SYNTHESE : MEDCOP 21 - Atelier AVITeM-IPEMED "Villes et territoires durables"

Jeudi 04 Juin 2015
L’Atelier « Villes et territoires durables », organisé pendant la « MEDCOP21 », les 4 & 5 juin 2015, est né de la volonté des organisateurs (AVITeM, Villa Méditerranée, IPEMED) d’adopter une vision transversale et intégrée des impacts du changement climatique sur les territoires méditerranéens.

Face aux défis qui menacent à long terme à la fois la résilience des villes méditerranéennes et la durabilité des espaces ruraux et péri-urbains, il nous semblait important de donner la parole à ces hommes et femmes, qui construisent, à leur échelon, la Méditerranée de demain : ces chercheurs, ces eco-entrepreneurs, ces élus, ces citoyens ont ainsi présenté leurs solutions, sur des thématiques volontairement larges mais potentiellement réplicables à l’ensemble de la région. Plus que leurs initiatives elles-mêmes, ce sont leurs démarches, innovantes et inclusives, qui peuvent servir d’exemples. Œuvrant au Nord, au Sud ou à l’Est de la Méditerranée, ces acteurs mettent en avant des savoir-faire locaux qu’il s’agit de préserver et de valoriser au profit de l’émergence d’une nouvelle « économie territoriale ».

    Cette notion empruntée à la présentation de Jean-Paul Pellissier (CIHEAM) pourrait paraître exagérée lorsqu’il convient de qualifier le projet porté par l’association Migrations & Développement, « Retenir l’eau pour retenir les hommes », à une échelle « micro-locale », ou l’initiative présentée par Monsieur Ben Charif  (AREA-ED). Mais comme l’a signalé Jean-Louis Rastoin (Chaire Unesco en alimentations du monde), ces projets qui ont été menés au plus près des populations, contribuent au développement durable sous toutes ses dimensions, et pourraient nourrir une « approche territoriale et fonctionnelle bottom-up ». Cela est déjà le cas, avec l’appel de Mohammed El Khanchoufi (Université de Fès) à favoriser des synergies entre coopératives, instituts de recherche et institutions, implantés dans d’autres régions marocaines, afin de mieux structurer la filière des plantes aromatiques et médicinales. Cette demande de « passerelles » entre acteurs, notamment universitaires, a également été relayée par Sayel Wishahi (Palestine Hydrology Group), au sujet des outils et technologies durables adaptés à la préservation de la biodiversité.
    Concluant le premier Panel du l’Atelier du 4 juin, Monsieur Rastoin a rappelé la thématique essentielle de l’accès à l’alimentation, et plaidé pour des « systèmes alimentaires territorialisés » (SAT) en Méditerranée, qui reposeraient sur la réhabilitation du patrimoine alimentaire (la diète méditerranéenne), la proximité entre acteurs, l’agro-écologie, l’économie circulaire, etc.

    Les échanges avec le public sont allés dans le sens d’une profonde remise en cause de la vision « villes vs campagnes », soulignant, par exemple, le rôle des territoires péri-urbains, à mi-chemin entre ces deux espaces, et les initiatives d’agriculture urbaine.

    Ces réflexions ont accompagné la transition vers le second Panel de cette journée, une nouvelle fois introduit par Julien Le Tellier (Plan Bleu), en ces termes : existe-t-il une culture urbaine méditerranéenne qui puisse constituer un levier pour la transition écologique des villes et territoires ?
    Encourager les mouvements du rural vers l’urbain, les rencontres entre producteurs et consommateurs, est d’abord source de paix, a fait remarquer Kamal Mouzawak, de l’association libanaise Souk El Tayeb. Pour Fiddaa Haddad (IUCN Rowa), la résilience des espaces urbains tient à cette prise en compte des rôles et responsabilités de chacun, et est intrinsèquement liée à la question de la gouvernance. Gouvernances au pluriel, pourrait arguer Mohamed Sefiani, en sa qualité de Président du Conseil d’une Commune Urbaine au Maroc et membre du réseau Medcités, qui a mis en exergue des exemples de projets participatifs à Chefchaouen : création de commissions consultatives thématiques, projet de budget participatif pour la réhabilitation de fours à pain, etc.
    Ainsi pour Oriol Barba (Medcités), la sensibilisation, la formation, la participation de tous, notamment des femmes, sont des questions transversales à l’ensemble de l’Atelier : il ne peut y avoir de développement urbain durable s’il n’y a pas intégration de l’ensemble des acteurs aux niveaux national et régional.

C’est d’ailleurs cette volonté de promouvoir les échanges entre habitants du Nord, du Sud, et de l’Est de la Méditerranée qui avait motivé l’équipe AVITEM – Villa – IPEMED pour le lancement d’un appel à contributions, afin de nourrir la réflexion de notre Atelier du 5 juin. De cet appel, une trentaine de projets ont été récoltés, et une dizaine présentés le Jour J par Sophie Jovillard ; la quasi-totalité des contributions reçues ayant été néanmoins compilées dans un booklet de projets, distribué lors de la MEDCOP21. Ces projets ont alors illustré les leçons tirées du 1er jour, autour de thèmes porteurs transversaux :

-    Informer, sensibiliser : Ghallab Mamoun (Zero Zbel Experience) ;
-    développer des outils d’aide à la décision adaptés : Mufleh Al Alaween (IUCN ROWA) ;
-    monter des projets « pilotes » démonstrateurs, alliant enjeux socio-économiques et environnementaux, tels le projet de valorisation du site agro-forestier de Sidi Amor (Nawel Ben Romdhane Brif, GDA Sidi Amor) ou le projet d’EPA Euro-méditerranée (Franck Geiling), etc.

L’exercice de classification des ces initiatives est difficile, car elles s’inscrivent toujours dans une volonté de promouvoir un modèle de développement socio-économique durable et « adapté ». Favoriser la perméabilité entre « mondes » ruraux et urbains semble impliquer d’abord une revalorisation du rural, une réhabilitation des circuits-courts (Monique Diallo, Les Paniers Marseillais) mais aussi de savoir-faire locaux. Les réflexions portées par le Collectif des Toits pour le Sud (Soraya El Lhalaoui) sur la construction urbaine durable illustrent cette tension apparente entre innovation et « retour » vers des modes de conception, production et consommation traditionnels. Cette dernière initiative promeut également une approche multidisciplinaire, participative ; à l’image également de Synergia, présentée par Aziza Menouni, qui se met au service de coopératives de femmes à Meknès.

Mais l’Atelier du 2ème jour a aussi permis de mettre en évidence des sujets sectoriels prioritaires, non abordés jusqu’à présent :
-    l’éco-tourisme (Nawel Ben Romdhane Brif, GDA Sidi Amor) ;
-    le transport urbain durable (Lorenza Tomasoni, CODATU) ;
-    l’économie circulaire, et plus exactement, la valorisation des déchets, à laquelle deux projets se référaient : Lemon Tri (Alexandre Noblet) et D3EPACA (Meritch Errais).

Ces deux dernières présentations ont d’ailleurs illustré sur le rôle porteur du secteur privé pour la transition écologique des territoires méditerranéens, tout comme celles de Saad Azzaoui, représentant Lydec, avec le Projet « Ville de demain », et de Véronique Arfi, de Phytoperspectives.


Dès lors, quelles perspectives après la MEDCOP21 ?

L’Atelier AVITeM-Villa-IPEMED a permis d’aborder l’aménagement du territoire méditerranéen sous le prisme de la durabilité, et de mettre en lumière les points de convergence entre des idées, des projets, et des solutions, en apparence atomisées. Dès lors, assurer un suivi des initiatives présentées et capitaliser sur les enseignements tirés de ces deux jours d’échanges nous semblent essentiel, dans la perspective de la COP21, mais aussi de la MEDCOP22 et de la COP22 au Maroc.

Vous trouverez ci-dessous, proposés en téléchargement :
-    Pour le Jour 1 : le powerpoint projeté ainsi que les deux présentations de Messieurs Pellissier et Rastoin ;
-    Pour le Jour 2 : le booklet de projets, qui a été distribué lors de la MEDCOP21, et qui contient « la carte d’identité » des projets présentés le jour J ainsi que la quasi-totalité des contributions reçues dans le cadre de notre appel à projets.
Quelques photos seront également mises en ligne prochainement. L’Agenda des solutions issu de la MEDCOP21 est, lui, disponible sur : www.medcop21.com.


Et nous ne saurions finir ce compte-rendu sans remercier l’ensemble des participants de ces deux journées, notre modérateur « +++ » pour le Jour 1, Julien Le Tellier et le travail de préparation et d’animation de Sophie Jovillard, pour le Jour 2. Nous remercions particulièrement les personnes qui nous ont aidés au quotidien à organiser cet évènement : Sarah Rezgui et Amine El Allaoui, mais aussi toutes nos équipes respectives. Nos pensées les plus sincères aux équipes techniques de la Villa Méditerranée, à l’équipe de traduction, et à nos correspondantes au sein du Comité d’organisation de la MEDCOP21 (Aniela Herrenschmidt, Sarah Jeanroy).

Nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire, et pour échanger plus en détails.

Kelly ROBIN, Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranée (IPEMED)
Vincent WALLAERT, Agence des Villes et Territoires Méditerranéens Durables (AVITeM)
Yamina BOULKERARA, AVITEM-Villa Méditerranée

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