Retour sur la COP22 : les idées défendues par l’IPEMED

Mercredi 30 Novembre 2016
Kelly ROBIN

Anticiper, fédérer et « co-agir »

En 2009, Stéphane Hallegatte, Samuel Somot et Hypatie Nassopoulos remarquaient déjà, à partir des rapports du GIEC, que le bassin méditerranéen est une des régions du globe où les modèles s’accordent le plus sur les impacts du changement climatique (IPEMED, 2009). Ce constat a été corroboré par des rapports plus récents qui identifient la région « MENA » comme un « point chaud » du changement climatique en raison de sa vulnérabilité aux conséquences d’une hausse moyenne des températures d’ici 2100 (+2°C dans le cadre du scénario le plus optimiste). Les risques liés au changement climatique seront d’autant plus élevés que la région doit d’ores-et-déjà faire face à un certain nombre de défis : pénurie physique en eau, déficit en produits alimentaires de base, étalement urbain non contrôlé sur les côtes, hausse de la demande en énergie, taux de chômage croissant des jeunes, etc.

Se pose alors la question de la lutte contre les effets ressentis et anticipés du changement climatique dans le cadre des principes de proximité, de complémentarité et de solidarité entre les pays de la région méditerranéenne. IPEMED promeut ainsi une approche multi-acteurs intégrée, articulée autour du renforcement de la coopération entre rives Nord, Sud et Est de la Méditerranée, et de solutions sectorielles partagées. Dans cette optique, l’IPEMED souhaite œuvre à la réconciliation des agendas climatique et de développement, et mettre en perspective les co-bénéfices de l’action climatique en matière de création d’emplois et de filières industrielles à haute valeur ajoutée, de préservation de la biodiversité et du patrimoine méditerranéen, de santé, etc.

Porter la voix de la Méditerranée à la COP22…

Ainsi, si le défi climatique est un enjeu global, il y a à la fois un intérêt commun et une urgence à y apporter une réponse à l’échelle régionale. Le succès des deux premières éditions du Forum Méditerranéen pour le climat, auxquelles l’IPEMED a participé, atteste du potentiel de cette coopération autour de solutions adaptées au contexte méditerranéen.

C’est dans cette optique que l’IPEMED accueille favorablement la mise en place d’un groupe d’experts méditerranéens sur les changements climatiques et environnementaux (MED-ECC), et a nourri l’Agenda des Solutions Méditerranéen sur des thématiques essentielles telles :
- l’aménagement durable des territoires méditerranéens ;
- la promotion d’une agriculture plus résiliente, basée sur des « systèmes alimentaires territorialisées » et des initiatives d’alimentation responsables et durables ;
- le renforcement de la coopération en matière énergétique;
- la gestion intégrée des ressources en eau ;
- le rôle moteur du « local » et des initiatives initiées par les acteurs non-étatiques ;
- la mise en place de politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, qui s’appuient sur une plus grande collaboration entre chercheurs – société civile – politique, etc.

Forts de ses projets et de sa méthode inclusive, l’IPEMED a contribué à porter la voix de la Méditerranée à la COP21, puis la COP22 en organisant, avec ses partenaires, une série d’événements de haut niveau, intégrés dans l’agenda collectif agencé par l’Union pour la Méditerranée, mettant tantôt à l’honneur les stratégies mises en place par les pays de l’Est de la Méditerranée en matière de développement des énergies renouvelables, tantôt les actions entreprises en faveur d’un financement de la mobilité durable* ou de la protection du littoral méditerranéen, ou encore le fruit de nos travaux sur les filières alimentaires territorialisées en Méditerranée.

… et au-delà

Adopté en décembre 2015, l’Accord de Paris est entré en vigueur le 4 novembre dernier. La COP22, présentée comme COP de « l’action », a débouché sur peu de décisions, si ce n’est la fixation de l’agenda des années à venir.

L’IPEMED, en tant que think-tank décidé à œuvrer en faveur d’une plus grande coopération entre « Afrique, Méditerranée et Europe », suivra, plus que jamais, avec attention les nombreuses annonces et initiatives lancées lors de la COP22**, et notamment :
- la tenue en 2017 de la MEDCOP en Sicile, puis à Sousse en Tunisie, en 2018 ;
- le projet SPREF ainsi que la Plateforme sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, lancés par l’Union pour la Méditerranée et ses partenaires ;
- l’initiative pour l'Adaptation de l'Agriculture Africaine (AAA) ;
- le Plan d’action « 3S » pour la soutenabilité, la stabilité et la sécurité en Afrique ;
- etc.

 

* Compte-rendu et/ou publication à venir.
** Voir à ce propos le Communiqué de Presse de clôture.

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