6e édition du Forum mondial de l’eau: Vers des partenariats régionaux

Samedi 17 Mars 2012
Morgan Mozas, Chef de projet Ipemed.

"Il n'y a aucune raison qu'il existe une Organisation mondiale du commerce et pas une Organisation mondiale de l'environnement", a déclaré le Premier ministre François Fillon dans son discours d’ouverture de la 6e édition du Forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Marseille du 12 au 17 mars et auquel ont participé près de 35000 personnes. Il a rappelé à cette occasion que 2,5 milliards de personnes n'avaient toujours pas accès à une eau salubre et que les progrès avançaient encore trop lentement. Toutefois, sans attendre de grandes réorganisations intergouvernementales, des solutions concrètes et des engagements effectifs peuvent être pris par tous les décideurs de l’eau pour apporter des réponses aux enjeux croissants de préservation et de gestion de l’eau. C’est dans cet esprit que cette 6e édition, intitulée Le temps des solutions, était organisée pour encourager aussi bien les gouvernements, les autorités locales, les professionnels de l’eau, les ONGs, les bailleurs de fonds ou la société civile à prendre des engagements concrets à leur échelle.

 

1400 solutions

Dans les mois qui ont précédé cette rencontre, les parties prenantes ont été invitées à déposer sur la plateforme des solutions  une idée ou un projet, existant ou innovant, pouvant apporter une réponse locale, transfrontière ou nationale à un problème d’eau ou d’assainissement dans le monde. 1400 solutions ont été publiées sur cette plateforme dont l’existence doit être pérennisée pour devenir un lieu d’échanges et de suivi jusqu’au 7eForum qui se déroulera en Corée du Sud en 2015. Ces solutions portent sur une dizaine de thèmes qui touchent aussi bien à des besoins essentiels (garantir l’accès à l’eau pour tous et le droit à l’eau) à des aspects économiques et environnementaux (harmoniser l’eau et l’énergie) ou aux conditions de réussite pour les actions menées dans l’eau (financement de l’eau).

Un forum de l’eau alternatif réunissant deux mille personnes s’organisait au même moment au port de Marseille pour contester l’organisation et le budget du Forum, et la gestion de l’eau par le secteur privé. Il appelait à la création d’une organisation de l’eau gérée par l’ONU et qui serait assortie d’un tribunal international de l’eau. Ces revendications auraient pu être exprimées au sein du Forum mondial de l’eau qui est l’occasion unique tous les trois ans de faire débattre tous les acteurs des problématiques liées à l’eau. La participation, en constante progression, à cette rencontre, qui s’organise régulièrement depuis 1997, démontre la volonté des acteurs institutionnels, économiques et de la société civile de se saisir de ces questions. Progressivement, les messages portés au Forum mondial induisent de nouvelles pratiques et contribuent à l’adoption de nouveaux principes. À la suite du Forum d’Istanbul organisé en 2009, l’Assemblée générale des Nations unies avait énoncé dans une résolution en 2010 que «le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de l’homme.» mieux coopérer Paradoxalement, cette rencontre d’envergure mondiale conforte l’idée qu’il faut s’organiser et mieux coopérer au niveau local ou régional pour répondre aux multiples enjeux de l’eau. Les processus régionaux du forum contribuent à développer dans le temps des logiques de partenariats régionaux. Le processus intercontinental méditerranéen, qui a été animé par plusieurs sessions et événements parallèles au cours de la rencontre, souhaite notamment pérenniser un forum régional méditerranéen de l’eau. Parmi les orientations proposées: l’amélioration des rendements de réseaux d’eau potable (jusqu’à 85%), la réutilisation totale, d’ici 2020-2025, de l’eau usée traitée, la mutualisation du traitement des effluents industriels avec un objectif de traitement de 50% du potentiel de rejet des eaux usées industrielles, etc.

Au cours d’un événement parallèle, Ipemed a présenté le projet de mutualisation des compétences de réseaux et institutions de l’eau qui agissent dans divers domaines (information, formation, prospective, recherche-innovation…). Cette initiative partagée avec le Semide et l’Oieau vise à proposer un outil interdisciplinaire d’appui aux décideurs de l’eau via la constitution d’un Réseau méditerranéen de ressources sur l’eau.



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