Retour sur la COP22 : après la MEDCOP, pleins feux sur les initiatives d’alimentation responsables et durables

Mardi 29 Novembre 2016
Collectif
Photo de famille COP22 - Agro

Dans la continuité de l’Atelier organisé à la MEDCOP21 à Marseille en 2015, puis de celui qui s’est tenu à la MEDCOP Climat en 2016, à Tanger, l’IPEMED, RESOLIS, la Fondation ACM (Assemblée des Citoyens et Citoyennes de la Méditerranée) ont souhaité porter à la COP22 leur engagement en faveur d’une transition vers des modèles agricoles et alimentaires durables en Méditerranée.

Pour cela, deux temps d’échanges ont été organisés :

Le 15 novembre, de 16h à 17h30, sur l’Agora de la MEDCOP Climat : débat participatif autour de la nécessité d’une Plateforme collaborative pour valoriser, créer des synergies et multiplier l’impact des initiatives « exemplaires » menées à l’échelle locale.


Introduits par Driss AZARIZ, membre du Comité d’experts de la MEDCOP Climat, les débats de ce side-event participatif ont porté sur la mise en œuvre d’une « Plateforme collaborative pour la transition agroalimentaire en Méditerranée », sur le modèle de l’Observatoire de l’Alimentation de RESOLIS. Ce projet, inscrit à l’Agenda des Solutions issu de la MEDCOP Climat, vise à recenser, caractériser et valoriser les Initiatives d’alimentation responsable et durable (IARD), menées à l’échelle locale.

La Solution ainsi présentée, qui se base sur une logique de promotion des savoirs de terrain et des produits emblématiques de la diète méditerranéenne, a été accueillie très favorablement par les participants qui ont appelé à :

  • Davantage dimensionner le projet :
    o Via une architecture pyramidale, avec le lancement du recensement de ces initiatives à l’échelle locale puis régionale puis nationale puis méditerranéenne ;
    o En s’appuyant sur les structures déjà fédératrices à leur niveau (plateformes / réseaux déjà existants) et sur des projets similaires ;
    o En identifiant plus précisément les besoins en matière d’outils numériques (annuaire, espace sécurisé, etc.) et financiers ;
    o En mettant l’accent sur des priorités et/ou thématiques de recherche essentielles : gestion durable des oasis, agroécologie, profil sociologique des porteurs de projets, etc ;
    o En inscrivant toutes ces initiatives dans la lutte contre le changement climatique, en tenant compte des deux volets à savoir l’adaptation et l’atténuation (rôle de l’agriculture dans la séquestration du carbone).
  • Communiquer davantage sur les premiers résultats obtenus avec les recensements et analyses déjà effectués dans d’autres pays (cas du Québec, du Costa Rica et de la France) ;
  • Mener un travail de lobbying politique auprès d’éventuels bailleurs de fonds et institutions de la région.


Le 17 novembre, de 13h à 14h30, en Salle Sebou, en Zone Verte : engagement multi-acteurs autour de la promotion de « systèmes alimentaires territorialisés » en Méditerranée


Introduite par Driss AZARIZ, la conférence du 17 novembre a permis d’inscrire notre plaidoyer et notre projet dans la perspective de la prochaine édition de la MEDCOP Climat, qui aura lieu en Sicile en 2017.

Jean-Louis RASTOIN, Professeur émérite à Montpellier SupAgro et Conseiller scientifique de la Chaire Unesco en Alimentations du Monde, a rappelé l’urgence d’agir face aux crises d’ordre alimentaire, environnemental, économique et social en Méditerranée et de « re-territorialiser » l’alimentation, en utilisant les leviers d’une réhabilitation de la diète méditerranéenne et de la bio-économie circulaire durable. Chloé LANDROT, Responsable de Programmes et de l’International au sein de RESOLIS, a présenté à nouveau notre « Solution » pour favoriser la mise en place de « systèmes alimentaires territorialisés », sur le plan opérationnel, en s’appuyant sur des IARD et avec une approche collaborative. Les impacts des recensements et analyses déjà réalisés en France et à l’international par l’association sont encourageants pour inciter les acteurs à collaborer ensemble afin de promouvoir une transition agricole et alimentaire durable.

Les bénéfices d’un tel projet visant à valoriser et mutualiser des initiatives innovantes de terrain ont été explicités grâce au retour d’expériences de :

  • Leila AKHMISSE, Directeur Exécutif de la Fondation Crédit Agricole du Maroc pour le Développement Durable (FCAMDD), qui a présenté les résultats d’un projet de diffusion des pratiques agro-écologiques auprès des communautés rurales mené en partenariat avec Terre & Humanisme Maroc. Une promotion de 14 animateurs provenant de différentes régions du Royaume a été formée pendant un an pour former à leur tour les populations rurales de leurs régions respectives. Parallèlement, pour appuyer les sessions de formation que délivreront ces animateurs, un important travail a été réalisé pour la conception de supports pédagogiques en langues locales, adaptés à un public peu alphabétisé. En effet, un kit composé d’un guide, de fiches techniques et de capsules vidéo de qualité est désormais prêt à l’emploi et diffusé sur le portail d’information agricole du Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM). La FCAMDD a également contribué à la mise en pratique de ces outils en organisant, en synergie avec les filiales du GCAM dédiées au financement de la petite et moyenne agriculture, des séances de formation-sensibilisation à l’agroécologie de leurs clients. Ainsi, 300 petits agriculteurs, clients de la Fondation Ardi pour le micro crédit et 200 agriculteurs clients de la filiale de mésofinance Tamwil El Fellah ont pu être initiés aux pratiques agroécologiques.
  • Annie MELLOUKI, Présidente du Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc (RIAM) a présenté plus en détails les activités du réseau, qui organise, cette année, 8 forums régionaux d’agriculture durable à travers le Maroc, clôturés en automne 2017 par des Assises nationales. Ces forums sont appuyés par la FCAMDD afin de promouvoir les circuits-courts entre producteurs et consommateurs. De multiples expériences et initiatives citoyennes existent déjà au Maroc, parfois depuis plusieurs années comme les circuits courts d’approvisionnement en paniers de produits de saison et les restaurants engagés. Le RIAM porte l’émergence récente de marchés paysans éco-solidaires et a pour objectif l’identification, la mise en lien des acteurs individuels et collectifs, la capitalisation et la mutualisation d’expériences innovantes et de bonnes pratiques. Animer un réseau au Maroc, c’est aussi la mise en lien avec d’autres réseaux d'où la collaboration avec l’association internationale URGENCI, missionnée lors de la COP21 sur la création d’un réseau méditerranéen de partenariats locaux et solidaires agroécologiques entre producteurs et consommateurs. 

Mettre les acteurs en synergie, améliorer leur accès à la formation et au financement, revitaliser des espaces ruraux en crise, lutter contre l’abandon de pratiques et de produits alimentaires ancestraux, rapprocher producteurs et consommateurs, participer à la réduction des effets du dérèglement climatique, etc. : tels sont également les objectifs du projet présenté par Fatma BOUFENIK, enseignante – chercheure à l’Université d’Oran II, militante associative et membre du Cercle ACM d’Oran. Intitulé « Valorisation des Initiatives Agro-Alimentaires Locales », ledit projet a été lancé en juin 2016 par l’association « Femmes Algériennes Revendiquant leurs Droits » (FARD), basée à Oran, suite à son adhésion à la Déclaration sur la transition Agroalimentaire en Méditerranée. Dans ce cadre, Fatma BOUFENIK a déjà recensé des initiatives portées à l’échelle locale, et majoritairement par des femmes : l’association « Femmes Rurales – Main dans la main », l’association Janel El Arif, etc.

Comme précisé par Kelly ROBIN, Chargée d’études au sein de l’IPEMED, ces premières expériences appellent à davantage connecter les enjeux liés à la sécurité alimentaire, avec ceux liés à l’emploi, à l’inclusion sociale, à la protection du patrimoine méditerranéen, etc., à tirer profit des complémentarités existantes entre les différents acteurs, et à instaurer un dialogue pérenne entre le secteur privé (cas de l’appui de la FCAM), le milieu associatif, les institutions concernées (cas de la collaboration entre Fatma BOUFENIK et les Agences de Développement Social, en Algérie).

Ces éléments ont été repris par Leith BEN BECHER, Président du Synagri, qui a porté trois témoignages : les bénéfices d’une collaboration plus étroite entre instituts de recherche, agriculteurs, etc. pour réintroduire des variétés pérennes de blé dur en Tunisie, la collaboration avec des agriculteurs français pour la mise en œuvre d’une « filière territorialisée viande rouge », et enfin, le lancement d’un réseau méditerranéen sur le blé dur et d’un label dédié. Il a ainsi démontré l'importance de la « mise en réseau », à l’échelle nationale et méditerranéenne, pour assurer une meilleure durabilité tant économique que sociale et environnementale à des filières agricoles et agro-alimentaires stratégiques.

« Connaître pour mieux agir et mieux coopérer, et ce, à toutes les échelles concernées » semble donc avoir été le leitmotiv de cette conférence, qui comme l’a souligné le vice-Ministre pour l’Environnement et le Climat du gouvernement de la région de Valencia, Julià ALVARO, porte au-delà de cette transition agro-alimentaire en Méditerranée, un appel à une véritable transition écologique de nos pays et sociétés.

C’est aussi le sens de la Solution présentée à la MEDCOP, en partenariat avec l’Association des Régions de France et la Chaire Unesco en Alimentations du Monde, et de la Déclaration sur la Transition Agroalimentaire en Méditerranée qui avait sous-tendu les débats de juillet dernier, promue à nouveau par Vicent GARCÉS, Président de la Fondation ACM et Andreu IRANZO, son Directeur, et qui est aujourd’hui ratifiée par une cinquantaine d’organisations de 13 pays méditerranéens.


La Méditerranée s’est réveillée ! Continuons d’œuvrer ensemble pour la promotion d’une nouvelle gouvernance territorialisée de l’alimentation et de l’agriculture en Méditerranée !

Prochaine étape : la MEDCOP à Palerme, avec vous !

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