Une région attractive pour une plus grande implication de la diaspora méditerranéenne

Mercredi 25 Juin 2014
Macarena NUÑO, Chef de projet "Prospective et Capital humain", IPEMED

Avec leurs ressources en compétences, leurs remises, avec leurs réseaux et leurs investissements, les diasporas méditerranéennes sont porteuses d’un double potentiel. Elles peuvent participer au développement économique de leur pays d’origine et faciliter les liens économiques entre leurs pays d’origine et d’accueil, contribuant par leurs actions et par des processus de coproduction à davantage d’intégration dans la région. Mais pour exploiter ce potentiel, la région méditerranéenne doit se rendre plus attractive car dans un contexte de mondialisation croissante, elle doit faire face à une concurrence mondiale de compétences et d’investissements.

La région méditerranéenne doit créer les conditions d’une nouvelle confiance. Si les diasporas sont attachées à leur pays d’origine et à leur région, elles s’impliquent et investissent là où les conditions sont les plus avantageuses. Les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée ont tout intérêt à mettre en place, de manière concertée, les réformes nécessaires pour rendre la Méditerranée plus attractive.

Les pays du Sud changent le regard qu’ils portaient sur leurs diasporas. Leurs ressortissants ne sont plus considérés exclusivement comme de la main d’œuvre qui rapporte de la devise, mais comme des compétences, des savoir-faire, des « Ambassadeurs » qui peuvent contribuer au développement économique de leur pays et à son rayonnement à l’international. Avec des degrés divers de succès, ils mettent en place, depuis quelques années, des dispositifs pour renforcer les liens avec leurs diasporas (reconnaissance des droits politiques, nationalité pour les descendants, apprentissage de la langue arabe, facilitation des séjours vacanciers, etc.). Ce n’est pas suffisant. Ils doivent également engager des réformes sur le plan économique : sécuriser les investissements, améliorer le climat des affaires, éradiquer la corruption et faciliter la circulation des capitaux sont quelques pistes d’action possibles.

Les pays du Nord, quant à eux, gagneraient à mieux reconnaître et valoriser le dynamisme économique de la diaspora méditerranéenne qui réside en Europe, qui crée des emplois et de la valeur ajoutée. Des politiques encourageant une plus grande mobilité des hommes et des compétences, facilitant l’accès au marché du travail ou sécurisant le parcours du migrants à travers la continuité de certains droits et la reconnaissance des droits politiques, doivent être développées, si possible au niveau européen. Ce qui est loin d’être le cas actuellement. Malgré quelques dispositifs qui ont vu le jour au niveau européen (directives pour les étudiants, les chercheurs, les travailleurs hautement qualifiés, etc.) les Etats membres décident, en dernier ressort, du nombre des ressortissants pouvant avoir accès à leur territoire et à leur marché du travail. Et cela dans un contexte de vieillissement de la population européenne et de baisse des actifs (à l’horizon 2025 la population active de l’UE se réduira de 12%, en 2060 il y aura 50 millions d’actifs en moins), qui rend difficile le maintien du système de protection sociale sans une augmentation de la migration économique.

Aux côtes des associations et des représentants des diasporas, de plus en plus de voix s’élèvent pour informer sur cette réalité et faire des propositions concrètes. Il est temps que les pays du Nord comme du Sud aillent la volonté politique de passer à l’action.

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