Séminaire de restitution d’étude – Qualité des eaux de baignade et effets du Pavillon Bleu sur l’assainissement et le tourisme dans les pays méditerranéens

Vendredi 12 Juillet 2013
Morgan Mozas

Plusieurs coordinateurs nationaux du Pavillon Bleu de pays méditerranéens (France, Turquie, Tunisie, Maroc), ainsi que des représentants de collectivités, sociétés de services de l’eau et opérateurs touristiques ont été conviés au siège d’IPEMED le vendredi 5 juillet pour prendre connaissance des premiers diagnostics et recommandations de l’étude « Qualité des eaux de baignade, et effets de l’écolabel Pavillon Bleu pour améliorer l’assainissement et le tourisme dans les pays méditerranéens ».

L’étude lancée par IPEMED en mars 2013 vise à évaluer l’impact du label Pavillon Bleu sur l’assainissement et le tourisme dans plusieurs collectivités labellisées ou cherchant à le devenir dans la région méditerranéenne et à proposer des pistes d’amélioration de cet outil au niveau euro-méditerranéen.

Cette initiative est partagée par la plupart des coordinateurs nationaux du Pavillon Bleu des pays du bassin méditerranéen qui n’avaient pas entrepris jusqu’à cette rencontre des démarches d’échanges d’expérience entre eux ou envisagé des actions d’envergure régionale.

Salma Chekkouri, consultante et rédactrice de l’étude, souligne qu’au cours de ces dernières années, les approches de gestion des plages et les critères de qualité des eaux de baignade ont beaucoup évolué dans les pays de la région.  On relève une standardisation des critères de qualité d’eau de baignade dans les pays nord méditerranéens avec l'entrée en vigueur progressive d'une nouvelle directive européenne (de 2006), tandis que du côté sud du bassin, les pays continuent d’œuvrer pour une mise à niveau normative et une amélioration continue de la qualité des eaux de baignade. Le rapport présentera les similitudes et différences qui existent entre les différentes réglementations relatives à la surveillance, au contrôle et à la gestion de la qualité des eaux de baignade.

Il a été souligné que le mécanisme de profil d’eau de baignade, prévu dans la nouvelle directive européenne et dans le nouveau critère « eau de baignade » du Pavillon Bleu français, permet d’identifier plus facilement les sources de pollution pouvant affecter la qualité des eaux de baignade. Les collectivités doivent effectuer les mesures nécessaires pour évaluer les risques de pollution potentielles. Ces mesures nécessitent des analyses approfondies et techniques qui appellent parfois la compétence de professionnels. Le Directeur de la société Rivages Protech, spécialisé dans l’établissement des profils d’eau de baignade, a indiqué que le développement de ce mécanisme permettait de mieux prédire et anticiper les pollutions aquatiques. Cette société est souvent sollicitée pour former le personnel des collectivités aux prélèvements.

S’agissant de l’application du Pavillon Bleu dans les pays méditerranéens, les premiers éléments de l’étude, complétés par les remarques des coordinateurs nationaux présents au séminaire, indiquent que les circonstances de son adoption varient selon les pays. Le Maroc a décidé la mise en œuvre du Pavillon Bleu dans le pays pour récompenser les efforts engagés par des collectivités en faveur de la propreté des plages, de l’amélioration des équipements et du développement de l’assainissement. La Tunisie a opté pour son application dans le pays à la suite de pollutions dans le grand Tunis et pour favoriser le tourisme. La volonté d’assurer une bonne qualité de l’eau de baignade et des services d’assainissement fiables ont incité la France à la création de ce label en 1985. Celui-ci est appliqué aujourd’hui dans la majorité des pays nord méditerranéens, en Turquie, Jordanie, Tunisie et Maroc. L’opportunité et la perception du label par les résidents de la collectivité labellisée (ou cherchant à le devenir) et les touristes diverge également selon les pays et les régions. Le Pavillon Bleu est parfois perçu comme un label à connotation fortement touristique. Il est aussi souvent compris comme la preuve d’un fort engagement environnemental de la collectivité labellisée. Ces deux aspects reflètent l’étendue du Pavillon Bleu qui dispose à côté du critère d’eau de baignade, le critère d’éducation à l’environnement, de gestion de l’environnement et de sécurité.

La question du financement du label par les collectivités labellisées a également été posée. Si les collectivités françaises et turques labellisées paient une contribution, ce n’est pas le cas pour les collectivités labellisées marocaines et tunisiennes. Ces contributions permettent de donner plus de moyens aux coordinateurs nationaux pour agir en faveur du renforcement du label. La mise en œuvre d’autres taxes ou une meilleure redistribution des recettes générées par les taxes touristiques permettraient de mobiliser des fonds supplémentaires pour accompagner les actions de protection de l’environnement initiés par le Pavillon Bleu. Le Pavillon Bleu jouit d’une grande notoriété auprès des opérateurs touristiques en Tunisie qui peuvent obtenir également une labellisation en qualité de personne privée.

Les effets observés du Pavillon Bleu sur l’assainissement et le tourisme dans les différents pays méditerranéens ne sont pas tous semblables. En raison de la nouvelle réglementation progressivement mise en œuvre en France et en Europe (Directive 2006), certaines collectivités du littoral n’estiment pas nécessaires d’avoir la labellisation du Pavillon Bleu. Le nombre d’analyses et les exigences environnementales plus élevés distinguent pourtant le label de la réglementation. D’autres collectivités ayant perdu le Pavillon Bleu ont à l’inverse mis tous les moyens en œuvre pour récupérer le label en améliorant le traitement des eaux usées. Par ailleurs, le coordinateur national turc souligne qu’en Turquie la collectivité qui veut être labellisée avec le Pavillon Bleu doit, depuis 2000, construire une station de traitement des eaux usées. Dans ce cas, le label joue alors un rôle très incitatif.
Plusieurs recommandations ont été proposées par les participants du séminaire en faveur d’un meilleur engagement des opérateurs touristiques dans le label, d’une convergence des critères et des pratiques, de l’information et de la sensibilisation du public et des collectivités, et de la mise en œuvre de projets communs entre les coordinateurs nationaux du Pavillon Bleu dans le bassin méditerranéen.

Le rapport final sera publié au mois d’octobre 2013.

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