Economie sociale et solidaire : La Macif renforce sa présence en Algérie

Lundi 02 Décembre 2013
Après avoir signé, en 2008, avec la Société algérienne des assurances un protocole de partenariat, la Macif a créé en 2011 la première compagnie d’assurance de personnes. Dans un entretien à Ipemed, son directeur général, Pierre-Olivier Adrey, nous explique son fonctionnement.

La Macif s’est développée en Algérie à travers la création de la Société d’assurance, de prévoyance et de santé (SAPS, première compagnie d’assurance de personnes), avec 41% des parts aux côtés de la SAA, (assureur public leader en Algérie en assurances de biens) avec 34% et la participation de deux banques algériennes, la Banque de développement local (BDL) et la Banque d’agriculture et de développement rural (BADR). Ces deux établissements détiennent respectivement 15% et 10% du capital qui est donc détenu à 59% par la partie algérienne et à 41% par la Macif, selon la législation en vigueur dans le pays.
En avril 2008, la SAA et la Macif ont signé un protocole de partenariat portant sur la formation (emploi des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les assurances) et sur l’assistance technique (constitution de bases de données et de fonds documentaires). Puis en 2010, le groupe a finalisé la création d’une société d’assurance de personnes avec la SAA et les deux banques algériennes. Enfin, l’obtention de l’agrément en 2011 a permis à la Macif de se positionner sur le marché algérien en y créant la première compagnie d’assurance de personnes.

Pierre-Olivier Adrey, directeur général de Amana Assurances: «Nous devons créer un modèle profitable aux deux parties»

Comment fonctionne la structure ?
Dans le pacte d’actionnaires d’origine, la Macif assure le management de la structure que je dirige en tant que directeur général depuis le 1er juillet 2011. En 2012, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de dix millions d’euros qui progressera encore cette année. Ma mission est de développer une entreprise moderne avec des moyens de travail performants. Il a fallu recruter une soixantaine de personnes qui sont actuellement sur le site. Ce sont de jeunes diplômés dont 60% de filles, très volontaires, enthousiastes et motivés, disposant d’un bon outil de travail.
Nous sommes une compagnie d’assurances qui n’a pas beaucoup de bureaux propres et qui a passé des accords de distribution. Notre tâche consiste à être à l’écoute du marché, à créer des produits, à les tarifer, à définir les règles de souscription, à organiser leur diffusion. Ensuite, les distributeurs que nous avons formés prennent le relai. Évidemment des accords ont été passés avec les deux banques partenaires afin qu’elles diffusent notre offre car elles souhaitent se lancer dans la banque d’assurance. Après, la structure reprend la main pour la gestion et le règlement des sinistres.

Quelles sont les caractéristiques du marché algérien?
C’est un marché émergent, dont les activités ne font que commencer avec la vente de produits individuels comme l’assistance voyage, la garantie individuelle accident ou le rapatriement de corps, la garantie emprunteur en adossement à des prêts. On développe également des produits de complémentaire santé groupe, destinés aux sociétés. L’idée de risque à partager avec un assureur n’est pas encore développée en Algérie. Il y a donc une démarche pédagogique à adopter pour expliquer la notion d’assurance et le fait que cela protège la famille contre des difficultés possibles. La population n’est guère informée sur ce sujet, certaines catégories n’ont pas encore accès à cette offre. C’est donc un travail à long terme.

Comment la démarche est-elle perçue ?
Peu d’acteurs sont présents sur ce marché mais il est en développement et d’autres assureurs comme Axa et Cardiff sont sur place en raison de la taille du marché, qui est loin d’être saturé. Quelques banques des pays du Golfe s’y intéressent également avec des produits conformes à la finance islamique, comme Takafful, une assurance santé compatible avec les préceptes de l’islam.

Quel est rôle de la colocalisation ?
L’enjeu n’est pas de faire ce que fait la Macif en France, mais de développer une colocalisation avec les acteurs locaux avec des allers et retours permanents entre les deux parties: il faut travailler ensemble, s’enrichir des différences et créer un modèle qui soit profitable aux deux parties.
En dehors des relations historiques entre les deux sociétés à créer, il existe un intérêt stratégique à partager des outils communs, à favoriser les échanges entre les deux rives en raison d’un cousinage fort et permanent. C’est dans ce cadre que nous avons travaillé sur la communication. Nous avons changé de nom commercial qui est, depuis quelques jours, Amana (notion de confiance), mot arabe qui parle aux Algériens plutôt que l’acronyme que nous utilisions jusque là.

Quels sont les défis à venir ?
Les problèmes de santé sont prégnants pour le grand public: la carte chifa (l’équivalent de la carte vitale) est encore en cours d’expérimentation. Les assureurs devront jouer leur rôle pour apporter leur contribution au réseau de santé qui reste à pérenniser et à diversifier. La jeunesse occupe une place importante. Plus de 50% a moins de 30 ans et 10% de la population a plus de 65ans. Ce vieillissement de la population va impliquer à terme de nouveaux besoins en fonction de l’évolution de la santé publique (par exemple, les maladies du grand âge qui créent de la dépendance). Même si les Algériens espèrent toujours bénéficier de la solidarité familiale, de nouvelles problématiques de santé seront à résoudre d’ici vingt à trente ans, avec de nécessaires changements de comportement.



Propos recueillis par Agnès Levallois

Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail