L’Observatoire de la coproduction en Méditerranée

Créé en décembre 2014, l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée vise à démontrer que la coproduction est une piste d’avenir en analysant les politiques industrielles entre les deux rives ainsi que les stratégies des investisseurs euro-méditerranéens, leur comportement, leurs attentes et les difficultés qu’ils rencontrent pour s’insérer dans le tissu local.

Il existe des documents axés sur le suivi du chiffrage des Investissements Directs Etrangers (IDE) en Méditerranée. Néanmoins, avec l’apparition de ces nouvelles dynamiques, telle la coproduction, un travail d’analyse et d’études qualitatives ex post sur dynamiques d’investissements actuellement à l’oeuvre en Méditerranée apparait comme nécessaire.

La connaissance fine de ces stratégies industrielles et servicielles en Méditerranée doit permettre de favoriser le développement de la coproduction et de rendre plus tangible le bénéfice partagé de ce modèle dans la répartition des chaînes de valeur.

L’Observatoire de la coproduction en Méditerranée remplit donc une mission d’observation, de suivi, d’information et de sensibilisation auprès des pouvoirs publics et des entreprises du Nord et du Sud de la Méditerranée, notamment sur des filières d’avenir.

Démontrer que la coproduction est une piste d’avenir et comprendre les stratégies industrielles entre les deux rives : le programme de l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée remplit une mission d’information et de sensibilisation auprès des pouvoirs publics et des entreprises du Nord et du Sud de la Méditerranée.

Les travaux de l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée ont pour objectifs de :

• repérer les différents types d’investissement que drainent l’espace méditerranéen : IDE greenfield et brownfield, sous-traitance, relocalisation, co-production, investissements financiers notamment à travers les fonds de capital investissement locaux etc. ;

• mesurer dans plusieurs secteurs la part importée des produits exportés et la part des flux qui relève du transit vers des marchés tiers notamment en Afrique sub-saharienne ;

• comprendre les alliances entre entrepreneurs du Nord et entrepreneurs du Sud qui occasionnent un échange équitable au profit des économies du Nord et du Sud (promotion du partenariat) ;

• identifier et analyser les secteurs porteurs pour le développement de la coproduction en Méditerranée ;

• identifier les obstacles (mobilité des capitaux, mobilité des personnes, sécurité des investissements…) à lever pour faciliter la progression des investissements les plus bénéfiques pour les deux rives de la Méditerranée.

Origines du concept
Inspiré par la théorie du vol des oies sauvages développée par l’économiste japonais Kaname Akamatsu dans les années 1930 puis reprise par d'autres théories comme celle de Heckscher-Ohlin-Samuelson ou celle du spécialiste des multinationales Raymond Vernon, le concept de coproduction, également connu sous le terme « d’industrie industrialisante », a été illustré par plusieurs expériences.

La première application est venue du Japon qui, dès les années 1960, a amorcé un étalement de son système productif industriel avec ses voisins qui allaient devenir les « Dragons » (la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour) puis les « Tigres » (la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie, le Viêt Nam et les Philippines). En Europe, suite à la chute du Mur de Berlin en 1989, les entreprises allemandes ont colocalisé, avec succès, une partie de leur production dans les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO). A partir de 1994, le cadre de l’ALENA a permis l’explosion de l’industrie maquiladora qui a porté le dynamisme des relations industrielles entre les Etats - Unis et le Mexique.

Caractéristiques de la coproduction
Malgré des divergences régionales, ces différentes expériences font toutes ressortir une constante : la fabrication, par un pays donneur d'ordres, de composants intermédiaires industriels à forte valeur ajoutée par une main d'œuvre qualifiée mais moins onéreuse et sur la base d'un partenariat, dans un pays étranger.

Perçue comme une alternative moins péjorative à la délocalisation, la coproduction repose sur le partage de la chaîne des valeurs et un partenariat plus équilibré Nord/Sud, mais également Sud/Sud.

Le bénéfice de la coproduction est donc double : elle produit des effets de compensation qui ont un impact positif sur l'emploi et la compétitivité de l'entreprise commanditaire. Dans un premier temps, certes, le donneur d'ordre substitue des travailleurs étrangers à la production nationale. Cependant, rapidement, sa compétitivité coûts et hors coûts s'en trouvent accrues, ce qui lui permet de gagner des parts de marché, d'investir, et donc de créer des emplois. Quant au pays exécutant, le bénéfice le plus important réside dans les transferts technologiques, la formation, la professionnalisation de la main-d’œuvre et un relèvement du niveau des filières industrielles

Définition du concept
La position de l’Observatoire revient ainsi à définir aujourd’hui la coproduction comme suit : Développement conjoint d’une chaîne de valeur, intégrant au moins un acteur du Sud, et engageant les investissements dans la durée.

Cette définition comprend 4 idées indissociables qu’il était nécessaire de capturer dans notre contexte :

• le développement d’une chaîne de valeur, pour que la coproduction génère une valeur ajoutée localement et à chaque étape de son cycle, et donc pour toutes les parties prenantes

• la notion de partenariat, et non de sous-traitance, pour un partage équitable de ces gains

• l’ancrage ou la présence d’au moins un partenaire du Sud. La coopération peut alors aussi bien être Sud/Sud, que Sud/Nord ou encore Nord/Sud

• des investissements durables, impliquant une planification à long terme, mise en œuvre conjointement sans volonté de faire un « coup » à court terme.

La méthodologie utilisée pour la réalisation de ces travaux est la suivante :

• revue documentaire de la littérature existante en matière de stratégies industrielles des pays euro-méditerranéennes de l’échantillon (Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Turquie et Allemagne, Espagne, France, Italie) ;

• collecte de données quantitatives et production de statistiques homogènes pour mesurer les tendances dans chaque pays, en fonction de l’origine des investissements, de la taille des entreprises et des secteurs d’activités concernés ;

• enquêtes auprès de chefs d’entreprise, d’administrations publiques et d’experts et analyse micro-économique des différents types d’investissements afin :

• d’identifier leurs impacts sur la compétitivité des entreprises du Nord et du Sud (résultats financiers, accroissement des parts de marché intra- et extra-régionales, etc.) ;
• d’analyser la création simultanée d’emplois au Nord et au Sud et la qualité des emplois créés ;
• de produire des recommandations pour informer et sensibiliser les pouvoirs publics et les opérateurs privés des deux rives de la Méditerranée à la nécessité de mettre en place de mesures incitatives aux bonnes pratiques de la coproduction.

Pour faire ressortir des tendances et informations immédiatement utiles, l’échantillon a été restreint à 11 pays au sein de l’Observatoire.

• Parmi les 28 pays de l’Union Européenne (UE28), seront considérés l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie, regroupés sous le label UE 4.

• Parmi les 12 Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM12) ont été retenus l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Tunisie et la Turquie dénommés pour les besoins de l’exercice PSEM 7.

L’Observatoire ayant également pour mission de proposer aux pouvoirs publics des recommandations pour lever les freins à la coproduction, l’IPEMED souhaite, en 2017, consolider sa réflexion par un chantier complémentaire sur « l’industrialisation du Nord de l’Afrique, du Maroc à l’Egypte ». Celui-ci sera destiné à sensibiliser les décideurs politiques et économiques d’Europe et du Nord de l’Afrique autour du potentiel d’industrialisation de la zone en partenariat avec l’Europe.

Porté par l’IPEMED, l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée rassemble, en plus des membres fondateurs d’IPEMED, différentes institutions convaincues du modèle vertueux qu’induit la coproduction et engagées pour son développement en Méditerranée.

Ces institutions sont :

  • Bpifrance ;
  • Le Conseil Régional d’Ile – de – France ;
  • La Chambre de Commerce et d’Industrie Régionale Paris – Ile-de-France ;
  • L’Union pour la Méditerranée.

 L’IPEMED peut également s’appuyer sur IPEMED Tunisie, antenne de l’Observatoire basée à Tunis et présidée par Noureddine HAJJI, Directeur Général EY Tunisie.