Participation et déroulement du séminaire

Le séminaire a rempli ses objectifs de représentativité : des décideurs de haut niveau, venus de tous les pays de la région (une quinzaine de Français, 6 personnes d’autres pays européens, 3 Turcs, une quinzaine de Maghrébins venus des trois pays, 9 du Proche Orient : Egypte, Liban, Jordanie), et associant les milieux de l’expertise académique, de l’entreprise, et de l’administration publique. Le séminaire a rassemblé 11 enseignants ou chercheurs, 3 consultants, 12 membres d’administrations centrales ou de structures proches des ministères, 16 représentants du monde professionnel (associations ou syndicats d’agriculteurs, industriels, responsables de Parc d’activités…), ainsi qu’un administrateur du CIHEAM, le responsable de l’agriculture à l’AFD, etc. Conformément aux objectifs de ce séminaire non institutionnel, la parole a été à la fois libre, amicale, et sans concessions sur le fond.Il s’est déroulé en six moments : 
(i) l’exposé des enjeux et notamment des enjeux nutritionnels, le jeudi 17 décembre après-midi ; 
(ii) le dîner-débat du soir autour d’Henri Nallet qui a défendu l’idée d’une politique agricole euroméditerranéenne commune ; 
(iii) la présentation, le vendredi 18 matin, de la prospective agricole méditerranéenne, des scénarios envisageables et de l’enjeu de l’eau ; 
(iv) une discussion sur les politiques nationales (algérienne, marocaine, turque) l’après-midi ; 
(v) le dîner-débat du soir avec Xavier Beulin et Si Ahmed Tibaoui, qui ont dit que les entrepreneurs pouvaient tout à fait partager cette idée de stratégie régionale euroméditerranéenne ; 
(vi) enfin une analyse des accords internationaux existants et à créer en Méditerranée pour faire face aux crises alimentaires, le samedi 19 matin.

Les idées à retenir

1°) L’insécurité alimentaire risque de plus en plus peser sur le capital humain des pays de la région dans les prochaines décennies en raison de pressions croissantes sur les ressources naturelles (terre et eau) et de la volatilité des marchés. Les PSEM qui sont déjà les principaux importateurs de céréales par tête du monde (et même les premiers, devant la Chine, si on les considère comme un ensemble) verront leur déficit s’aggraver à l’horizon 2050 si rien n’est fait.

2°) La diète méditerranéenne, prônée pour des raisons à la fois nutritionnelles, sanitaires et culturelles (« alimentation durable ») et qui pourrait faire l’objet d’une promotion commerciale internationale, est en train de disparaître de la région. Tous les acteurs des filières agroalimentaires, privés comme institutionnels, doivent être mobilisés pour valoriser et diffuser les produits de terroir méditerranéens.

3°) Que ce soit pour structurer les filières au Sud, pour promouvoir les produits méditerranéens sur les marchés locaux et mondiaux, ou encore pour contribuer au développement rural, les pays de la région doivent s’engager dans un véritable partenariat stratégique, qui aille au-delà des accords commerciaux qui ont jusqu’à présent présidé aux relations Nord-Sud en Méditerranée.

4°) L’engagement dans un tel partenariat implique de traiter à la fois les enjeux agricoles, alimentaires, et ruraux. Il suppose une libéralisation et une régulation des échanges, ce qui suppose des concessions négociées et des partenariats renforcés entre l’Union européenne et les PSEM. Les pays de la région doivent mener, ensemble et en même temps, l’intégration commerciale et la modernisation agricole, agroalimentaire et rurale.

Les suites à donner

L’« Appel de Maffliers », lancé à l’occasion de ce séminaire et qui sera prochainement diffusé, demande qu’un « pacte agricole, agroalimentaire et rural » concrétise un engagement politique des pays de la région dans trois directions : améliorer la sécurité alimentaire qualitative et quantitative des populations méditerranéennes ; développer les territoires en mobilisant l’agriculture familiale, les réseaux de PME et TPE, les associations de producteurs et en valorisant la proximité et la solidarité ancrées dans la diversité des terroirs méditerranéens ; organiser des filières agroalimentaires compétitives capables de nourrir convenablement une population urbaine croissante et de conquérir des marchés internationaux portés par les qualités reconnues du modèle de consommation alimentaire méditerranéen. Par ailleurs, plusieurs participants au séminaire de Maffliers ont indiqué leur souhait de voir une telle manifestation organisée dans leur pays, afin d’en diffuser l’esprit et les propositions.

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