Méditerranée : Un positionnement économique attractif à consolider

Vendredi 06 Novembre 2015
Amal Chevreau, Directrice des études et projets

Le positionnement économique attractif de la Méditerranée s’affirme
Plusieurs rapports et événements récents confirment le positionnement économique attractif de la Méditerranée. Le EY’s attractiveness survey, dédié à l’Afrique de 2014, souligne qu’avec des perspectives de croissance de 4,5%, des pays comme le Maroc et l’Egypte attirent des investisseurs internationaux de même que plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, et la tendance devrait être haussière.

L’attractivité du Maroc et de l’Egypte se base sur leur capacité à attirer des IDE dans une logique de hub à savoir, être des plateformes d’attraction à leur profit et de transit des investissements vers l’Afrique subsaharienne. Au Maroc, 2ème récepteur d’IDE en Afrique, Casablanca Finance City ambitionne de devenir la place financière de référence en Afrique. Pour ce faire, une stratégie est déployée pour attirer les sièges « Afrique » de grands groupes mondiaux. De même, l’Egypte qui est à la manœuvre pour l’adoption d’un traité de libre échange réunissant 26 pays africains, souhaite consolider sa position de leader régional. Toujours selon EY, quelques 71 projets internationaux ont été annoncés en Egypte totalisant un investissement de 12 milliards$.

Une autre étude réalisée par le Groupe PWC, sur le classement des villes africaines, révèle que les villes d’Afrique du Nord occupent une place de choix : Le Caire, Tunis et Casablanca arrivent en tête malgré de multiples défaillances. Par ailleurs, c’est à Casablanca qu’il y a le plus de multinationales en Afrique, plus qu’à Johannesburg en Afrique du Sud.

EY a organisé en avril 2015, son premier Strategic Growth Forum, totalement dédié à la Méditerranée sous le thème « Unloking the potential of the Mediterranean region». C’est la première fois qu’un groupe mondial utilise l’expression région méditerranéenne, confirmant ainsi les analyses produites par IPEMED pour démonter que c’est une région en devenir. Cet événement qui se veut régulier, ambitionne d’attirer des investisseurs et des institutionnels autour de thématiques d’avenir et de secteurs à haut potentiel.

IPEMED, qui a été le seul think tank partenaire du Mediterranean Strategic Growth Forum, a dans le cadre des ILabs et des conférences plénières, rappelé la nécessité de conforter l’attractivité de la Méditerranée en tant que territoire central entre l’Europe et l’Afrique, par une vision commune et partagée ainsi que par des actions prônant davantage de convergence entre les deux rives. Tel que préconisé par IPEMED dans le cadre de Méditerranée 2030, il faut que les deux rives collaborent ensemble autour du scénario de la convergence qui, de par ailleurs, est à l’œuvre dans plusieurs domaines : médicament, TIC, agriculture, énergie etc et au sein des clusters, tel que le démontre une étude publiée en 2014 par IPEMED. La convergence doit également profiter aux hommes et femmes de cette région et leur permettre plus de mobilité. C’est l’idée défendue par IPEMED dans ses différents rapports dédiés à cette thématique.

L’attractivité doit être consolidée par des réformes structurelles
Si l’attractivité s’affiche et s’affirme même dans un contexte de turbulences politiques et sociales extrêmes, elle reste fragile et doit être consolidée par des réformes structurelles notamment en matière de sécurité des investissements, de clarification des possibilités de réalisation de PPP, de fiscalité plus avantageuse au profit des PME locales et internationales, de politique de change, de justice commerciale et de transparence. La stabilité politique qui suppose le passage de l’alternance politique choisie à la démocratie élective, est également une condition sine qua none pour ancrer définitivement l’attractivité.

Des propositions innovantes pour la sécurité des investissements en lien avec les entreprises
Plusieurs initiatives visent à proposer des pistes pour sécuriser les investissements en Méditerranée. A ce niveau, il est à souligner les travaux du groupe de travail « ISMED » de l’OCDE sur la sécurité des investissements dans la région MENA, auquel IPEMED est partenaire. En effet, la mise à niveau des infrastructures dans les PSEM est nécessaire pour créer les conditions d’un développement durable et inclusif et attirer des IDE productifs. On estime que la région aura besoin d’investir 100 milliards $ par an au cours des 20 prochaines années pour rattraper le retard accusé en dotation d’infrastructures. Un écart de financement de l’ordre de 30-40 milliards de dollars par année reste à combler. Mobiliser le secteur privé à travers les PPP, maîtriser mieux les risques et combiner les ressources croissantes de la finance Islamique avec celles de la finance conventionnelle sont des impératifs pour rehausser le niveau d’investissement de manière durable dans la région.

La sécurité des investissements suppose des échanges avec toutes les parties prenantes aux projets d’investissement, parmi lesquelles les entreprises. C’est dans ce cadre, qu’IPEMED a été à l’initiative en collaboration avec la CDC le 5 mai 2015, d’un atelier de travail entre le groupe ISMED et quelques entreprises fondatrices. Cet atelier a été l’occasion d’échanger et d’informer les entreprises des initiatives en cours pour améliorer la sécurité des investissements en Méditerranée de recueillir leurs observations, idées et suggestions, fruits de leurs expériences de terrain, sur les travaux en cours.

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