L’impact économique de l’intégration turque à l’UE

Afin d’approfondir le scénario de la convergence méditerranéenne imaginé dans le cadre du programme « Méditerranée 2030 », qui implique une convergence des normes et standards dans la région, IPEMED a lancé une réflexion sur un cas concret, celui de la Turquie et de son processus d’intégration à l’Union européenne.

Depuis les années 1960 et la mise en place de l’union douanière entre la Turquie et la Communauté économique européenne, impliquant l’harmonisation des mesures de politique commerciale et un rapprochement de certaines législations (douanières, propriété intellectuelle, concurrence, fiscalité, etc.), et dans le contexte du processus d’adhésion en cours (avec des reformes à prévoir dans 35 chapitres thématiques), la Turquie, poussée par le rêve européen, a fait des réformes considérables qui ont transformé le pays et amené la croissance.

Des réformes politiques destinées à répondre aux critères de Copenhague, jusqu’aux réformes concernant le fonctionnement de l’administration publique et du système judiciaire en passant par des libéralisations commerciales, la Turquie est entrée dans un processus de modernisation lui permettant de se positionner comme un acteur incontournable de la région, bien intégré dans l’économie mondiale et disposant d’une industrie solide.

Dans ce cadre, IPEMED a lancé une étude qui cherche à mieux comprendre l’effet concret de l’intégration normative et l’intérêt des régulations supranationales sur l’économie d’un pays, en prenant appui sur le cas de la Turquie, pays qui est en train de l’expérimenter.

L’étude répond aux questions suivantes :

- Quels sont les effets (positifs et négatifs) au niveau économique de cette démarche qui reste lourde et coûteuse ?
- Ces transformations sont-elles des éléments clés à l’origine de la croissance turque ou plutôt des facilitateurs?
- Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette expérience et sont-ils applicables à d’autres pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée ?

et se base sur deux éléments :

- un bref état des lieux des études existants abordant cette problématique,
- et, surtout, sur la réalisation d’une douzaine d’interviews auprès de grands acteurs turcs (acteurs économiques clés, experts – économistes, spécialistes de la réglementation, notamment).

Les enseignements suivants peuvent être tirés de l’expérience turque. Sont-ils applicables aux pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée ? :

- L'expérience de la Turquie dans la fabrication de réformes est unique.
- Le fort support du secteur privé turc à l’agenda des réformes a joué un rôle essentiel dans la transition.
- L'accord sur l’union douanière était un jalon dans l'intégration de la Turquie à l'UE et dans sa transformation vers une économie de marché. Dans la même logique, les accords de libre échange signés avec l'UE peuvent être une référence pour les autres pays car ils permettent d’améliorer les normes de qualité de leurs produits pour rivaliser avec les produits du marché européen.
- L'expérience turque montre que les régulations supranationales sont une motivation pour qu’un pays mets en place un ensemble de réformes mais seulement jusqu’à un certain point.
- Les réformes pour établir des normes de qualité et exporter des produits de haute qualité ne peuvent pas être séparées des réformes pour instituer la stabilité macro-économique.
- Les réformes économiques et les réformes politiques doivent aller main dans la main.
- Le rétablissement de l'État de droit, selon des standards internationaux, renforce la transparence, la justice et l'intégrité.

Acteurs économiques :

- Tuǧrul Kutadgobilik: Président de TISK (Union of Employers’ Association of Turkey) et de MES (Turkish Employers’ Association of Metal Industries)
- Volkan Vural: membre du Conseil d‘adminsitration de la TÜSIAD (Turkish Industrialists’ and Businessmen’s Association) et président de la plateforme des politiques internationales de la même association. Cofondateur de l’Institut du Bosphore et conseiller du president de la Doǧan Holding.
- Murat Kalsın: Vice-president de la MÜSIAD (Independent Industrialists and Businessmen’s Association) et PDG d’Arkon Construction Company.
- Ünal Kocaman: PDG de CMS Company.
- Erdoǧan Göǧen: PDG de ITC Invest Trading & Consulting AG.

Regulateurs : 

- Ahmet Yücel : sous-secrétaire d’état adjoint au Ministre des affaires européennes
- Ekrem Kalkan: Directeur des analyses économiques et de la recherche, Turkish Competition Authority.
- Ramazan Yıldırım: sous-secrétaire d’état adjoint au Ministre des sciences, de l’industrie et de la technologie

Economistes :

- Sübiday Togan: Professeur d’économie à la Bilkent University.
- Nilgün Arısan Eralp: directeur des institutions européennes et de la recherche économique à la TEPAV
- Izak Atiyas: Professeur d’économie à la Sabancı University et directeur de la TUSIAD-Sabanci University Competition Forum.

ERTAN ÖZGÜZER Gül

ERTAN ÖZGÜZER Gül

Experte associée

Assistant Professor à l’Université d’économie d’Izmir, spécialiste des relations économiques EU –Turquie et en macroéconomie.