Conférence IPEMED au Salon Hydrogaia : Quels financements pour quelle gouvernance de l’eau en Méditerranée ?

Mercredi 28 Mai 2014
Caroline Orjebin-Yousfaoui

L’eau est un bien commun menacé en Méditerranée. Les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Psem) sont caractérisés par une situation de stress hydrique structurelle. La région héberge près de 60% de la population mondiale faiblement pourvue en eau  c'est-à-dire dotée de moins de 1000 m3 d’eau/habitant/an. Cette pression devrait s’accentuer dans les années à venir du fait  des pressions anthropiques croissantes  et des impacts du changement climatique. La consommation d’eau devrait ainsi augmenter de 170 km3 à 228 km3 d’ici 2025 dans les Psem, avec une disponibilité par habitant en nette diminution.
La gouvernance de l’eau est donc un enjeu  stratégique dans la région, d’autant que plus de 60% des eaux de surface sont transfrontalières en Méditerranée.

C’est pourquoi IPEMED a souhaité organiser dans le cadre de son partenariat avec la Région Languedoc-Roussillon une conférence sur cette thématique lors du salon international Hydrogaia organisé à Montpellier.
La conférence intitulée «  Quels financements pour quelle gouvernance de l’eau en Méditerranée ? » s’est tenue le mercredi 21 mai en clôture de la première journée du Salon.

Ont participé à cette conférence M. Jean-Louis Guigou, Délégué Général d’Ipemed et M. Abderrahim Ksiri, représentant de la société civile au Conseil Economique, Sociale et Environnemental ( CESE) du Royaume du Maroc. Mme Caroline Orjebin-Youfsaoui, chef de projets eau, énergie et transports à IPEMED animait la table ronde.

La conférence a débuté avec un rappel de l’actualité de la gouvernance de l’eau en Méditerranée marquée notamment par la préparation d’une Stratégie de l’eau pour la Méditerranée Occidentale dans le cadre du dialogue des pays du 5+5, prévue d’ici la fin 2014.

M. Ksiri a ensuite présenté le dernier rapport du CESE marocain sur la gouvernance de l’eau au Maroc. Ce rapport souligne, malgré les résultats encourageants de la politique marocain dans ce domaine, la nécessité d’un changement de paradigme basé sur :
-     une gouvernance plus efficace de l’eau
-    une vision stratégique de l’allocation de l’eau à ses différents usages
-    la mobilisation de financements pour une meilleure prise en compte des  besoins des populations locales notamment en terme d’assainissement

Jean-Louis Guigou  a  enfin présenté le prochain rapport d’Ipemed sur les financements innovants dans le secteur de l’accès à l’eau et à l’assainissement. Près de 17 milliards de dollars sont nécessaires chaque année dans les Psem pour construire de nouvelles infrastructures permettant de répondre aux besoins des populations et garantir l’entretien des infrastructures existantes.  Ces montants sont élevés mais les investissements dans ce secteur rapporteraient aux Etats du Sud et de l’Est de la Méditerranée des montants similaires par les bénéfices économiques et sociaux engendrés. Or aujourd’hui l’Aide Publique au Développement, qui finance en grande partie ce secteur dans les Psem, n’est que de 1,5 milliards de dollars par an. 

Le rapport d’IPEMED propose une série de mécanismes de financements innovants, qui, combinés, pourraient rapporter plus de 60 milliards de dollars par an. Présenté en avril 2014 à un comité de parrainage composé de personnalités du monde politique, ce rapport devrait faire l’objet d’un portage politique pour créer une Agence chargée de financer des projets d’accès à l’eau potable et d’assainissement des Psem à partir des financements innovants collectés.

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