60 ans après l’appel Schuman, l’Europe doit absolument se réinventer

Samedi 25 Mars 2017

A l’occasion des 60 ans du Traité de Rome le mardi 25 mars 2017, Jean-Louis Guigou, président de l’Ipemed, Miguel Angel Moratinos, président de notre Comité d’orientation politique (COP) et quelques membres du COP, ont signé cet appel dans la presse. L’article a été publié dans LA CROIX, LE SOIR et EURACTIV.COM.

Liste des signataires du texte :

Jean-Louis Guigou, Président de l’Ipemed

Miguel Angel Moratinos, Président du COP Ancien ministre, Espagne

Aïcha Belarbi, Vice-présidente du COP, ancienne ministre, Maroc

Joachim Bitterlich, ancien conseiller du Chancelier, Allemagne

Elisabeth Guigou, ancienne ministre, présidente de la commission des affaires étrangères, France

Eneko Landaburu, ancien chef de délégation de la Commission européenne, Espagne

Denis Mac Shane, ancien ministre, Royaume-Uni

Carmen Romero Lopez, députée européenne, Espagne

Panagiotis Roumeliotis, ancien ministre, Grèce

 

« L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble: elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait » déclarait Robert Schuman, le 9 mai 1950, engendrant ainsi les bases de l’Union européenne.

À l’occasion des 60 ans du Traité de Rome signé en 1957, il nous importe de célébrer aujourd’hui cette Union, unique et essentielle à nos yeux. Tout en restant lucide quant aux nombreux défis à surmonter, nous aimerions insister sur le besoin vital de retrouver une Europe forte et unie, en rappelant ici notre attachement moral à l’idée même d’une Union Européenne, lieu de concentration et de transmission des valeurs universelles.

« Pourquoi voulons-nous vivre ensemble ? » interrogeait Jacques Delors, l’un des pères de l’Europe.

En cette période trouble, dominée par les vagues populistes partout dans le monde, du Brexit à l’élection surprise de Donald Trump, notre devoir est de redire ce que l’Europe a accompli depuis des décennies.

60 ans après sa création, on oublie trop souvent que le mérite premier de notre Europe est de préserver nos populations de la guerre.  N’oublions pas non plus que la Communauté européenne a apporté la prospérité économique et qu’elle est une union de valeurs.

Cependant, depuis les années 2000 et l’intégration des pays de l’Europe Centrale et Orientale qui fut la dernière épopée européenne, force est de constater que l’UE est paralysée. Elle est comme endormie face à une crise économique qui l’étrangle depuis 2008 et aux nombreuses voies nationalistes qui s’élèvent contre sa raison d’être. L’Union peine à trouver des solutions et ses peuples en souffrent. Il est temps de faire de ces difficultés une opportunité de renouvellement.

L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED) a été fondé il y a 10 ans dans le même esprit de rapprochement que celui de l’Union Européenne. Depuis 2006, nous œuvrons au rapprochement économique des deux rives de la Méditerranée. Cette dernière est le véritable avenir de l’Europe. Mais elle ne suffit plus. Depuis les révolutions arabes, les pays du Sud de la Méditerranée ne veulent plus être considérés comme le voisinage de la frontière sud de l’Europe. La profondeur africaine s’impose, faisant passer la Méditerranée de marginale à centrale.

L‘Europe doit donc désormais consolider ses liens historiques et bâtir un nouveau pacte Europe-Afrique, sous peine de ne pas dominer les nouveaux défis : de la maitrise des mouvements migratoires, au réchauffement climatique, en passant par la transition énergétique européenne et, last but not least, du terrorisme. Ensemble, dans un partenariat d’égal à égal, les Etats de l’Union et leurs voisins du Sud, pourront apporter des solutions aux problèmes communs tels que le chômage des jeunes, le développement durable et social et la sécurité intérieure.

Nous plaidons ici pour l’établissement d’une Verticale « Afrique – Méditerranée – Europe » (AME) et pensons que le rapprochement, par l’économie, de l’Afrique et de l’Europe, est inscrit dans l’histoire à venir. Pour préparer ensemble cet avenir, pour mobiliser les acteurs économiques et sociaux des sociétés civiles, les experts, l’opinion publique et le monde politique, une fondation dénommée La Verticale est nécessaire. Cette grande région Verticale « AME », nous permettra de peser dans la mondialisation face au G2 constitué par les couples Chine/Pacifique et Amérique/Atlantique.

Avec une ambition africaine, l’Europe retrouverait une ambition européenne.

En se réinventant, en se donnant un nouvel horizon, en construisant un avenir en Afrique, l’Europe renouvellera le rêve européen pour les nouvelles générations.

 

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