Méditerranée 2030 : Pour une vision commune de l’avenir dans la région

En avril 2009, IPEMED a engagé, en partenariat avec les organismes d’étude euro-méditerranéens (CARIM, CIHEAM, FEMISE, OME) et des instituts de prospective publics et privés du pourtour méditerranéen (une trentaine d’organismes issus d’une quinzaine des pays), un vaste processus de prospective en vue d’élaborer une vision commune de la Méditerranée en 2030. Plusieurs scénarios ont été conjointement élaborés.

Pour parvenir au scénario de convergence régionale qu’IPEMED appelle de ses vœux, neuf recommandations pour un « écosystème » méditerranéen ont été déclinées :


1.
Investir dans le capital humain en favorisant la mobilité (autoriser la migration temporaire pour des services contractualisés et des projets cofinancés par l’UpM) et la qualification des personnes (création d’un socle de base commun ; réseau euro-méditerranéen de formation professionnelle et de reconnaissance-accréditation des compétences et des diplômes, ErasmusMed,…).
2.
Accélérer les transferts de savoirs, de compétences et de technologies i) en favorisant l’émergence de « pôles de compétitivité » (clusters) et de recherche euro-méditerranéens sur des secteurs porteurs ou riches en emplois (technologies de l’information et de la communication pour les services, techniques agricoles et d’efficacité énergétique, etc.) ; ii) en resserrant les arbitrages de localisation sur une base régionale : de ce point de vue, la mise en place d’un système de préférences régionales allant au-delà du libre-échange et fondée sur des critères de qualité sociale, sanitaire et environnementale contribuerait à accélérer les transferts de capitaux et de savoir-faire.
3.
Créer un espace institutionnel commun accompagné de transferts financiers, un statut avancé bénéficiant de fonds s’inspirant de la philosophe de l’adhésion au marché intérieur (signifiant l’établissement progressif des quatre libertés de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes), et approfondir les discussions sur le processus d’adhésion des pays candidats à l’Union européenne.
4.
Engager un processus de certification méditerranéenne couvrant les services et l’agriculture dans un premier temps, avec un label méditerranéen garantissant une qualité sanitaire (mise en place d’une agence sanitaire) et environnementale en matière agricole et un niveau de compétence et de qualité pour les prestations de services.
5.
Sélectionner les projets de l’UpM (cofinancement) sur leur potentiel de création d’emploi et/ou de sobriété énergétique.
6.
Créer un fonds méditerranéen environnemental visant, d’une part, à renforcer la capacité d’adaptation au changement climatique des pays sud et est méditerranéens et des Balkans, d’autre part, à financer les projets d’infrastructures de transport d’énergies renouvelables et de transport collectif alternatif au mode routier, les projets de développement propre réduisant les gaz à effet de serre, les projets de rationalisation de la demande en eau et d’efficacité énergétique en particulier dans le bâtiment.
7.
Mettre en place une banque méditerranéenne d’investissement, fondée sur les mêmes principes que la BEI, et conçue pour favoriser le financement des PME, acteurs clés en matière de création de richesse et d’emploi.
8.
Intensifier les réseaux de transports au Sud de la méditerranée en vue de favoriser la fluidité des échanges commerciaux Sud-Sud, avec une attention particulière au transport multimodal permettant une meilleure optimisation du coût de la logistique.
9.
Élaborer une politique commune de sécurité alimentaire (dispositifs mutualisés d’assurance des risques agricoles, constitution de stocks de sécurité et élaboration de mécanismes d’intervention d’urgence) et de développement rural (infrastructures matérielles et immatérielles des filières, formations managériales et technologiques).

Tenant compte des complémentarités évidentes (des préférences collectives, des forces vives, des dotations naturelles mais également dans la production des biens et services) et des défis auxquels les pays ne pourront pas répondre individuellement (insuffisance d’emplois adaptés, changement climatique et préservation des ressources naturelles, crises alimentaires, migration), plusieurs scenarios d’avenir peuvent être dessinés.

Le scénario des « divergences méditerranéennes »

La  poursuite des tendances passées (taux de croissance en Europe inférieurs à 2% par an, avoisinant les 3-4% au Sud et à l’Est de la Méditerranée et dans les Balkans) amènera une insertion disparate des pays dans l’économie mondiale. La croissance tirée par les pays émergents renforcera la compétitivité au détriment du pouvoir d’achat et de la demande, avantageant les économies les plus compétitives qui ont déjà connue un phénomène de rattrapage (Croatie, Turquie, Tunisie), creusant l’écart avec les autres pays méditerranéens (Algérie, Egypte, Liban, Albanie). Il y aura des gagnants et des perdants au niveau national et régional ainsi qu’une forte dualisation des économies et des territoires.
Les taux d’activité et d’emploi s’élèveront de façon très inégale et la dualité des marchés de travail restera forte, au Nord comme au Sud, accroissant les inégalités entre les élites et les travailleurs peu qualifiés. Le processus euro-méditerranéen progressera en termes de libéralisation commerciale et agricole mais la libéralisation des services se limitera à certaines prestations renforçant la sélectivité de la main d’œuvre en fonction des niveaux des qualifications. La pression migratoire est alimentée par les perdants de la modernisation-mondialisation et notamment les jeunes diplômés.
La Méditerranée verra renforcée sa place de transit de l’économie-monde, avec des impacts plus aigus en termes de pollution, de perte de la biodiversité et d’artificialisation des côtes. La hausse de la demande énergétique et alimentaire et l’urbanisation accentueront les pressions environnementales au Sud et à l’Est de la Méditerranée. La pression sur les ressources en eau deviendra insoutenable et la contribution au changement climatique préoccupante.
En matière agricole, les gains de productivité et la pression foncière sur les terres agricoles feront disparaître les cultures vivrières. Le déclin euro-méditerranéen de l’agriculture s’accompagnera d’une forte pénétration des fournisseurs du reste du monde (viande, céréales), tandis que les productions strictement méditerranéennes (fruits et légumes, huile d’olive, vin) qui n’ont pas été labellisées seront fortement concurrencées par celles venues des provenances lointaines (Chili, Australie, Brésil, Chine).

Le scénario de « crise de la Méditerranée »

La crise de 2008 pourrait contribuer à assombrir davantage ce tableau amenant une convergence par le bas et une marginalisation des pays méditerranéens fragilisés par la crise des dettes souveraines, au Nord, et par une transition politique heurtée, au Sud. La crise de l’Europe latine conduira à un retrait des échanges et des investissements chez les voisins des Balkans et du Sud de la Méditerranée. L’Afrique du Nord sera fortement handicapée par ce retrait (en raison d’une forte dépendance commerciale avec l’Europe méditerranéenne), tandis que le Machrek, la Turquie et les Balkans parviendront à limiter les effets de la crise en raison des transferts de capitaux originaires d’Europe du Nord et des pays émergents qui trouvent à s’investir dans une zone à faible coût et à fort rendement. L’ensemble des pays en rattrapage avec l’Europe s’approcheront des niveaux de revenu de la Méditerranée européenne (le revenu par habitant de la Turquie et de la Serbie atteindra 80% de celui du Portugal en 2030), mais au prix d’une divergence européenne conséquente (l’Allemagne dépassera la France en revenu par tête, le PIB par habitant de la Slovénie sera supérieur à celui de l’Espagne).
Ce contexte de crise est défavorable à l’intégration institutionnelle euro-méditerranéenne et menacera la cohésion européenne. L’Euro-méditerranée ne progressera pas, l’UpM sera en mal de projets et la libéralisation des services sera entravée par les craintes de dumping social. Le commerce sous-régional souffrira de l’instabilité de la Méditerranée arabe et sa part dans les échanges, pourtant faible, s’amenuisera encore.
Les pays du Sud de l’Europe verront leur main d’œuvre se déqualifier et souffriront une perte définitive de capital humain qui se traduira par une stagnation, voire un recul, du taux d’emploi alors qu’ils seront relativement stables pour l’Europe du Nord et de l’Est. Les pays du Maghreb verront leur taux d’emploi progresser plus faiblement qu’en tendance, les taux d’activité resteront donc généralement inférieurs à 50 %, reculant en moyenne de quelques points. La pression migratoire restera forte.
Les pressions environnementales se verront renforcées en raison notamment des faibles progrès réalisés dans le domaine de l’efficacité énergétique (Méditerranée arabe et Balkans), en l’absence d’un développement des énergies renouvelables et du maintien de la part des énergies fossiles. En matière agricole, la dualité entre une agriculture intensive destinée à l’exportation et une agriculture vivrière sous équipée persistera en l’absence de gains de productivité. Les conflits d’usage pour la ressource en eau, la dépendance alimentaire et la pauvreté rurale s’intensifieront.

Le scénario de la « convergence méditerranéenne »

Mais un autre destin est également possible. Sous réserve d’une action politique forte, volontariste et partagée par tous les pays riverains, une convergence méditerranéenne, couplée à une croissance globalement plus forte et riche en emplois, peut-être envisagée. Pour cela, il est nécessaire d’encourager une redistribution géographique de la production, le partage de la valeur ajoutée, la valorisation des complémentarités, une plus grande redistribution des richesses et une harmonisation des normes dans un système régionalement intégré, jouissant des quatre libertés mises en place par l’Union européenne (circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes). Un tel scénario suppose que la transition politique de la Méditerranée arabe non seulement ait libéré les énergies au Sud mais qu’elle ait permis une convergence plus forte avec l’Europe, un rapprochement fondé non pas uniquement sur des intérêts économiques mais sur une communauté politique et de valeurs.
Dans ce contexte, les ressorts internes de la croissance permettront un accroissement de la productivité et de l’emploi et une convergence des revenus qui pourraient atteindre, en 2030, des niveaux par tête  supérieurs à 10 000$ par habitant, à l’exception de la Mauritanie. Cette croissance, plus équitable en termes de redistribution des richesses, permettra au Sud et à l’Est de la Méditerranée et aux Balkans le développement d’une demande intérieure dont bénéficieront l’Europe latine, et avec elle, bien que dans une moindre mesure, l’ensemble de l’Europe. Cette dynamique accroîtra considérablement le commerce sous-régional, offrant désormais des opportunités de marchés émergents et profonds. Le commerce au Proche-Orient et au Maghreb se développera d’autant plus qu’aux relations plus approfondies avec les voisins méditerranéens et européens viendront s’ajouter les échanges croisés avec le Golfe. La Turquie deviendra une interface indispensable et une plaque tournante du commerce euro-méditerranéen.
Les taux d’activité des pays du Sud et de l’Est méditerranéen et des pays adriatiques se rapprocheront de ceux de l’Europe où la migration, davantage circulaire, viendra pallier les pénuries de main d‘œuvre et alimenter les marchés de consommation. Au Sud, le marché informel reculera fortement (de près de dix points en moyenne), les taux de chômage passeront sous la barre des 9 % et plus de 2,6 millions d’emplois seront créés chaque année, favorisant la stabilité sociale. Par ailleurs, les perspectives d’emploi offertes dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée et dans les Balkans deviendront suffisantes pour limiter l’exode des cerveaux. Pour les migrants, la question du retour deviendra pertinente et les formes de migration plus circulaires et plus qualifiantes.
En matière énergétique, le scénario de convergence permettra une progression plus importante de l’efficacité énergétique et un développement significatif des énergies renouvelables grâce à une coopération régionale et des transferts de technologie. Des mesures d’efficacité énergétique seront mises en place non seulement dans les pays de l’UE mais aussi au Sud. Cependant, en dépit des efforts réalisés, l’impact de la croissance sur le changement climatique restera préoccupant : à partir de 2020, les émissions de CO2 des Psem dépasseront celles des pays du Nord de la Méditerranée, alors même que la consommation énergétique par habitant y demeurera inférieure.
Dans le contexte d’une accélération de l’industrialisation et du développement des Psem et des Balkans, la part de l’agriculture dans le PIB décroitra fortement. L’exode rural sera néanmoins contenu en raison du développement d’activités rurales non agricoles et d’une chaîne de transformation agro-alimentaire permettant la création d’emplois industriels et de services.

Une variante au scénario de convergence

Mais ce scénario de convergence pourrait être emmené non pas par une volonté européenne plus marquée mais par une nouvelle dynamique économique au Sud qui pourrait prendre deux formes : avoir un effet d’entraînement sur les économies des États membres de l’UE et vraisemblablement encourager leur volontarisme politique à l’égard de la région ou provoquer un éloignement relatif entre une rive sud intégrée, d’un côté, et l’Union européenne, de l’autre. Ce scénario, peu probable fin 2010, gagne en probabilité à la faveur des révolutions arabes.

Des complémentarités à exploiter en Méditerranée

Les pays du bassin méditerranéen ont un nombre non négligeable des complémentarités à exploiter.
Tout d’abord, nous retrouvons une complémentarité (quantitative) de forces vives, entre une Europe vieillissante, dont le déclin probable des nombre d’actifs affectera la croissance potentielle, et une rive sur et est méditerranéenne où les jeunes entrants sur le marché du travail seront nombreux, et plus qualifiés, durant une génération. Mais si les suppléments des uns ne viendront pas mécaniquement compenser les carences des autres, tant en raison du cloisonnement des marchés du travail que des politiques migratoires restrictives, une plus grande mobilité euro-méditerranéenne pourrait permettre de combler les déficits sectoriels de main d’œuvre (notamment dans les secteurs des services à la personne, BTP, hôtellerie – restauration) et renfoncer le niveau et l’adaptation des qualifications des travailleurs.
Les complémentarités de dotations naturelles, énergétique (avec des pays du sud et de l’est méditerranéens fournisseurs d’énergies fossiles et surtout renouvelables) et peut-être aussi agricole  (avec une Europe plus « céréalière » et « carnée », aux terres arables et aux ressources en eau relativement abondantes, où l’emploi agricole est devenu marginal, et un Sud où l’activité rurale reste conséquente et dont la production méditerranéenne est menacée par le stress hydrique, l’urbanisation et l’impact du changement climatique) seront renforcées à l’horizon 2030. Mais là aussi, les dotations des uns ne viendront pas mécaniquement alimenter les besoin des autres dans un marché mondialisé, où les puissances émergentes tentent de se procurer des ressources naturelles raréfiées. Ce qui est sûr pour les membres du consortium, c’est que, quelque soit la disponibilité des ressources, la logique d’offre doit céder la place à une logique de demande, en matière énergétique et environnementale mais aussi en matière agricole. Et pour cela, il faudra favoriser la création des marchés solvables et faire en sorte que les économies en rattrapage par rapport à l’Europe ne se retrouvent pas dans une sous-traitance appauvrissante, mue par les seuls différentiels de salaire.
Complémentarité des biens et des services, enfin. Dans ce domaine, il ne s’agit pas seulement de valoriser les avantages comparatifs des uns et des autres mais bien de renforcer cette complémentarité, car il n’est pas de services sans biens et ceux sont les services qui procurent déjà la plus forte valeur ajoutée aux biens dont la production standardisée est peu chère et fragmentée au niveau international.

Défis communs à relever

Aux côtés des complémentarités, des défis communs sont à relever.
L’enjeu le plus important est celui de l’emploi, car les économies euro-méditerranéennes ne créent pas assez d’emplois ni au Nord ni au Sud de la Méditerranée. Au Nord, cela handicape la croissance potentielle et au Sud, compte tenue des perspectives démographiques, la pénurie d’emplois pourrait se transformer en frustration et envie d’émigrer. Les économies méditerranéennes vont faire face, plus sévèrement qu’ailleurs dans le monde et même si elles y contribuent en moindre mesure, aux conséquences du changement climatique et à la raréfaction des ressources naturelles. Pour ce faire, elles devront encourager un développement plus soutenable et plus sobre énergétiquement, qui nécessite des transferts technologiques et de compétences aujourd’hui essentiellement européens, pour valoriser les éco-activités et la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles ; autant d’opportunités de marché et des possibilités de coopération Nord – Sud et Sud – Sud.
La dégradation prévisible des conditions agro-climatiques contraint également les Etats à repenser leurs politiques agricoles. Encore une nouvelle opportunité de, dans un cadre euro-méditerranéen, procéder à des restructurations visant à assurer la sécurité alimentaire, la santé des populations et à renforcer les systèmes agricoles produisant emplois, revenus locaux et des produits de qualité, respectueux de l’environnement. Cette évolution permettra d’accroître la valeur ajoutée des productions méditerranéennes, d’accélérer les investissements agricoles Nord – Sud, la professionnalisation des filières et la qualification des agriculteurs.
Dernier défi commun auquel devront faire face les pays de la région, celui des migrations « méditerranéennes » qui sont amenées à se poursuivre en fonction des facteurs push (différentiel démographique et de revenu entre les deux rives) et pull (pénurie de main d’œuvre en Europe et volonté d’attirer la main d’œuvre qualifiée, fort taux de chômage au Sud). Or, si les migrations constituent un indéniable facteur de développement et d’intégration sociale, économique et culturelle, l’équilibre entre brain drain et brain gain est encore à trouver. C’est pour quoi une politique de mobilité euro-méditerranéenne facilitant la migration circulaire et « qualifiante », complémentaire des politiques d’intégration des migrants, ne pourrait être que bénéfique pour la région.

Sur la base des prospectives nationales réalisées par les pays de la région (Maroc 2030, Tunisie 2030, France 2025, Egypte 2025, prospective territoriale espagnole, planification stratégique grecque, Jordanie 2020) et de celles sectorielles réalisées par les organismes euro-méditerranéens (Mediterra du CIHEAM, Méditerranée 2030 de l’IPEMED, Plan bleu 2025, projections énergétiques annuelles de l’OME), des enjeux régionaux sont apparus d’emblée.

Cela a favorisé le choix des membres du consortium de privilégier quatre thématiques transversales: la sécurité alimentaire et le développement rural ; l’emploi et le capital humain ; la mobilité et les migrations ; l’énergie et le changement climatique.

Parallèlement à ces prospectives thématiques, une réflexion a été également menée sur les formes d’intégration régionale possibles.

L’intégration méditerranéenne de demain sera influencée par des acteurs externes aux pays bordiers (pays du Golfe, les Etats-Unis voire la Chine et les grands pays émergents). Elle sera fortement dépendante à la fois de la dynamique de réforme dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée mais aussi de l’avenir de la construction européenne et de ses élargissements futurs. Dès lors, construire des scénarios d’intégration régionale implique de prendre en considération des facteurs endogènes et exogènes à la région, d’envisager quelles pourraient être les formes d’approfondissement, conformes à la prévention des risques identifiés dans les prospectives thématiques, et quelles pourraient en être les étapes progressives.

Enfin, les unions de sociétés et d’Etats se fondent sur des valeurs partagées qui les amènent à partager les risques et à approfondir les solidarités. Une réflexion sur les valeurs au nom desquelles une intégration méditerranéenne pourrait avoir lieu a eu également lieu, au sein du consortium.

Ces réflexions prospectives croisées ont abouti à l’élaboration de trois scénarios d’avenir qui ont été validés par les partenaires du Nord, du Sud et de l’Est de la Méditerranée partageant ainsi une vision commune d’un avenir méditerranéen souhaitable.
Dans le cadre de ce projet, quatre thématiques transversales ont été privilégiées : la sécurité alimentaire et l’agriculture, l’emploi et le capital humain, la mobilité et les migrations  ainsi que l’énergie et le changement climatique. Elles ont été, ensuite, intégrées dans les scénarios régionaux esquissés au cours du projet.

L’emploi et le capital humain

Prospective sectorielle pilotée par Frédéric Blanc, Délégué général du FEMISE.

L’objectif de cette réflexion a été, d’une part, d’étudier l’évolution du capital humain en Méditerranée à l’horizon 2030 en tenant compte des évolutions passées et, d’autre part, d’établir des perspectives chiffrées de l’emploi et du chômage, de formation initiale et continue du capital humain ainsi que leur adéquation aux besoins de l’économie et leur participation à une croissance potentielle plus élevée. Des enseignements ont également été tirés en termes de l’évolution de la productivité des pays du sud et de l’est de la Méditerranée à l’horizon 2030.

Population, mobilité et migrations

Prospective sectorielle pilotée par M Philippe Fargues, Directeur du CARIM, en collaboration avec M Hervé Le Bras, Directeur d’études à l’INED et enseignant à EHESS.

L’objectif de cette réflexion a été, d’une part, de mieux faire connaître les phénomènes migratoires en Méditerranée et notamment la migration circulaire et, d’autre part, d’établir les perspectives chiffrées de la migration et de la mobilité en Méditerranée à l’horizon de 2030, en tenant compte des contraintes démographiques, de la modification des profils migratoires mais aussi des incertitudes géopolitiques et des politiques migratoires. Les implications de ces évolutions sur les marchés du travail, au Nord et au Sud, ainsi que sur le volume et l’affectation des transferts de migrants ont également été analysées.

Energie et changement climatique

Prospective sectorielle pilotée par Mme Houda Allal, Directrice de la stratégie à l’OME.

Cette réflexion a tenu compte des effets des dégradations environnementales (changement climatique notamment), de la croissance économique et démographique, de la modification des modes de vie consécutive à l’augmentation du revenu. L’OME s’est attaché également à établir les perspectives chiffrées de la production et de la demande énergétique en Méditerranée à l’horizon de 2030, ainsi qu’à identifier les implications en termes de sécurité des approvisionnements (en tenant compte des évolutions internationales en particulier sur la formation des prix) et les conséquences de ces évolutions sur l’activité économique, les revenus et l’emploi.

La sécurité alimentaire et l’agriculture

Prospective sectorielle pilotée par M Vincent Dollé, Directeur de l’IAMM, membre du réseau CIHEAM.

La réflexion a prêtée une attention particulière aux questions de changement climatique, à l’analyse de son impact potentiel sur l’agriculture, mais également aux questions de santé, de nutrition et de développement économique.


Dans le cadre du projet « Méditerranée 2030 », trois groupes de travail thématiques ont été créés, permettant de nourrir la réflexion autour des prospectives thématiques.

Les valeurs communes en Méditerranée
Ce groupe de travail a été piloté par Pierre Beckouche (IPEMED) et a rendu un rapport (consultable sur ce site) sur le sujet en septembre 2010.

Les membres du consortium « Méditerranée 2030 » ses sont posées la question suivante : au nom de quelles valeurs devrions-nous faire le choix d’une intégration euro-méditerranéenne ? Pour répondre à ce délicat croisement d’approches économique et culturelle, ce groupe de travail a été constitué. Sa première tâche a consisté à différencier trois notions différentes : la notion de valeur, notion complexe qui ne doit surtout pas être limitée à la religion, ni élargie à un ensemble trop disparate de comportements, la notion de « préférences collectives » et la notion de « vecteurs de mobilisation ». Identifier les valeurs qui fondent une région commune ou les préférences qui définissent son projet est une chose ; les mettre en mouvement en est une autre. Dans vingt ans y aura-t-il une valeur pour la défense de laquelle les populations, dans toute la région, descendront dans la rue si elle devait être remise en cause ? Voila le fil rouge qui a orienté cette réflexion.Étant donné l’absence d’études prospectives sur les valeurs, ce groupe de travail s’est attaché à décrire les principales évolutions rétrospectives des valeurs individuelles et collectives en Méditerranée à partir des enquêtes et des études disponibles et à identifier ce que seraient les préférences collectives dans la région.

Modèles d’intégration régionale en Méditerranée
Groupe de travail piloté par Cécile Jolly, analyste au Centre d’Analyse Stratégique

Après avoir identifié les différents modèles d’intégration régionaux disponibles et analysé les visions d’une Méditerranée intégrée qui sous-tendent les scénarios positifs des prospectives thématiques, le groupe de travail s’est attaché à proposer des scénarios d’intégration régionale de fait ou de droit. Dans cette perspective, le groupe a déterminé les facteurs endogènes et exogènes à la région qui vont se révéler décisifs et a analysé les ruptures possibles en tentant de tracer des trajectoires selon les scénarios envisagés (étapes). Il a décliné ensuite les thématiques sectorielles en fonction des scénarios globaux définis collectivement.

La modélisation des scenarios régionaux
Ce groupe de travail a compté avec la collaboration de Mohamed Ali Marouani (Université de Paris 1).

Une étude prospective intégrant des dynamiques sectorielles, particulièrement sensibles au regard des économies considérées et anticipant un renforcement des processus d’intégration régionale, doit se donner les moyens de quantifier les résultats des scénarios envisagés. Après avoir analysé les modélisations existantes pour la région méditerranéennes, le groupe de travail s’est attaché à étudier la faisabilité technique mais aussi institutionnelle d’une modélisation régionale, en s’intéressant à la possibilité d’une base de données commune, a priori plutôt un outil régional avec des contributions nationales, ainsi qu’à la construction d’un tableau entrées-sorties régional.
Le consortium « Méditerranée 2030 » a associé régulièrement plus d’une trentaine d’organismes issus d’une quinzaine des pays du bassin méditerranéen. Parmi les organisations activement engagées dans cette réflexion, nous pouvons citer :

Albanian Council on Foreign Relations (Albanie)
Arab Reform Initiative
Bureau de l’information et de la planification du Ministère des affaires étrangères (Bosnie - Herzégovine)
Centre d’Analyse Stratégique (France)
Centre d’Etudes Appliquées et de Prospective (Algérie)
Centre for future studies (Egypte)
Centre for Mediterranean Middle East and Islamic studies – Université du Péloponnèse (Grèce)
Centre Mauritanien d’Analyse des Politiques (Mauritanie)
CeSPi, Centro Studi di Politica Internazionale (Italie)
Commissariat Général à la Planification et à la Prospective (Algérie)
Euro Mediteranski Forum (EMEF) (Croatie)
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (France)
Haut Commissariat au Plan (Maroc)
IEMed (Espagne)
Institut Royal des Études Stratégiques (Maroc)
Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (Tunisie)
Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES) (Tunisie)
Laboratoire d’Economie des Transports (LET) (France)
Ministère de la Science, de l’Éducation et des Sports (République de Croatie)
Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne (République de Croatie)
Observatoire Universitaire de la Réalité Socio-économique (Liban)
Projet « Mauritanie vision 2030 » (Mauritanie)
State Planning Organization (Turquie)
Université Mohammed V Rabat-Agdal (Maroc)
JOLLY Cécile

JOLLY Cécile

Experte associée