Pour un pacte agricole, agroalimentaire et rural euroméditerranéen, et pour une politique commune aux pays de la région

Les conclusions du Séminaires tiennent à deux points principaux : l’importance des deux ou trois ans qui nous séparent de la définition de la nouvelle PAC européenne ; et le souhait des participants de lancer un appel (l’« Appel de Maffliers ») pour une politique euroméditerranéenne de co-développement agricole, agroalimentaire et rural.Jean-Louis Guigou remercie tous les participants et les organisateurs.
Il rappelle l’objectif de ces Séminaires du Monde Méditerranéen : brasser les décideurs, dans la durée. Mais il y a aussi le temps politique : une fenêtre de tir se présente avec la préparation du budget de l’UE et de la PAC – une fois que le budget aura été voté, il ne sera plus modifiable, et jusqu’en 2020.

D’ici 2013, nous avons donc deux ans pour faire entrer la Méditerranée dans le budget européen. Faisons avancer les idées en 2010 et 2011 pour les faire entrer dans la négociation, et obtenir une vraie politique commune agricole méditerranéenne.Partageons-nous les diagnostics faits durant ce séminaire ?

L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare. Il faut à la fois une vision, et une appropriation par les acteurs – aussi importante que la vision. Mais partageons-nous cette vision prospective ? La vision, il lui semble qu’elle s’est imposée, durant le séminaire. C’est celle d’Henri Nallet, de Xavier Beulin, de Si Ahmed Tibaoui, de Mabrouk El Bahri, de Karim Daoud, d’Hassan Benabderrazik, de Pedro Narro Sanchez et bien d’autres. 500 millions d’Européens, assez vite 450 millions d’habitants dans les PSEM et le Moyen Orient, donc un milliard d’individus, qui font de cette région une région potentiellement majeure sur la scène mondiale. Sinon, l’Europe se réduira à une grande Suisse, les PSEM seront des « confettis » ballottés par la mondialisation. Bouteflika l’a dit en 2006 : « nous ne pouvons rien contre les lois de la géographie, notre avenir est commun ».

Il nous faut donc profiter de la réforme de la PAC pour répondre au défi, celui de construire une politique agricole pour un milliard d’individus, notamment pour répondre au défi de la sécurité alimentaire pour tous. Et ce n’est pas que le marché et les marchands. Une politique, c’est à la fois des marchés, l’accompagnement des structures, le développement rural ; c’est ce qu’ont dit Si Ahmed Ferroukhi ou José Maria Garcia Alvarez Coque : travailler sur le pilier de la production agricole et sur le pilier du développement rural, ensemble.Quant à l’appropriation, elle repose pour beaucoup sur l’implication des professionnels (voir les propos de Daoud, de Medawar, de Boujbel, etc.). Ferroukhi, a bon droit, demande à ne pas être court-circuité. Mais soyons objectifs : nous avons parfois besoin de le faire pour faire bouger les Administrations. Les chefs d’entreprises n’ont pas de frontières dans la tête, les diplomates ont toujours des frontières dans la tête. Pourquoi ne pas constituer le réseau des jeunes agriculteurs de la Méditerranée ? Les jeunes patrons de l’industrie vont le faire, les producteurs agricoles devraient le faire aussi. Pour autant le rôle des pouvoirs publics reste déterminant. A cet égard, IPEMED serait très preneur d’une association des SG de l’Agriculture de la région. IPEMED va développer des antennes dans les pays de la région, il sera à votre disposition pour constituer ces réseaux et prolonger nos débats. Vous pouvez compter sur IPEMED pour faire avancer une intégration régionale tournant le dos à la dissymétrie et à l’humiliation.

Comment agir, poursuit Jean-Louis Rastoin ?
Pour notre groupe, c’est l’écrit et l’influence. Il propose donc un Appel qui interpelle les décideurs, l’« Appel de Maffliers » pour un pacte stratégique agricole, agroalimentaire et rural euroméditerranéen.
Jean-Louis Rastoin propose une rédaction de l’« Appel de Maffliers » pour un pacte agricole, agroalimentaire et rural euroméditerranéen, et pour une politique commune aux pays de la région – une innovation radicale. ]

Atef Idriss est d’accord pour un tel Appel. Pour le succès de sa diffusion, il faudra aussi se focaliser davantage sur les consommateurs, leurs demandes sanitaires, et la sécurité alimentaire. Les agences de sécurités alimentaires dans les PSEM ont peu ou pas d’expérience, elles ne sont pas connectées, il y a là un chantier à mener. Et resteront les immenses questions budgétaires…

François Lerin se demande s’il faut-il vraiment aller aussi loin en demandant une politique. Les questions politiques et institutionnelles sont fatalement complexes. Il faudra examiner ces aspects institutionnels, notamment auprès de l’Iamm-Ciheam.

Mohamed El Gerrouj partage l’idée d’un texte affirmant l’idée clé d’une région commune. 2013 c’est demain : effectivement, poussons pour inclure les PSEM dans les discussions de la future PAC, dans le cadre d’un partenariat et pas dans celui d’une discussion administrative. Karim Daoud demande que la première phrase du texte face bien apparaître les professionnels.

Hassan Benabderrazik pense qu’il faut introduire l’idée d’une transition pour une politique agricole commune. 2013, ce sera peut être trop tôt pour lancer une telle politique ; mais il faut annoncer cette priorité.

Pierre Beckouche propose une méthode : laissons ce texte sur l’intranet du Séminaire, soumis à la critique et à l’amélioration. Ce texte, non institutionnel, ne serait pas signé. Nous arriverions à une synthèse mi janvier 2010, puis nous pourrions le diffuser.

François Lerin clôt les débats. Il remercie tous les participants, et salue l’objectif ambitieux et même iconoclaste qui consiste au brassage des idées et des élites des milieux académiques, politiques et économiques. Il faut prolonger cette initiative ; les réseaux du Ciheam, qui sont un outil de coopération, sont à la disposition de tous. Et les programmes communs de formation doivent pouvoir élargir la discussion aux générations montantes.

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