Le nouvel agenda européen en matière de migration est-il suffisant pour relever le défi de la migration économique méditerranéenne?

Vendredi 06 Novembre 2015
Macarena NUÑO, chef de projet

En mai 2015, la Commission européenne a présenté son agenda en matière de migration et a exprimé le besoin de mettre en place une nouvelle approche plus européenne. Structurée autour de quatre piliers (réduire les incitations à la migration irrégulière, gérer les frontières, mettre en place une politique commune solide en matière d’asile et une nouvelle politique de migration légale), cet agenda fait suite au « Five point-plan » de M. Junker sur l’immigration.
Dans ce plan, le président de la Commission européenne pose un constat clair : en 2060, la population active de l’UE déclinera de 10%, soit 50 millions de personnes, en même temps que le nombre de personnes à la retraite augmentera jusqu’à 150 millions. Pour pallier à ces défis démographiques et économiques, la Commission reconnaît que « la migration sera un facteur de plus en plus important pour assurer la pérennité du régime d’allocations sociales et pour garantir la durabilité de la croissance économique ». L’UE a donc besoin des migrants. Pour y parvenir la Commission compte mettre en place un cadre légal plus attractif dans un contexte de concurrence mondiale pour attirer des travailleurs avec des compétences dont les pays ont besoin.

Plusieurs pistes sont évoquées. Tout d’abord, la révision des deux directives récemment adoptées, celles concernant les étudiants et celles pour les chercheurs, montrant les limites de ces dispositifs. L’amélioration de la Carte bleue européenne est également à l’ordre du jour, car elle n’a pas réussi à attirer suffisamment des talents hautement qualifiés. Loin de là. Selon les chiffres de la Commission, seulement 10 000 Cartes bleues auraient été délivrées dans les deux premières années de sa mise en œuvre. La Commission souhaite, par ailleurs, faciliter la fourniture des services par des professionnels étrangers hautement qualifiés, contribuer à une meilleure compréhension des qualifications obtenues à l’étranger et moderniser sa politique des visas pour la rendre plus souple. Vaste programme qui doit inévitablement être mené de pair avec les états-membres, lesquels décident in fine du nombre des travailleurs migrants qui peuvent accéder à leur marche de travail. Vu les contextes nationaux de crise dans certains pays, la montée des extrémismes et les politiques nationales restrictives mises en place à l’égard des migrants, les négociations risquent d’être difficiles. Et pourtant, si l’UE et les états membres veulent retrouver le chemin d’une économie dynamique, innovante et inclusive, ils doivent trouver un compromis.

En effet, si l’on veut que l’UE devienne aussi attractive que d’autres destinations comme les Etats-Unis ou le Canada, il faudra aller au-delà d’une révision des dispositifs législatifs en place. Il serait souhaitable de mettre en place un écosystème davantage attirant et sécurisant englobant des questions telles que la continuité et la portabilité des certains droits, le brain circulation, l’accès à la binationalité, la reconnaissance des droits politiques, etc. Pour y arriver des discussions régulières avec les pays d’origine et les représentants des associations des migrants et de la diaspora sont essentielles.

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