Aïssata Diakité, la jeune créatrice et PDG franco-malienne de Zabbaan, envisage d'implanter une unité de conditionnement de ses jus de fruits bio en France

Lundi 01 Juillet 2019
Alfred Mignot
Quatre ans à peine après sa création, l’entreprise malienne Zabbaan exporte déjà 60 % de sa production de jus de fruits et autres produits issus de l’agriculture bio du pays. Rencontre avec sa fondatrice et PDG, la jeune franco-malienne Aïssata Diakité, invitée à apporter son témoignage lors du Sommet Women in Africa 2019, à Marrakech (27-28 juin), et qui envisage désormais d'implanter une unité de conditionnement en France. Après le cas du marocain Karim Bernoussi, PDG d'INTELCIA, ce sera un autre exemple de ces entrepreneur(e)s africain(e)s créant de l'emploi en Europe et en France, illustrant le concept de coproduction dans l'espace de La Verticale de l'AME (Afrique-Méditerranée-Europe) promu par l'IPEMED.

 

En direct de Marrakech
Un article d’Alfred Mignot pour Ipemed

Ingénieure en agro-business, Aïssata Diakité a 26 ans lorsqu’elle crée son entreprise de jus de fruits, qu’elle appelle Zabbaan, du nom du fruit le plus célèbre du Mali. Son père est vétérinaire et économiste, sa mère « fait du miel » : les choses de la nature ont toujours été très présentes dans l’environnement culturel et la vie quotidienne d’Aïssata, qui a grandi à Mopti dans une région très agricole, et cela a « facilité » sa prise d’initiative dans l’agroalimentaire, admet-elle.

Pour autant, la jeune femme a déjà eu à surmonter une rude épreuve. Alors que son projet était en gestation, les événements terroristes de 2012 font fuir ses futurs partenaires : « Ils m’ont tous lâchée, je me suis retrouvée toute seule ! »Alors elle a tout recommencé, et aujourd’hui, enrichie et plus forte de cette expérience et devenue un zeste philosophe, elle reconnaît que « oui, il peut y avoir de l’insécurité, mais elle fait partie de la réalité. Il faut apprendre à travailler avec ».

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Aïssata Diakité livre son témoignage de jeune entrepreneure en répondant aux questions de Denise Epoté, directrice de TV5MONDE Afrique, lors du Sommet Women in Africa 2019, à Marrakech, les 27-28 juin. © AM/AP.P

Déjà 5 000 agriculteurs partenaires
et 60 % de la production exportée

Avec son siège installé à Bamako, où œuvrent en permanence 65 collaborateurs, dont 30 emplois directs à plein temps et 35 saisonnières, Zabbaan est en fait présente dans plusieurs régions du Mali, faisant travailler quelque 5 000 petits agriculteurs que l’entreprise a fédérés dans une association de soutien, notamment pour compléter leur formation. Ainsi s’exprime concrètement une vision globale du rôle de l’entreprise, qui se veut un acteur à impact social positif, au-delà d’être un fournisseur emploi.

Côté activité, tout va bien ! Les produits Zabbaan sont référencés dans de « grandes maisons », par exemple la chaîne malienne et ouest-africaine du Groupe Azalaï Hôtel, et « dès le début d’activité, nous étions présents en région parisienne, puis en France, en réponse à la demande de la diaspora, qui est venue vers moi pour avoir nos produits », explique Aïssata.
Aujourd’hui, 60 % de la production est exportée, et la jeune dirigeante se pose la question d’implanter un site de conditionnement… en France, montrant ainsi avec d’autres entrepreneurs africains – par exemple le Marocain Karim Bernoussi, PDG fondateur d'INTELCIA – que l’on peut être un(e) entrepreneur(e) du Sud et créer de l’emploi en France et en Europe.

Une vision panafricaine

Autres faits remarquables : Zabbaan est aujourd’hui la première entreprise malienne à assurer la livraison de ses produits au domicile, ou au bureau.

Mais un autre élément est encore plus important : « Avec mes produits, je raconte une histoire culturelle africaine, car nous les préparons à partir de recettes traditionnelles de nos mères et nos grands-mères. C’est pourquoi je dis que sans les femmes, Zabbaan n’existerait pas ! » affirme Aissata.

Mais Zabbaan existe bel et bien, et le plus bel avenir lui semble promis, avec sa présidente-fondatrice qui déborde de « passion, détermination et créativité » – c’est ainsi qu’elle définit le profil idéal de l’entrepreneure africaine. Profil qui lui sied d’ailleurs parfaitement : non contente de développer son entreprise, Aïssata veut maintenant organiser une centrale d’achat à la dimension de l’Afrique de l’Ouest, « pour être une force de proposition face aux institutions et travailler avec tous les acteurs de l’écosystème ».


Chapeau, Madame la Présidente !

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