#FDDA2019 - Stefano MANSERVISI, DG DEVCO* : « L’Union européenne a créé sa garantie pour dérisquer l’Afrique »

Lundi 24 Juin 2019
Alfred Mignot
Photo : Stefano MANSERVISI, Directeur général de la Coopération internationale et du développement de la Commission européenne (DG DEVCO), au centre de la photo, entouré de Samira LABIDI, Présidente du cabinet d’assurances éponyme, et de Jean-Louis GUIGOU, Président de l’IPEMED (Paris) et inventeur du Forum des Diasporas opéré par Classe Export. © AM/AP.P
 
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Paradoxale conséquence de la crise migratoire de ces dernières années : l’Union européenne est aujourd’hui plus attentive aux réalités africaines, veut s’impliquer plus fortement dans le soutien au développement de l’Afrique, ne prétend plus décider seule mais se met à l’écoute du Continent, à commencer de ses diasporas…

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Un article d’Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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Venu tout exprès de Bruxelles pour apporter son témoignage au IIe Forum des Diasporas Africaines (#FDDA2019) qui s’est déroulé vendredi 21 juin au Beffroi de Montrouge (près de Paris), Stefano MANSERVISI, Directeur général de la Coopération internationale et du développement de la Commission européenne (DG DEVCO), était porteur de plusieurs bonnes nouvelles.

Tout d’abord, il a confirmé que oui, il est clair désormais que le regard de l’Union européenne sur l’Afrique est en train de changer : « On regarde les choses plus positivement : une population jeune qu’il faut considérer plus comme un atout que comme un problème, la forte capacité à entreprendre et à créer de l’Afrique, une croissance soutenue, en moyenne supérieure à 4 % depuis plus d’une décennie… »

« Travailler ensemble »

Maintenant, a affirmé Stefano MANSERVISI, il faut travailler ensemble à développer l’Alliance UE-Afrique« Travailler ensemble, a-t-il repris à l’adresse des participants, c’est mettre à profit les talents et l’expertise des millions de diasporants vivant en Europe pour faciliter la médiation entre les deux continents.
La diaspora doit être un interlocuteur permanent, a encore considéré Stefano MANSERVISI, mais il y a une question de masse critique : il faut que la diaspora se structure pour se faire mieux entendre »,
 car aujourd’hui son tissu associatif est trop dispersé.

Cartographie et plateforme Internet

Ainsi, dans l’objectif d’apporter son concours à une montée en visibilité des diasporas africaines, l’Union européenne a mis en place une facilité de près de 6 millions d’euros, afin de réaliser trois projets concrets, a expliqué le DGDEVCO : établir une cartographie des associations de la diaspora ; réaliser une plateforme interactive sur Internet ; créer un registre européen des expertises des diasporas.

Reste que 6 millions d’euros, cela peut sembler peu de chose… Mais Stefano MANSERVISI l’affirme, « ce n’est qu’une étape » dans le processus opérationnel de l’Alliance UE-Afrique, lancée en septembre 2018 par le Président de la Commission Jean-Claude Juncker, et dotée d’un Plan d’investissement extérieur (PIE) de 4,1 milliards d’euros sur la période 2018-2020.

Une première phase de 1,5 milliard d’euros

Et d’annoncer une troisième bonne nouvelle : une garantie a été créée dans le cadre de ce PIE afin de « dérisquer » l’Afrique, c’est-à-dire pour que l’Europe apporte sa garantie à des investissements opérés en Afrique, par le secteur privé.

Aujourd’hui déjà, la première phase de la garantie est en cours, 1,5 Md€ du PIElui étant dédiés, et il est probable que l’effet levier soit même supérieur à x10, « car nous en sommes à 17,5 Md€ d’investissements en phase de négociation »,précise Stefano MANSERVISI.

Ainsi, ce dispositif contribuera à faciliter l’effet de levier fois dix attendu : on espère aboutir à la mobilisation de quelque 44 milliards d’euros pour le développement de l’Afrique avec un apport en fonds propres européens de seulement 4,1 milliards.
Mais en fait cet objectif apparaît déjà dépassé : « Pour le prochain cycle financier multiannuel (2021-2027), nous avons proposé un montant de garanties dix fois plus élevé. On verra si Parlement et États Membres seront d’accord » relève Stefano MANSERVISI.

Et tout cela sans prendre en compte des contributions supplémentaires qui, espérons-le, pourront être actées dans l’Accord Cotonou 2, en cours de négociation, l’actuel accord définissant les relations entre l’Europe et les pays ACP arrivant à échéance à la fin de février 2020, un sujet important dont nous reparlerons bientôt.

En attendant, on se surprend à penser que les dirigeants européens ont enfin intégré une réalité incontournable : les destins de l’Europe et de l’Afrique sont intimement liés, et le « partenariat de partage » entre les deux continents est notre seule voie commune d’avenir.

Lien vers l'article original (sur AfricaPresse).

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