Premier rapport de l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée

Vendredi 06 Novembre 2015

Au Nord comme au Sud de la Méditerranée, la conjoncture ne semble pas favorable à la mise en place de nouveaux partenariats productifs entre des pays traversés par des situations économiques et sociales diverses et complexes. Celles-ci engendrent, au contraire, des crispations économiques profondes symbolisées par des taux de chômage élevés, des risques de déflation, la baisse de la consommation des ménages, etc.

Pourtant, depuis plusieurs années, de nouvelles dynamiques économiques sont à l’œuvre afin de valoriser au mieux les complémentarités entre les deux rives de la Méditerranée.

Dans l’ancien modèle, qui prédomine toujours dans la région, une forme de complémentarité Nord-Sud était bien exploitée mais celle-ci se limitait à une division classique du travail, symbolisée par la délocalisation au Sud de segments intensifs en main d’œuvre non qualifiée et à faible valeur ajoutée.

Un nouveau paradigme se met en place en s’appuyant sur les principaux ressorts du Sud que sont la main d’œuvre qualifiée et hautement qualifiée, la présence de partenaires industriels bien installés dans leurs marchés, une base infrastructurelle solide qui continue à se moderniser, l’accès à des marchés émergents, en Méditerranée et au-delà, une jeunesse enthousiaste et des régimes politiques en transition qui sont tenus d’ériger l’économie en priorité. Dès lors, il ne s’agit plus de conserver au Nord les activités nécessitant une main d’œuvre qualifiée et de délocaliser au Sud les activités nécessitant une main d’œuvre abondante et bon marché, mais d’associer la main d’œuvre qualifiée du Sud, moins onéreuse que celle du Nord, aux activités à forte valeur ajoutée. Il ne s’agit pas non plus de remplacer les emplois qualifiés du Nord par des emplois qualifiés au Sud, mais d’intégrer des partenaires ou des segments localisés au Sud dans un projet commun de croissance sur le marché européen (500 millions de personnes) et sur le vaste marché africain émergent (2 milliards de personnes en 2050).

Depuis sa création en 2006, IPEMED a détecté, observé et analysé ces nouvelles dynamiques qu’il regroupe sous les termes de « colocalisation » et de « coproduction ». Plusieurs rapports ont été produits par l’Institut sur ce sujet :
- Convergence en méditerranée (Construire la Méditerranée, IPEMED, déc. 2010) ;
- Pour une stratégie euro-méditerranéenne de colocalisation (Etudes & Analyses, IPEMED, déc. 2012) ;
- Coproduction en Méditerranée : Illustrations et recommandations (Etudes & Analyses, IPEMED, nov. 2014).

Au cours de ses travaux, IPEMED a constaté l’abondance de données statistiques éparses sur les IDE en Méditerranée, leurs origines et leurs évolutions. Pour autant, aucune étude scientifique globale portant sur des analyses qualitatives et sur les stratégies des investisseurs, leurs comportements, leurs attentes et les obstacles et difficultés rencontrées n’existe à ce jour. Néanmoins, avec l’apparition de ces nouvelles dynamiques, telle la coproduction, un travail d’analyse et d’études qualitatives ex post sur les investissements réalisés en Méditerranée apparait comme nécessaire afin de mieux comprendre, et d’accompagner, ce nouveau modèle permettant le développement d’une économique plus durable, inclusive et pérenne.

Ainsi, lors de son Forum annuel organisé à Sousse, en Tunisie, le 4 décembre 2014, IPEMED a annoncé le lancement de l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée.

Piloté par IPEMED et soutenu par Bpifrance, l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée vise à analyser qualitativement les stratégies des investisseurs méditerranéens, leur comportement, leurs attentes et les difficultés qu’ils rencontrent pour s’insérer dans le tissu local. L’Observatoire de la coproduction en Méditerranée remplit une mission d’observation, de suivi, d’information et de sensibilisation auprès des pouvoirs publics et des entreprises du Nord et du Sud de la Méditerranée, notamment sur des filières d’avenir.

Première publication de l’Observatoire, le rapport Dynamique des Investissements dans les pays riverains de la Méditerranée : situation macro-économique dresse un état des lieux de la situation macro-économique des sept Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Turquie) et des dynamiques d’investissement à l’œuvre dans ces pays et, en particulier, en lien avec les quatre pays nord-méditerranéens de l’échantillon (Allemagne, Espagne, France, Italie).

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