Le RDCL signe une convention de partenariat avec l’IPEMED et organise une table ronde consacrée aux enjeux de l’intégration méditerranéenne.

Mercredi 02 Juillet 2014
Le Rassemblement des Dirigeants et des Chefs d’entreprises Libanais (RDCL) présidé par Dr. Fouad Zmokhol a organisé le 02 juillet une Table ronde intitulée: «Pour une intégration, une convergence économique et une vision commune de l’avenir de la région Méditerranéenne», avec pour invités d’honneur, Jean-Louis Guigou, Délégué général de l’Institut de Prospective Économique du Monde Méditerranéen (IPEMED) accompagné de Jean-Marie Paintendre, Conseiller International d’IPEMED et de Michel Gonnet, expert IPEMED.

Les chamboulements de la Méditerranée suite aux révolutions arabes et le désir d’un grand nombre de citoyens d’en finir avec les dictatures a notamment eu pour conséquence de secouer cette région au destin en devenir. En effet, le Monde arabe est soumis plus que jamais auparavant à de grandes incertitudes quant à son avenir politique et économique. Et la réalité du terrain semble loin des idéaux démocratiques initiés par ces dites «révolutions arabes» même si, comme l’a affirmé, le ton plein d’espoir le Délégué général d’IPEMED, Jean-Louis Guigou, «ces pays entrent de plein pied pour une majorité d’entre eux dans la modernité».

La table-Ronde organisée par Fouad Zmokhol, Président du Rassemblement des Dirigeants et des Chefs d’entreprise Libanais (RDCL), tombe à point nommé en cette période où le destin à la fois économique et politique du Liban en particulier ne peut se faire sans une croissance globale découlant d’une vision commune sur les enjeux de la Méditerranée. Qui mieux que l’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED) pour être le partenaire du RDCL et pour mener à bien cette tâche pour le Liban en particulier ?
Parmi les personnalités présentes, on peut notamment citer, l’Ancien ministre libanais Adel Cortaz, le Conseiller de l’Association des Importateurs Automobiles au Liban, Sélim Saad, le Chef du parti du Dialogue National, Fouad Makhzoumi, le Président des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF), Christian Besse, le Directeur de l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA), Stéphane Attali, l’économiste Nassib Ghobril et un parterre de membres du RDCL.
Dr Fouad Zmokhol appelle à une intégration économique prioritaire pour la région et à des actions concrètes et fructueuses
Dans son mot de bienvenue, le président du RDCL a chaleureusement remercié «nos amis, collègues, partenaires, alliés, membres du comité exécutif de l’Institut de Prospective Économique du Monde Méditerranéen (IPEMED) venus spécialement de France pour solidifier nos relations historiques et discuter ouvertement en toute transparence de nos objectifs communs tels que: la croissance, le développement de nos échanges économiques avec la région méditerranéenne -qui mènera indiscutablement au développement global  de toute la région-  et la signature d’un Protocole de partenariat avec le RDCL afin de renforcer notre coopération et  promouvoir la création d’un espace méditerranéen intégré et solidaire » déclare-t-il.  Dr. Fouad Zmokhol a par ailleurs certifié qu’«il n’y a pas d’avenir pour le développement de la méditerranée en l’absence d’une coopération accrue, d’un dialogue ouvert et d’une compréhension mutuelle entre tous les pays de cette région ». Il a aussi appelé à une «intégration économique qui doit être une priorité pour la région, et qui devrait être l’essence d’une véritable source d’actions concrètes et fructueuses».

Plan d’action proposé par le Président du RDCL

Pour atteindre les objectifs méditerranéens communs, s’exprimant au nom des chefs d’entreprises libanais, Dr. Zmokhol a proposé le plan ci-dessous :
-    Mettre en place d’une banque méditerranéenne d’investissement qui aura pour mission de répondre aux besoins de financement des PME méditerranéennes, de stimuler l’investissement, et de créer plus de richesse dans la région.
-    Créer des projets euro-méditerranéens intégrés qui favoriseraient la mobilité des personnes au sein de cette zone, l’échange du savoir, d’expertise, de compétences et de technologie entre les pays méditerranéens.
-    Encourager la création de pôles de compétitivité et de recherche euro-méditerranéens, notamment dans les secteurs porteurs et à forte employabilité (TIC, services, efficacité énergétique…) et à mettre en place un réseau euro-méditerranéen de formation professionnelle et de reconnaissance des compétences et diplômes.
-    Mettre en place un système d’enseignement supérieur commun, consolider le réseautage des universités et développer un marché d’emplois intégré dans la zone.
-    Créer un cadre institutionnel commun garantissant la liberté de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes au sein de l’espace  euro-méditerranéen chargé de suivre le processus de développement de la Méditerranée et d’évaluer l’efficacité des mesures qui seront prises pour favoriser l’intégration des pays de la zone.
-    Créer un fonds méditerranéen visant à financer les projets d’infrastructure, de transport, d’énergies renouvelables en plus de l’élaboration d’une politique commune de sécurité alimentaire et de développement rural.
Même si le président du RDCL a reconnu que la région, et spécifiquement le Liban, passe par une période instable et extrêmement difficile à tous les niveaux, il a cependant assuré que «les chefs d’entreprises libanais ne baisseront jamais les bras et continueront à se développer et à bâtir des partenariats stratégiques avec toute notre région afin de favoriser les échanges économiques, créer de la valeur afin de maintenir une croissance régulière et soutenue  et se développer contre vents et marée» .

Signature d’une Convention de partenariat entre IPEMED et le RDCL

Convaincus que l’intégration économique euro-méditerranéenne est une condition majeure au développement des Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée et de l’Europe, et que la co-production est un processus efficace pour nouer des relations sur des bases nouvelles et équilibrées, M. Jean-Louis Guigou et Dr. Fouad Zmokhol au cours de cette rencontre, ont apposé leur signature sur une convention de partenariat pour renforcer leur coopération et promouvoir  la création d’un espace méditerranéen intégré et solidaire.
Par cet accord, les deux parties se sont engagées conjointement à «aider au développement du mouvement des chefs d’entreprises Euro-méditerranéens afin de sensibiliser le plus grand nombre d’entreprises libanaises aux enjeux du rapprochement économique en méditerranée et favoriser l’émergence d’une appartenance à un espace régional commun».
Pour une intégration en profondeur et une convergence économique méditerranéennes  
Rappelons à ce sujet que IPEMED est un «Think Tank Euro-méditerranéen», fervent défenseur de la construction de la région méditerranéenne dans son ensemble. IPEMED est convaincu du rôle déterminant de l’économie dans ce domaine. Sa mission, statutaire et reconnue d’intérêt général, consiste à rapprocher, par l’économie, les pays des deux rives de la Méditerranée et ainsi œuvrer à la prise de conscience d’un avenir commun et d’une convergence d’intérêts entre les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée. Financé par des entreprises méditerranéennes, membres fondatrices d’IPEMED, et des personnes physiques qui partagent ses valeurs, il est indépendant des pouvoirs politiques dont il ne reçoit aucun financement. Ces points importants ont notamment été exposés par M. Jean-Louis Guigou lors de son discours.
C’est également «agir au présent pour construire l’avenir» comme l’a aussi déclaré son délégué général. «Les scénarios possibles de l’avenir méditerranéen sont: divergence, crise ou convergence». Bien entendu, l’IPEMED, travaille tous les jours pour aboutir à une convergence méditerranéenne. Comme il l’a également souligné, «IPEMED  œuvre  pour une intégration régionale en profondeur et une convergence croissante d’une vision commune».

L’union de l’Europe et de la Méditerranée du Sud et de l’Est

«Le monde multipolaire émerge. De grands ensembles régionaux se constituent à l’échelle des continents: l’ALENA associée au MERCOSUR en Amérique, l’ASEAN + 3 en Asie préfigurent ces «régions hémisphériques» qui feront le monde de demain» a aussi expliqué Jean-Louis Guigou devant ses hôtes Libanais. Il a aussi ajouté que «ces ensembles productifs Nord-Sud vivent au même rythme horaire, favorisent la proximité, la complémentarité et les solidarités de fait dans des domaines clés: eau, énergie, agriculture, environnement, tourisme, migrations... Ils constituent un cadre adapté pour inventer et mettre en œuvre les régulations régionales indispensables». Selon ce dernier, «l’Europe des 27 a fait la moitié du chemin en construisant un grand ensemble au Nord. Il ne lui reste plus qu’à réussir la seconde partie de sa régionalisation en accélérant son intégration avec le Sud et l’Est de la Méditerranée.»
En une phrase, Jean-Louis Guigou a assuré qu’«à l’évidence, la Méditerranée peut ouvrir à l’Europe des espaces de croissance durable et solidaire, et réciproquement, l’ancrage des pays du sud à une Europe forte confirme une communauté de destins».

Ce ne sont pas les démocraties qui font bouger le monde mais l’économie et la croissance
Rebondissant sur les propos de Jean-Louis Guigou, le président du RDCL, a repris les propos de ce dernier en assurant à son tour que «l’avenir ne se prévoit pas surtout au Liban mais qu’il se prépare au quotidien» en faisant référence à l’instabilité du pays du Cèdre. Tout comme le Délégué général d’IPEMED, il partage aussi son point de vue que: «ce ne sont pas les démocraties qui font bouger le monde mais l’économie et la croissance». Il a aussi salué M. Jean-Louis Guigou pour son autocritique de l’Europe et a assuré par ailleurs, qu’il est conscient que ce partenariat avec IPEMED va apporter de la croissance et un développement hors des frontières pour les deux bords.

DISCUSSIONS

Suite aux discours et à la signature de la convention de partenariat entre les deux bords, place à la discussion et aux débats.

S’exprimant en premier, l’Ancien ministre de l’Agriculture libanais, M. Adel Cortaz, s’est dit favorable aux propos tenus par le Délégué général d’IPEMED quant à l’avenir florissant de la région méditerranéenne sur le long-terme, qui prendra effet selon de nombreux experts d’ici 10 ans. Mais l’Ancien ministre s’est interrogé sur les actions concrètes que le Liban en particulier pourrait exécuter demain? Il a rappelé que le problème de la Méditerranée n’est pas un manque de capitaux mais il appelé de ses vœux IPEMED à agir auprès du Liban en faveur de joint-ventures notamment dans le secteur alimentaire et de sécurité agroalimentaire. Il a également insisté sur le projet de l’eau du spécialiste M. Fadi Comair et sur les blocages qui persistent pour mettre en pratique ce projet au Liban. En réponse à ces propos, M. Jean-Louis Guigou a salué le travail remarquable effectué par M. Fadi Comair rappelant que la région méditerranéenne souffre d’un «stress hydrique»  et que plus de 17 milliards par an sont dépensés pour y remédier. Il a aussi certifié que «si tous les pays arabes avaient de l’eau, ils pourraient eux-mêmes produire ces 17 milliards ». Il s’est interrogé sur : «Qui va mettre cette somme?» donnant l’exemple «d’un euro prélevé en France sur les billets d’avion pour lutter contre le Sida»  donnant ainsi des idées aux Libanais.
Pour sa part, Fouad Tabet, à attirer l’attention de M. Jean-Louis Guigou sur l’intitulé de la Table-Ronde en certifiant que «pour assurer une intégration commune en Méditerranée il faudrait pouvoir abattre les frontières». Sur ce point, il a voulu avoir le point de vue du délégué général d’IPEMED qui à son tour a répondu: «Le Maroc ne parle pas avec l’Algérie, le Liban non plus avec son voisin…Alors je me demande quelles forces économiques vont obliger les chefs d’Etat de ces pays à abolir ces frontières?». Il s’est voulu alors rassurant quant aux prévisions d’essor des pays Sud-Sud car émergeants et jeunes qui dans les 30 prochaines années verront un essor certain car les pays Nord-Nord sont devenus trop chers à tous les niveaux. M. Jean-Louis Guigou s’est aussi voulu optimiste quant à l’abattement de ces frontières d’ici 20 à 30 ans car les forces économiques arriveront à renverser la tendance en faveur de cela.
«Quels sont les avantages comparatifs du Liban qui lui permettraient de ne pas se faire avaler dans la région méditerranéenne?» pose le Banquier d’affaires M. Jean-Tawilé? Ce à quoi a rétorqué, M. Jean-Louis Guigou : «Le Liban a une position géographique clé lui permettant de se positionner comme «Hub» de la reconstruction et de la compétence régionale comparativement à la fatigue éprouvée par les pays arabes ». Il ajoute que la qualité humaine indéniable des Libanais est un des autres avantages comparatifs qu’il décrit par ailleurs dans un blog qu’il tient sur le Site officiel d’IPEMED qu’il a intitulé «Humeurs». Dans son blog à la question «Pourquoi j’aime les Libanais?» il écrit: «Ils sont très tolérants habituées à la diversité des opinions, très cultivés, ils sont par nature ouverts au monde et polyglottes contrairement aux Français qui ne pensent qu’à leur pays ».
Un des convives, le Chef du parti du Dialogue national, M. Makhzoumi, a cependant souligné deux risques éventuels qu’encourt cette vision économique d’avenir commune de la Méditerranée: «le problème dans le monde arabe c’est le suivi, le «Follow up» des dossiers» explique-t-il. En tant qu’investisseur en Europe, M. Makhzoumi, a pointé du doigt la cherté des mécanismes d’exportations. Alors il a demandé: Comment incorporer la technologie européenne avec notre réseautage en tant que monde arabe ? Appelant IPEMED à travailler sur ce travail de coopération. Il a aussi déploré la diversité des Libanais salué par M. Jean-Louis Guigou qui selon M. Makhzoumi «ramène le Liban en arrière» faisant référence aux entraves politiques avec d’anciens miliciens au pouvoir. «Alors comment construire un pays au Liban? » s’interroge-t-il. Il souligne alors que «les réformes nécessaires même avec l’argent de l’Union Européenne ne mèneront nulle part car le gouvernement libanais ne supportera pas de réformes dans l’industrie lourde. Seuls les supports au tourisme et au secteur des services a lieu, déplore-t-il par ailleurs. Il a aussi déploré que la mise en place des PPP et la question pétrolière et gazière soient encore bloquées au Liban car le pouvoir veut en tirer profit sinon il ne fera pas avancer les choses. Il a clôt son intervention en appelant IPEMED «à supporter le Liban dans son ambition de réformes du système notamment dans la mise en place des PPP dans l’objectif d’en faire un «hub» régional. La réponse de Jean-Louis Guigou ne s’est pas faite attendre: «Le monde est turbulent or l’avantage comparatif de l’Europe c’est sa stabilité.
Le Conseiller International d’IPEMED s’exprimant à son tour a assuré «que l’Elite bouge et ensuite les autres suivront. Il faut avoir comme but de petits objectifs, qui feront de petites avancées prometteuses » assure M. Jean-Marie Paintendre.
M. Sélim Saad a quant à lui salué le merveilleux outil qu’est IPEMED en revenant sur les propos de M. Makhzoumi et en assurant sur le problème de l’eau et de l’électricité au Liban qu’il est aberrant que le citoyen lambda paie deux à trois factures mensuelles.
Quant à M. Michel Gonnet, Conseiller d’IPEMED, il a pris l’exemple du Maroc qui a finalement fait voter la loi des PPP après des années de blocages de la part du pouvoir en place, donnant ainsi de l’espoir aux Libanais présents à cette Table-Ronde. «IPEMED peut aider mais nous ne sommes pas tous puissants » ajoute-t-il voulant recadrer les possibilités d’IPEMED qui peut apporter une pierre importante à l’édifice méditerranéen.

Un Français qui réside et travaille au Liban, M. Christian Besse ( Directeur Général de Banque Assurance)  a assuré «que c’est aux Libanais de faire ce travail » car selon lui «les hommes et les femmes de ce pays ont des qualités frappantes qui leur permettraient d’y arriver ».

Enfin le Directeur de l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA), M. Stéphane Attali que le président du RDCL Dr Zmokhol a tenu à remercier chaleureusement pour sa médiation qui a permis la rencontre avec IPEMED s’est exprimé à son tour. Ce dernier a salué cette signature d’accord de partenariat qui est «une étape très importante pour l’avenir des entreprises de la région et du Liban en particulier ». Il a néanmoins prévenu les Libanais : «Ne ratez pas les occasions qui se présentent car le Liban a un potentiel énorme, un réseautage incroyable, prêt à accueillir des entreprises françaises et européennes. Stéphane Attali a enfin appelé à l’avancée des réformes car les entreprises européennes ont besoin de garanties contre la corruption notamment.

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