WWF8 : Retour sur la session « Économie circulaire : REUT en Méditerranée et impacts sur les territoires »

Vendredi 13 Avril 2018
Kelly ROBIN & Eric MINO

 

Le Forum Mondial de l’Eau a eu lieu à Brasilia, du 18 au 23 mars. Il s’agit de l’un des rares forums où la région méditerranéenne est reconnue comme un espace régional pertinent. Par conséquent, le processus préparatoire mené par l’Institut Méditerranéen de l'Eau (IME) et l’Union pour la Méditerranée (UpM) s’est révélé essentiel pour valoriser les points de vue, le savoir-faire et les solutions des parties prenantes méditerranéennes, en particulier en ce qui concerne les thèmes prioritaires.

En tant que coordinateurs pour le thème urbain, l’Institut de Prospective Économique du Monde Méditerranéen et Medcités ont organisé une série d’ateliers en vue du Forum Mondial de l’Eau. Toutes les études de cas et les recommandations présentées lors de ces sessions ont été compilées dans un document d’orientation intitulé « Réutilisation des eaux usées traitées en Méditerranée et impacts sur les territoires ».

Le 20 Mars, dans le cadre du Forum Mondial de l’Eau, une session a été organisée avec nos partenaires tels que le réseau des villes Euromed, l’Office International de l’Eau (Oieau) et le Système Euro-Méditerranéen d’Information sur les savoir-faire dans le Domaine de l’Eau (SEMIDE).

Cette session « bottom-up » participative visait à :

  • Présenter le contexte méditerranéen, les défis ainsi que les meilleures pratiques en termes de REUT des eaux usées ;
  • Encourager un débat avec le public en vue d’un partage d’expériences.

Deux études de cas ont été présentées grâce à la participation de Giora Shaham, Directeur général de l’Israel National Water Authority, et Pedro Simón, Directeur technique à ESAMUR, l’entité de traitement des eaux usées de la région de Murcie, en Espagne (cf. présentations PowerPoint ci-dessous). En Israël, en Espagne ainsi que dans d’autres pays méditerranéens, l’accès à l’eau potable en quantités suffisantes reste un sujet brûlant en raison de leur situation de stress hydrique structurel, de la pression anthropologique croissante ainsi que des effets prévus du changement climatique. Ces défis offrent toutefois des opportunités de rompre avec les anciennes approches de gestion de l’eau et de passer à des solutions innovantes, telles qu’une approche circulaire de la gestion de l’eau, qui comprend l’utilisation d’eaux usées traitées. L’agriculture étant l’activité la plus consommatrice d’eau dans la région, les agriculteurs sont intéressés par le recours aux eaux usées traitées. Mais dans les deux cas, le succès d’un projet de REUT requiert un cadre réglementaire fort (normes de qualité minimales, selon les différents usages, capacité d’inspection efficace en vue de l’application de la loi), des équipements, un traitement de qualité, la viabilité financière de l’opération, ainsi que des capacités de gouvernance et de contrôle.

Les chercheurs peuvent aider les autorités publiques à mieux comprendre les spécificités locales, afin d’adapter un projet de REUT à l’usage souhaité et d’évaluer son impact sur le développement du territoire dans lequel il est mis en place. L’approche interdisciplinaire présentée par José Martinez, Directeur adjoint aux Affaires internationales à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA) en France, pourrait être un outil utile pour influencer la prise de décisions.

Comme l’a expliqué Raphaëlle Primet, Vice-présidente du SIAAP, il est essentiel d’impliquer les parties prenantes locales (représentants élus, citoyens, etc.), dès le départ, dans la gouvernance des projets de REUT afin de garantir le succès et la durabilité des initiatives. Cela permet d’assurer une confiance mutuelle entre les autorités, les opérateurs et les utilisateurs.

Enfin, à la demande de deux modérateurs, Kelly ROBIN, Responsable des projets de l’IPEMED et Eric MINO, Directeur du SEMIDE, le public et les panélistes ont, pour la plupart, approuvé les recommandations suivantes en termes de REUT :

  • MIEUX ANTICIPER : Adapter l’approche GIRE de façon prospective aux défis à venir relatifs au changement climatique, à l’urbanisation et à la croissance démographique.
  • MIEUX COMPRENDRE : Renforcer les connaissances dans le domaine de l’assainissement ; le travail de collecte des données devrait être confié à des groupes nationaux compétents dans le domaine des « eaux usées » et standardisé à l’échelle euroméditerranéenne.
  • MIEUX PLANIFIER : Mettre en place une approche circulaire et durable, afin de proposer une eau usée traitée qui soit adaptée à ses futurs usages, tout en intégrant dans le projet de REUT la chaîne de recyclage dans son ensemble, du rejet des eaux usées à leur réutilisation. Favoriser les circuits courts afin de valoriser les activités locales. Recourir à une approche sous forme de nexus eau-énergie-agriculture afin de tirer le meilleur profit des solutions potentielles.
  • MIEUX INTÉGRER : Utiliser l’approche REUT peut renforcer les liens entre une ville et son territoire. Développer l’assainissement et la REUT dans les espaces ruraux et périurbains, souvent à la traîne par rapport aux centres urbains, via une approche décentralisée et des solutions naturelles. Impliquer les communautés locales (en particulier les autorités locales), dès le commencement, dans la gouvernance des projets.
  • MIEUX SUPERVISER : Adopter une approche plus flexible, pragmatique et ambitieuse de la REUT dans les stratégies nationales, en particulier en facilitant le développement des projets décentralisés. Créer un cadre interrégional normatif sur les eaux usées et les sous-produits issus du traitement.
  • MIEUX FINANCER : Développer des modes de financement des projets, en particulier en faisant appel au secteur privé (PPP). Amortir l’investissement, recouvrer les frais et développer des projets durables via une approche innovante en termes de tarification et de création de valeur sur site.
  • MIEUX INFORMER : Impliquer la société civile en développant des outils de sensibilisation, afin d’informer les populations sur la nécessité de contrôler la consommation d’eau. Faciliter la coopération entre les sphères politique, économique et académique. Prendre en compte les obstacles culturels et religieux, s’ils représentent une source de préoccupation en ce qui concerne la REUT, afin de trouver des solutions.
  • MIEUX COOPÉRER : Développer des initiatives de coopération sud-nord, nord-sud et sud-sud sur la REUT, éventuellement via la création d’un cadre de gouvernance interrégional, capable de lancer des projets innovants. Encourager le partage d’expérience et de technologie afin de stimuler les capacités des pays de la région.

 

 

Traduction depuis l’anglais : Anaïs Thieuleux.

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