COP21 - Idées innovantes d'IPEMED pour accompagner les politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique en Méditerranée

Vendredi 11 Décembre 2015
Kelly ROBIN et Marie HEINLY

En 2009, Stéphane Hallegatte, Samuel Somot et Hypatie Nassopoulos remarquaient, à partir des rapports du GIEC, que le bassin méditerranéen est une des régions du globe où les modèles s’accordent le plus sur les impacts du changement climatique (IPEMED, 2009). Ce constat a été corroboré par des rapports plus récents qui identifient la région « MENA » comme un « point chaud » du changement climatique en raison de sa vulnérabilité aux conséquences d’une hausse moyenne des températures d’ici 2100 (+2°C dans le cadre du scénario le plus optimiste). Les risques liés au changement climatique seront d’autant plus élevés que la région doit d’ores-et-déjà région doit faire face à un certain nombre de défis : pénurie physique en eau, déficit en produits alimentaires de base, étalement urbain non contrôlé sur les côtes, hausse de la demande en énergie, etc.  

Se pose alors la question de la lutte contre les effets ressentis et anticipés du changement climatique dans le cadre des principes de proximité, de complémentarité et de solidarité entre les pays de la région méditerranéenne. IPEMED promeut ainsi une approche innovante, intégrée, articulée autour du renforcement de la coopération entre rives Nord, Sud et Est de la Méditerranée, et de solutions sectorielles partagées.


C’est pourquoi Kelly Robin, Chef de projets Infrastructures et ressources naturelles au sein d’IPEMED, ainsi que les experts associés à IPEMED, Louis Boisgibault et Jean-Louis Rastoin, sont intervenus en marge de la COP21, le 2 décembre, pour présenter plus spécifiquement les enjeux énergétiques et agro-alimentaires en Méditerranée, ainsi que les projets portés par IPEMED.

Plaidoyer pour une Communauté Méditerranéenne de l’Energie pour favoriser une transition énergétique concertée en Méditerranée

L’intervention de Louis Boisgibault, enseignant-chercheur à Sorbonne Universités, Paris Sorbonne, ENEC, et dont la présentation est disponible ci-dessous, a ainsi débuté par le constat suivant : au Nord de la Méditerranée, l’Union européenne a fixé des objectifs contrastés en matière de réduction des émissions de GES, mais, la proximité, l’interdépendance et les complémentarités qui lient les pays des deux rives ont amené la Commission européenne à réfléchir à une coopération régionale plus approfondie en matière énergétique. Au Sud et à l’Est de la Méditerranée, les engagements affichés pour la COP21 sont ambitieux mais leur réalisation reste conditionnée au soutien international. Or si la mise en exploitation de la première phase (160 MW Noor 1) du complexe solaire d’Ouarzazate confirme le succès du projet pour les Marocains, il met en évidence l’échec de la coopération euro-méditerranéenne ; les entreprises européennes n’ayant pas su se concerter pour monter une offre gagnante. La COP21 et surtout la COP22 au Maroc pourraient favoriser l’approfondissement des relations euro-méditerranéennes, lancer voire opérationnaliser les plateformes énergétiques euro-méditerranéennes mises en place en 2015 et encourager à terme la mise en place d’une véritable Communauté Méditerranéenne de l’Energie.

Sécurité alimentaire et changement climatique : l’impératif d’une Politique alimentaire euro-méditerranéenne (PACEM) qui intègre l’enjeu des systèmes alimentaires territorialisés (SAT)

Jean-Louis Rastoin, Professeur émérite Montpellier SupAgro et Directeur de la Chaire Unesco en Alimentations du monde, a pris appui sur le poids du secteur agricole dans les PSEM et la triple insécurité alimentaire qui pèse dans ces pays pour plaider pour un changement de paradigme agricole et agro-alimentaire. Pour cela, l’expert associé à IPEMED a présenté le concept de « système alimentaire territorialisé » qui peut être défini comme un « ensemble de filières agroalimentaires localisées dans un espace géographique de dimension régionale et coordonnées par une gouvernance territoriale ». Pour illustrer les atouts des SAT et leur contribution à la résilience des territoires méditerranéens face au changement climatique, le projet de cluster agro-écologique dans la vallée de la Medjerda (Tunisie) a été mobilisé. Cette étude de cas, extraite de l’article co-rédigé avec Mahjouba Zaiter et Zied Ben Youssef, démontre les impacts socio-économiques, environnementaux et organisationnels liées à la réhabilitation de la race ovine sicilo-sarde dans la région de Béja, la mise en place de circuits-courts et d’un modèle de production durable. C’est pourquoi dans ses travaux, IPEMED propose la mise en place de partenariats agricoles Nord-Sud et Sud-Sud renouvelés, basés sur les filières intégrées dans des systèmes alimentaires territorialisés capables de relever les défis du développement durable, et notamment celui du changement climatique.

Ces deux pistes de coopération visant à favoriser l’atténuation et/ou l’adaptation au changement climatique en Méditerranée appellent ainsi à un renouvellement du partenariat euro-méditerranéen. S’appuyant sur l’étude publiée par IPEMED en 2012 sur la contrainte carbone en Méditerranée, Louis Boisgibault a plaidé également pour la mise en place de mécanismes de financement adéquats et ambitieux, étant donné le faible impact du Mécanisme de Développement Propre (MDP) en Méditerranée et en Afrique, en général, et les besoins affichés par les PSEM dans leurs contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) pour la COP21.  

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