Aider le Liban à s’adapter à la mondialisation

Samedi 07 Juillet 2012
Kafalat, membre fondateur d’Ipemed, est une société financière libanaise d’intérêt public destinée à aider les PME et start-up innovatrices pour accéder au financement des banques commerciales. Entretien avec Khater Abi Habib, président du conseil d’administration et directeur général.

Dans quel contexte a été créé Kafalat et dans quels domaines est-elle le plus présente ?

Conséquence de la guerre civile, les systèmes de prêts du secteur bancaire libanais ont subi nombre de distorsions. La plupart des prêts étaient concentrés à Beyrouth et dans la zone du Mont Liban, et ils étaient essentiellement à court terme afin de réduire les risques dus à la guerre civile et aux conflits. Des secteurs comme l’agriculture et l’industrie, qui avaient besoin de prêts à plus long terme, ont donc été exclus. Le prêt s’est concentré sur les entreprises connues, importantes et anciennes.
Kafalat s’était fixé comme objectif d’offrir une garantie financière à ratio élevé (75 % de risque). Cela signifiait de réduire l’écart géographique (entre le centre et la périphérie) entre les petites et les plus grandes entreprises et entre les start-up, les entreprises peu connues et celles qui le sont davantage. Aujourd’hui, les secteurs concernés sont l’agriculture, l’industrie, le tourisme et la haute technologie. Cette dernière, en coopération avec l’Union européenne, a un programme particulier où la garantie financière atteint 90 %.

Les tensions que connaît la région influencent-elles l’économie libanaise et, de ce fait, les activités de Kafalat ?

Les tensions tant sur la scène politique que régionale ont affecté la performance de l’économie libanaise et donc celle de Kafalat. Durant le premier trimestre 2012, le nombre de prêts garantis a chuté de 14 %. Les mois d’avril et mai ont montré des signes de reprise, mais, au cours de ce dernier mois, le niveau accru d’insécurité dans le Nord, le long de la frontière avec la Syrie, se reflétera probablement dans nos statistiques d’ici à deux ou trois mois.

Pourquoi avoir rejoint Ipemed ?

Le Liban, d’un point de vue historique, social, culturel ou économique, a toujours été impliqué dans la Méditerranée. Avec la mondialisation, on assiste à une augmentation des activités à l’échelle régionale, notamment dans l’économie. La réunion des acteurs clés des pays du Nord et du Sud de la Méditerranée est un moyen idéal pour le Liban, particulièrement pour son économie, de s’adapter à la mondialisation dans une approche, à la fois géographique et culturelle.

Quel bilan tirez-vous de cet engagement et comment voyez-vous l’avenir du rapprochement euro-méditerranéen?

Ipemed est une instance qui permet d’observer la tendance des réactions et des opportunités d’affaires autour de la Méditerranée. Il est ainsi possible de contribuer à l’élaboration de solutions en vue d’une économie partagée, ce qui permettra de se faire entendre parmi les acteurs aussi bien privés que publics.

Propos recueillis par Agnès Levallois
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