Retour sur la conférence de présentation de l’étude Tunisie

Lundi 11 Avril 2016

Le 23 mars 2016 de 9h à 11h, l'IPEMED et Bpifrance ont organisé une conférence de présentation de l’étude « Coproduction en Tunisie : Contexte, réalisations et perspectives », seconde publication de l’Observatoire de la coproduction.

Suite à l’introduction de Pascal LAGARDE, Directeur Exécutif en charge de l'International, de la Stratégie, des Etudes et du Développement chez Bpifrance, Jean-Louis GUIGOU, Président d’IPEMED, a insisté sur l’importance de la coproduction pour développer l’intégration économique entre l’Europe, la Méditerranée et, bientôt, l’Afrique subsaharienne. En s’appuyant sur les expériences du Japon avec les Dragons puis les Tigres et de l’Allemagne avec les Pays d’Europe Centrale et Orientale, Jean-Louis GUIGOU a démontré que le développement de la coproduction entre l’Europe et les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée permettrait aux pays européens de trouver de nouveaux relais de croissance tout en favorisant la montée en gamme des économies sud-méditerranéennes. Le développement de ce nouveau modèle permettrait alors aux PSEM de capter une partie des 85 millions d’emplois manufacturiers qui devraient, selon la Banque Mondiale, quitter la Chine dans les prochaines années et ainsi répondre, en partie, aux défis économiques et sociaux engendrés par les forts taux de chômage des PSEM.

Au cours de son intervention Martin FLEURY, économiste de l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée, a rappelé que malgré la résilience de l’économie tunisienne, la croissance actuelle est insuffisante pour résorber le chômage. Avec un taux moyen de 1,5% depuis 2012, la croissance tunisienne est loin des 4% nécessaires à toute réduction durable du chômage.

Cette situation s’explique notamment par la trop faible diversification de l’économie tunisienne que ce soit en termes de secteurs ou de partenaires. En effet, alors que le tourisme est en grande difficulté du fait de la dégradation sécuritaire, l’industrie n’a pas connu une montée en gamme suffisante pour pallier les faiblesses conjoncturelles, voire structurelles, du secteur touristique. Les difficultés économiques de l’Europe, qui représentent près de 80% des débouchés tunisiennes, expliquent également le ralentissement de l’économie tunisienne.

Principal partenaire commercial de la Tunisie, l’Europe est également le principal pourvoyeur d’IDE, l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie représentant à elles seules 25% des IDE entrants. La crise de 2008 couplée aux Révolutions arabes a alors engendré une baisse des IDE européens. Malgré la persistance d’un stock d’IDE s’élevant à près de 65% du PIB, ceux-ci créent encore trop peu d’emplois et, étant concentrés à 42% dans le Gouvernorat de Tunis, reproduisent largement les inégalités régionales.

Face à ce constat sévère, la Tunisie ne manque pas d’atouts pour réussir sa transition économique. Ayant réussi sa transition politique et jouissant d’une position géographique avantageuse, la Tunisie peut s’appuyer sur une main d’œuvre jeune et qualifiée ainsi que sur une forte tradition industrielle propice au développement d’une coproduction de qualité. Cette montée en gamme est également rendue possible par l’existence d’entreprises de pointe dans chaque secteur clé, qu’ils soient historiques (TIC, Industrie mécanique et Textile) ou d’avenir (Energies renouvelables, Santé et Pharmaceutique et Agro-industrie).

Deux entrepreneurs sont alors venus témoigner de leur expérience de coproduction entre la France et la Tunisie. Mongi ZIDI, PDG de la PME numérique Archimed, a présenté l’opportunité qu’a représenté pour son entreprise l’ouverture de sa filiale en Tunisie en 2000, insistant notamment sur la bonne synergie des équipes, la complémentarité des compétences et ses perspectives de développement sur des marchés tiers.

Amine BEN AYED, Directeur Général de Misfat, a lui insisté sur les bénéfices de la coproduction Sud-Nord engagée par son groupe. Le rachat de l’entreprise française Solaufil en 2009 a permis à son groupe d’accéder à des technologies de pointe, aux normes européennes et, de ce fait, au marché européen. Permettant un accroissement signifactif du chiffre d’affaires du groupe, cette opération a également permis à Misfat de créer de l’emploi en France et en Tunisie.

Clôturant les débats, Miguel-Angel MORATINOS, ancien Ministre espagnole des Affaires Etrangères et Président du Comité d’Orientation Politique d’IPEMED, a rappelé l’urgence du développement et de l’intégration économique en Méditerranée. Rappelant que les Révolutions arabes sont en parti nées des frustrations économiques, il a insisté sur la nécessité de promouvoir un modèle économique durable et inclusif dans les PSEM, que favoriserait la mise en place d’un partenariat euro-méditerranéen renouvelé autour du concept de coproduction.

 

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