Riad Salamé : L’intérêt de la colocalisation est évident pour les pays des deux rives de la Méditerranée...

Humeur n° -
Mercredi 04 Décembre 2013 - Propos recueillis par Agnès Levallois
Colocalisation : TÉMOIGNAGES D’ENTREPRENEURS.
 Entretien avec  Riad Salamé, Gouverneur de la Banque centrale du Liban.


Comment permettre la reprise de l’activité dans la région euro-méditerranéenne ?
La région méditerranéenne est malmenée financièrement et le recours à un instrument pour financer l’activité, permettant le développement d’une région économique autour de la Méditerranée, est nécessaire. Mais cela paraît difficile sans l’intervention de l’Europe et des pays du Golfe, que nous devons sensibiliser pour atteindre cet objectif.
Aujourd’hui, rien de concret n’a été réalisé pour la création de cet outil financier. Il y a des années, nous avions proposé une banque méditerranéenne, un projet qui n’a pas vu le jour et la conjoncture actuelle n’est pas favorable. Le manque d’impulsion politique est évident car les préoccupations sont ailleurs. Il y a néanmoins urgence à trouver des outils de financement pour la production parce que la Banque mondiale, le FMI ou la BEI ne peuvent pas tout faire. Et les défis posés par les mouvements de contestation dans la région doivent être relevés par les nouveaux pouvoirs.
Les membres de cette banque devraient être les pays qui ont contribué à sa formation et à son financement en étroite collaboration avec des institutions internationales afin d’avoir une réelle objectivité dans les projets à financer. Sans oublier les institutions arabes comme le Fonds monétaire arabe.

La colocalisation est-elle une solution ?
L’intérêt de la colocalisation est évident pour les pays des deux rives de la Méditerranée car on pourrait ainsi gagner en compétitivité, créer des emplois – une des raisons majeures des révolutions arabes – et améliorer le pouvoir d’achat. Mais pour cela il faut des moyens financiers adaptés, faire un travail au niveau de la juridiction, libérer les mouvements de capitaux, faciliter l’accès à la propriété et favoriser la création de sociétés.

Comment le Liban réagit-il aux soubresauts que connaît la région ?
Le Liban a d’énormes défis à relever alors qu’il n’a pas de gouvernement: plus d’un million de refugiés syriens sont sur son territoire, ce qui représente un coût direct de trois milliards d’euros, selon la Banque mondiale, soit 7% de son Pib intérieur. L’économie devrait néanmoins croître entre 2 et 2,5 % cette année avec une inflation comprise entre 3,5 et 4%. La situation monétaire est stable tout comme sa monnaie, la livre. Les dépôts bancaires augmentent de 7% car la confiance existe dans le secteur financier. Grâce à cette confiance, les rapatriements de fonds de Libanais représentent 20 à 30% du Pib. Une économie se fait à l’extérieur, soutenant l’activité intérieure qui, elle, n’est pas affectée par la situation politique.
Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail