Financement : un besoin de savoir faire davantage que de capitaux

Le rapport de la commission Milhaud (2010) le confirme : avec de 20 milliards d’euros apportés au codéveloppement en Méditerranée chaque année, il y a de l’argent – mais sans doute cet argent n’a-t-il pas su s’orienter vers l’énergie de manière suffisante. Les bailleurs internationaux se coordonnent de mieux en mieux dans le domaine de l’efficacité énergétique et des ER, proposent des instruments financiers diversifiés (fonds carbone, prêts bonifiés, garanties d’investissement…) pour la région méditerranéenne qu’ils perçoivent comme un haut lieu de la transition énergétique. D’une manière générale, une des idées importantes du séminaire est que, malgré le ralentissement du à la crise, il n’y a pas vraiment de problème de disponibilité de l’argent mais un problème de mobilisation et de savoir-faire dans ce domaine.

Il faut commencer par une évaluation des ressources renouvelables en Méditerranée, indispensable au développement du marché et des investissements. Cela exige de prendre en compte la dimension économique collective et pas seulement la dimension financière de l’exploitation des ressources. Tout le monde est susceptible de profiter d’un usage accru des énergies renouvelables, mais personne n’est disposé à en payer seul le prix. Il s’agit de véritables « biens publics », qui ont besoin de trouver leur modèle économique – telle est notamment la leçon du montage délicat du financement du Plan solaire méditerranéen.

Le contexte financier est en train d’évoluer, la volatilité des prix est un obstacle aux investissements, le marché est de plus en plus sensible aux risques. Ne doit-on pas craindre que le nouveau contexte économique et les restrictions de crédit incitent les investisseurs à privilégier les projets de court terme ? Les projets d’investissements en énergies renouvelables et dans les économies de l’énergie seront-ils encore attractifs alors que tant de projets standard peinent à lever leurs financements ? En outre, comment faire face à la volatilité des prix pour orienter davantage de capitaux pour les énergies sans carbone ? Les projets devront donc être mieux conçus et mieux présentés, les risques et le rendement clairement établis ; enfin, l’appui des gouvernements (ne serait-ce que pour lever les barrières non économiques : permis de construire, procédures d’autorisation, accès aux réseaux, réceptivité opérationnelle et sociale) et la complémentarité des financements publics et privés sont essentiels.

Les opportunités de développement des technologies pas encore matures donc onéreuses (photovoltaïque solaire, éolien offshore, CSP) sont importantes dans la région. Afin de les rendre exploitables, ces technologies doivent pouvoir bénéficier d’un cadre stable sur le long terme (tarifs adaptés, primes adaptées), qui permettra à l’industrie d’améliorer les performances et de réduire les coûts. En d’autres termes, la qualité des prévisions et la mise en place d’un cadre de soutien prévisible afin d’attirer les investissements et de ramener les risques à un niveau acceptable, sont aussi importantes que l’incitation en elle-même. Rien ne sert de débattre des avantages comparatifs des différents schémas incitatifs (tarifs adaptés versus quotas avec des « certificats verts » négociables). Il est préférable de se concentrer sur les facteurs clés du succès en vue de concevoir les meilleures pratiques et ainsi favoriser un déploiement effectif des technologies renouvelables dans la durée. Par ailleurs, du fait de la pluralité et des différences de maturité des technologies renouvelables, assurer le développement et la mise en place d’aides garantissant un niveau d’appui spécifique aux différentes technologies et selon leur degré de maturité est indispensable afin d’exploiter le vaste portefeuille d’opportunités à long terme en matière d’énergies renouvelables, d’éviter les freins technologiques et de minimiser les coûts sur une longue période. C’est la condition pour une transition vers un marché « idéal » où les énergies renouvelables seront en concurrence avec les autres formes d’énergies.

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