Pour une autre lecture des relations Nord/Sud
Mercredi 18 Octobre 2017 - Jean-Louis Guigou
Dans un monde multipolaire de plus en plus régionalisé avec des « zones d’influences spécifiques » associant souvent des pays du Nord matures et vieillissants (Japon/Chine/Russie/Europe/USA) avec des pays du Sud jeunes et émergents (Pays du Sud-est asiatique/Afrique/Amérique du Sud, etc.), les relations Nord/Sud sont en rapide transformation. Les Pays du Sud deviennent, à juste titre, beaucoup plus exigeants.
- La lecture ancienne des relations Nord/Sud s’inscrit dans une dissymétrie totale
- Rapports dominants/dominés ou centre/périphérie ;
- Exploitation et exportation des matières premières (pétrole, uranium, cacao, etc.) ;
- Economie de rente d’un petit nombre ;
- Profitabilité du commerce et des parts de marché ;
- Relations de court terme et peu durables ;
Les pays du Sud, émergents, ne peuvent plus, ne veulent plus, maintenir ces rapports Nord/Sud dissymétriques. Une nouvelle lecture s’impose.
- La nouvelle lecture des rapports Nord/Sud doit tendre vers l’équilibre avec :
- Le passage de l’économie de rente à l’économie de profit ;
- La transformation du secteur public – ministère, administration – pour accompagner la transformation économique ;
- La transformation sur place de matières premières avec création de valeur et création d’emploi ;
- La substitution de la production intérieure aux importations, produire sur place et non plus importer ;
- La coproduction en partenariat entre entreprises du Nord et du Sud ;
- L’intégration en profondeur Nord/Sud par redistribution de l’appareil de production, des normes, des interconnexions des réseaux ;
- La constitution de filières territorialisées Nord/Sud avec accès aux innovations, partage de la valeur ajoutée et sécurisation des échanges ;
- Le renforcement du tissu industriel intégré dans des zones économiques spécialisées et sécurisées.
Pour les trois « quartiers d’orange » qui s’organisent (les deux Amériques, la Chine et le bloc asiatique, l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique), celui qui gagnera est celui qui établira avec « son Sud » des relations symétriques inclusives et durables.