L'Economie Sociale et Solidaire dans les 3 pays du Maghreb

La crise économique et l’ouverture des marchés dans le cadre de la mondialisation contribuent à limiter les moyens des Etats pour faire face seuls aux défis liés à la résorption du chômage, aux nouvelles formes de pauvreté et à la dégradation de l’environnement. Cette situation a favorisé l’émergence d’un autre secteur, autre que l’Etat et le secteur privé, qui essaye d’apporter une contribution à la résolution de problèmes sociaux et économiques. Il s’agit de l’économie dite sociale et solidaire -SCOP, Mutuelles, activités liées à l’insertion, services à la personne etc.- qui se caractérise par une gouvernance démocratique, une gestion éthique et un partage égalitaire des salaires et/ou des profits..

L’économie sociale prend plusieurs appellations en fonction du contexte et du référentiel culturel. C’est ainsi qu’on parle du « non-profit organisations» aux Etats-Unis, du «volontary sector » au Royaume Uni, de l’économie sociale et solidaire, de l’économie populaire, de l’économie de développement communautaire dans le monde francophone et en Amérique latine. Pour désigner le même secteur on parle parfois également d’un tiers secteur à finalité sociale, d’un tiers secteur d’économie de proximité, ou encore d’un secteur accompagnateur des deux secteurs privé et public Toutes ces définitions désignent un ensemble d’activités économiques et sociales exercées par des organisations relevant de la société civile et parfois de type coopératif.

Ce type d’organisations s’est développé partout dans le monde, dans des pays aussi bien développés qu’en développement, et apporte une contribution non négligeable aux économies nationales.

L’Islam sert lui aussi de référence majeure pour de nombreuses initiatives de ce secteur. Ainsi, des banques dites islamiques cherchent à développer des pratiques non-capitalistes et refusent le principe de l’intérêt sur le capital. Cela se traduit par des réalisations très proches de ce que l’on définit habituellement en Occident comme l’économie sociale. La Grameen Bank, au Bangladesh, est un bel exemple de projet marqué par la culture musulmane. La philosophie de la Grameen Bank offre une lecture émancipatrice de l’Islam et souligne le rôle central que les femmes ont à jouer dans le développement, tout particulièrement celles qui sont les plus faibles sur le plan économique.

Dans les pays du Maghreb, la culture de solidarité, d’entraide et de travail collectif ont toujours fait partie des traditions et des pratiques des populations locales. Toutefois, l’émergence de l’économie sociale sous une forme structurée et organisée, notamment pour sa composante associative est relativement récente dans les 3 pays du Maghreb. Au Maroc et en Tunisie, l’organisation du secteur date des années 1980 et du début des années 1990 suite à l’application de programmes d’ajustement structurel. En Algérie, l’économie sociale sous sa forme moderne est apparue en 1996, afin d’atténuer les effets de la transition vers l’économie de marché, qui s’est accompagnée d’un accroissement des exclusions, de la pauvreté et du chômage.

Les organisations de l’économie sociale, particulièrement les associations, se sont développées dans le Maghreb et ont pris du terrain dans plusieurs domaines longtemps réservés à l’Etat : la fourniture des services et des équipements de base, notamment dans le monde rural, la lutte contre l’analphabétisme, la création et l’accompagnement de projets de développement, la promotion et l’intégration de la femme dans le circuit économique, la promotion d’activités génératrices de revenus etc. L’atout majeur des entreprises de l’économie sociale réside dans leur proximité des populations et leur connaissance du terrain.