Comité d’orientation politique d’Ipemed: Les bouleversements de l’Euro-Méditerranée au cœur des débats

Vendredi 16 Mars 2012
Le Comité d’orientation
politique d’Ipemed est
coprésidé par Carmen
Romero, députée
européenne et Abderrahmane Hadj Nacer, ancien
gouverneur de la Banque
d’Algérie.
Représentativité politique, rôle de l’état et relation euro-méditerranéenne figuraient parmi les thèmes de réflexion. Le but : informer décideurs et acteurs des orientations possibles.

Le Comité d’orientation politique a tenu sa réunion annuelle les 17 et 18 février 2012 à Paris. La réflexion a porté sur les bouleversements dans la région euro-méditerranéenne, au Nord comme au Sud. En effet, les acteurs et les décideurs ont plus que jamais besoin d’informations. C’est pour cela que sont intervenus, pendant les travaux du comité, Driss Ksikes, journaliste et homme de théâtre marocain, Hela Yousfi, sociologue tunisienne, et Amr El Shobaky, politologue et nouvel élu au Parlement égyptien.

La question de la représentativité politique était au centre du débat car les groupes sociaux à l’origine des contestations ne se retrouvent guère dans les élus issus des urnes. Afin d’appréhender la situation en Tunisie, au Maroc ou en Égypte, il convient de dissocier la participation de la représentativité politique. Car l’élite est déconnectée du réel et les manifestants veulent créer les conditions d’une meilleure gouvernance. En Tunisie, les jeunes ont fait la révolution pour que l’État joue son rôle et, s’ils n’ont pas rejoint massivement les forces politiques, c’est qu’ils ne se reconnaissent pas en elles et n’ont pas confiance: le succès d’Ennahda (Tunisie) et du pjd (Maroc) s’explique en partie par leur virginité politique. La population a besoin de se réapproprier l’espace public et le débat, jusque-là réservé aux élites.

La réforme institutionnelle

La réforme institutionnelle, en veillant à garder la neutralité de l’État, est l’un des défis majeurs. En Égypte, le secteur public est pléthorique (9% de la population) mais les Frères musulmans seront-ils en mesure de mener à bien cette réforme? Quelle place aura l’armée, toujours respectée en tant qu’institution, ce qui n’est pas le cas du Conseil suprême des forces armées qui gère la transition? Après les élections présidentielles, elle devrait se retirer peu à peu de la scène politique, comme ce fut le cas en Turquie, tout en restant un pilier de la vie politique. En outre, il convient de ne pas réduire le débat à la seule question de l’islam politique. Les enjeux économiques et sociaux sont majeurs. Le modèle économique à trouver doit permettre une cohérence entre l’économie financière, l’économie réelle et l’économie sociale.

L’influence du Golfe et l’intégration régionale

La question du rôle et de l’influence des pays du Golfe a été posée, avec la crainte que l’économie de rente ne s’installe dans les pays maghrébins à travers l’influence des pétromonarchies. Les pays arabes doivent créer un espace régional. La visite du ministre marocain des Affaires étrangères à Alger, la réunion à Rabat des ministres des Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe (UMA) le 17 février et la déclaration de Moncef Marzouki lors de sa visite à Alger, dans laquelle il fait part de son souhait de relancer la construction maghrébine, vont dans ce sens. Ces initiatives sont encouragées par Washington pour qui un Maghreb uni pro-américain contre l’Europe renforcerait son influence.

Redéfinir la relation euro-méditerranéenne?

La nouvelle réalité représente une rupture qui n’a pas été prise en compte à Bruxelles. Il faut accompagner les transitions démocratiques sur le plan politique, promouvoir la modernité culturelle et mettre à l’ordre du jour un modèle de développement industriel.

L’Euromed faisant partie de l’héritage contesté des anciens régimes, il faut accompagner les sociétés civiles dans leurs évolutions en privilégiant le long terme sur des bases de solidarité, de partage de valeur ajoutée et d’investissement. Enfin, quel projet politique et quel projet sociétal voulons-nous élaborer ensemble? Profitons de la renégociation du budget de l’UE pour reposer la question et orienter des financements  vers la refondation du partenariat.
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