L'édito de La Verticale : bilan des 10 ans de l'IPEMED

Vendredi 20 Mai 2016

par Eric Diamantis, président du fonds de dotation de La Verticale

par Jean-Louis Guigou, fondateur de La Verticale

 

L’avenir de la Méditerranée : Cap au Sud !

 

La fin d’un cycle euro-méditerranéen

 L’annonce de la révision de la politique de voisinage menée par l’UE en 2015 semble clore aujourd’hui un cycle entamé en 1995 par le processus de Barcelone. Associant de plus en plus de voisins de l’Est à travers la PEV, l’Union européenne a quelque peu marginalisé l’espace méditerranéen.

 Dans le contexte d’instabilité actuelle, penser et construire l’espace euro-méditerranéen est plus que jamais nécessaire. L’outil de prospective qu’est l’IPEMED n’a cessé de le faire durant la dernière décennie. Les pays de cette région partagent incontestablement des intérêts, mais aussi des enjeux communs qui dépassent le cadre national. C’est le cas des flux migratoires, des contraintes écologiques et climatiques, du chômage des jeunes, mais aussi des menaces terroristes. Les notions de proximité et de complémentarité sont également au cœur de cette région et définissent de façon croissante les relations économiques des entreprises.

 Toutefois, cet espace n’est plus suffisant pour faire face à la mondialisation et pour encadrer les politiques de développement. Plusieurs raisons à cela :

  • Des forces économiques sont à l’œuvre. Considérant que la mobilité et que les échanges de biens, de capitaux et d’informations vont croître de façon significative dans l’espace EMA (Europe – Méditerranée – Afrique), les grandes entreprises internationales adoptent de plus en plus un découpage opérationnel calqué sur cette région.
  • Les acteurs politiques s’engagent eux aussi dans des coopérations à plus grande échelle et saisissent l’enjeu crucial qui se joue aujourd’hui en termes de partenariat et de coopération avec ses voisins les plus proches et avec les voisins des voisins.

 Cette transformation des comportements des acteurs – aussi bien publics que privés – s’inscrit dans une tendance lourde : la régionalisation de l’économie mondiale.

 

La régionalisation de la mondialisation

 La mondialisation a obligé les entreprises à élargir leur champ d’action et a favorisé des accords de libre-échange tous azimuts. Face à ce processus à l’œuvre durant près de trente ans, on assiste aujourd’hui avec la régionalisation à la montée en puissance d’un autre processus d’internationalisation des économies qui valorise la proximité et la complémentarité.

 C’est tout le sens de la coproduction avec le redéploiement des chaînes de valeur et le partage de la valeur ajoutée. En effet, les grandes régions que sont l’ASEAN et l’ALENA fournissent aux industriels la sécurité des investissements, l’harmonisation des normes et l’interconnexion des réseaux : si le « quartier d’orange » que représentent l’espace euro-méditerranéen et son Sud-africain veut s’imposer dans le rapport de force mondiale, il est impératif de s’engager dès à présent dans la construction d’une grande région mondiale Afrique-Méditerranée-Europe.

 Le temps de la croissance partagée, durable et inclusive entre une Europe vieillissante et un continent africain dynamique est venu.

 

De la Méditerranée marginale à la Méditerranée centrale

 Il convient aujourd’hui de « capitaliser » sur la région méditerranéenne afin de mobiliser un espace régional plus large et de mettre cap au Sud.

 Plutôt que de porter une réflexion en termes d’horizontalité, de voisinage ou encore de périphérie, l’IPEMED choisit la logique d’intégration verticale, à travers la construction d’une grande région Afrique-Méditerranée-Europe. Il existe une proximité et une complémentarité substantielle entre ces trois zones politiques et économiques et la Méditerranée en est le point de gravité.

 C’est dans cette optique que le projet de fondation internationale La Verticale Afrique-Méditerranée-Europe (AME) est né, avec un concept partagé à la fois par les deux rives de la Méditerranée. Il s’inspire directement de ce que réalisent la CEPALC et l’ERIA, organisations respectivement liées à l’Alena et à l’Asean et prévoit, à ce titre, de mettre en place un véritable réseau de laboratoire avec un programme et une charte en commun.

 Le projet de fondation internationale La Verticale est prêt. Il faut maintenant le mettre en l’œuvre. Après le recueil des soutiens politiques (auprès de la Ligue Arabe, l’Union africaine et l’Union européenne), l’étape suivante se situe désormais au niveau institutionnel.

 Il est temps que les Européens passent d’un esprit de conquête à un esprit de partage et que les Africains passent des paroles aux actes et qu’ensemble, avec leurs partenaires méditerranéens, ils construisent cette grande région.

Pour accéder à l'intégralité du rapport cliquez ici. 

 

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