures) ou produiront (solaire) de l’énergie et avec lesquels une vision stratégique d’ensemble peut donc être partagée, pour peu qu’elle sache être coordonnée avec les plans énergétiques nationaux (voir la coordination entre le Plan solaire méditerranéen et les plans solaires nationaux, sur laquelle les participants ont insisté).

Côté sud, l’aspiration au développement doit être conciliée avec la sécurité énergétique, la préservation des ressources et le souci de l’environnement. C’est toute la difficulté de l’équation. La question du modèle de développement et des infléchissements de trajectoires à opérer ne se pose donc pas seulement pour les pays nord méditerranéens, elle se pose également au Sud, quoique différemment car les préoccupations y restent davantage tournées vers les impératifs du développement. Pour autant, les Psem peuvent faire partie des précurseurs de l’économie verte qui créeront beaucoup d’emplois et exporteront leurs savoir-faire et leurs équipements sur les marchés mondiaux. Plusieurs d’entre eux s’engagent dans cette voie et ont modernisé leur cadre législatif en ce sens ; l’émulation entre eux doit jouer pour généraliser cette approche. Mais pour y parvenir, ils ont besoin d’un partenariat énergétique avec l’Europe.

L’enjeu euroméditerranéen dépasse donc de loin la seule sécurisation des approvisionnements. Il porte aussi sur les échanges de bonnes pratiques, la mutualisation des instruments financiers pour les énergies renouvelables mais aussi l’efficacité énergétique trop souvent oubliée car moins visible que l’inauguration d’une centrale solaire. Ils portent sur les transferts de technologie et la recherche collaborative Nord-Sud ; sur un partenariat industriel (joint-ventures, appui sur les compétences locales pour produire les équipements du Plan solaire méditerranéen), conditions d’une région plus stable, plus solidaire et plus compétitive.

Ce parti régional nous engage sur le long terme, car les choix sur les investissements lourds qu’il va falloir réaliser ont une durée souvent proche du siècle (bâtiments, sites industriels, infrastructures de transport…) et auront un poids structurant dans le futur des pays de la région.

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