Les politiques d’attractivité des migrants dans les Psem

Mardi 08 Octobre 2013
Macarena Nuño et Farida Souiah
Préfecture de Bastia: deux jeunes hommes d’origine marocaine viennent de recevoir la citoyenneté française.

Le potentiel que les migrants résidant à l’étranger offrent à leur pays d’origine n’est plus à démontrer: compétences et savoir-faire, capacités à investir et à développer localement des projets, être un pont entre les deux pays, relais socioculturels, etc.

Les États qui ont une communauté de résidents à l’étranger importante en sont conscients et essaient de maximiser les bénéfices de cette émigration tout en minimisant les coûts. Pour cela, des stratégies, des dispositifs et des organisations institutionnelles sont mis en place avec plus ou moins de succès. Objectif: renforcer les liens économiques, culturels et politiques avec leurs émigrés.

L’étude d’Ipemed, à paraître cet automne, Politique d’attraction des résidants à l’étranger: les cas du Maroc, de l’Algérie et du Liban, se penche sur la question.

L’auteur, Farida Souiah, analyse les relations de ces trois pays avec leurs communautés émigrées et les politiques mises en place à leur égard.

Différents efforts sont déployés afin de renforcer les liens économiques et d’attirer remises de fonds et compétences, étant donné que les émigrés ont des profils de plus en plus qualifiés. Mise en place des campagnes d’information sur les possibilités d’investissement, octroi d’avantages particuliers aux émigrés investisseurs (Maroc) ou création de programmes (type Tokten du Pnud) pour faire participer les migrants hautement qualifiés à des projets lancés par des organismes du pays d’origine (Maroc, Algérie, Liban) en sont quelques exemples.

Le maintien des liens culturels et identitaires est également un objectif poursuivi par les trois pays. Mise en place des camps de vacances pour les jeunes, aide au retour des vacanciers (Maroc, Algérie), journée de l’émigré (Liban), apprentissage des langues dans le pays d’accueil et création de centres culturels (Maroc, Algérie) comptent parmi les dispositifs mis en œuvre.

Enfin, l’émigration amène les États à réfléchir, voire à redéfinir les notions de nationalité et de citoyenneté. Ceux qui quittent le territoire gardent-ils leur nationalité d’origine? Qu’en est-il s’ils acquièrent la nationalité du pays d’accueil?

Les descendants d’émigrés nés dans le pays d’accueil peuvent-ils prétendre à la nationalité de ce pays? Ont-ils des droits politiques? Peuvent-ils voter? Des politiques cohérentes et actives à l’égard des ressortissants résidant à l’étranger, communément dénommés diasporas, sont indispensables tant de la part des pays d’origine que des pays d’accueil si l’on veut exploiter tout le potentiel qu’ils représentent en tant qu’acteurs ayant «un pied au Nord et un pied au Sud» et ainsi réussir le défi d’une intégration méditerranéenne en profondeur.



Macarena Nuño, chef de projet à Ipemed Farida Souiah, doctorante à Sciences Po Paris, Ceri.

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