Réunion du Consortium "Méditerranée 2030" à Paris le 25 mars 2010

Jeudi 25 Mars 2010

Le consortium "Méditerranée 2030" a présenté le 25 mars 2010 à Paris, au ministère français des Affaires étrangères, les premiers résultats de ses travaux.

Des intervenants d’exception comme M. Kemal Dervis ou M. Georges Corm ont partagé, avec les organismes d’étude euro-méditerranéens (CARIM, CIHEAM, FEMISE, OME) et les institutions publiques et privées nationales dédiées à la prospective présentes, leur vision de l’avenir de la région en mettant en exergue trois points, les effets de la dégradation de l’environnement en Méditerranée, la léthargie qui caractérise les économies rentières dans le bassin et les transformations structurelles sans précédent de l’économie mondiale.

Le Centre d’Analyse Stratégique a ensuite présenté les déterminantes de la croissance pour la Méditerranée, en portant une attention particulière à la question démographique, aux capacités de financement et à la disponibilité des ressources naturelles dans la région. Les atouts dont dispose la Méditerranée ont également été explicités, parmi lesquels la croissance des échanges commerciaux, la progression des IDE, plus diversifiés géographiquement et sectoriellement, ainsi que les bénéfices potentiels qui pourraient être dégagés de la situation géographique stratégique de la Méditerranée en tant que zone de transit de l’économie monde. Ces atouts devront être exploités de façon cohérente afin de relever les défis du futur, notamment la lente diversification des économies et la difficile conquête de la frontière technologique.

Ces éléments, combinés avec les prospectives sectorielles présentées par les différents instituts euro-méditerranéens, ont abouti à l’élaboration de trois scénarios régionaux :

  -       Le scénario de la marginalisation, avec une convergence par le bas, si on poursuit les tendances actuelles (taux de croissance en Europe inférieurs à 2% par an, avoisinant les 3-4% au Sud et à l’Est de la Méditerranée et dans les Balkans). Ainsi, en 2030, les écarts de revenu entre pays seront maintenus, tandis que les spécialisations des pays sud et est méditerranéens resteront cantonnées dans des produits de gamme inférieure à faible contenu technologique. Les pressions environnementales se verront renforcées, la question de l’emploi ne sera pas réglée et la pression migratoire restera forte.

  -       Le scénario de la divergence avec une insertion disparate des pays dans l’économie mondiale. La croissance, tirée par les pays émergents, renforcera la compétitivité au détriment du pouvoir d’achat et de la demande avantageant les économies les plus compétitives qui ont déjà connue un phénomène de rattrapage (Croatie, Turquie, Tunisie), creusant l’écart avec les autres pays méditerranéens (Algérie, Egypte, Liban, Albanie). Il y aura des gagnants et des perdants au niveau national et régional ainsi qu’une forte dualisation des économies et des territoires. Les taux d’activité et d’emploi s’élèveront de façon très inégale et la dualité des marchés de travail restera forte, au Nord comme au Sud, accroissant les inégalités entre les élites et les travailleurs peu qualifiés.

  -       Le scénario de la convergence par le haut, caractérisé par une croissance plus forte et riche en emplois fruit de la valorisation des complémentarités euro-méditerranéennes, de l’établissement au niveau régional des quatre libertés de l’UE et de la mise en place d’un cadre institutionnel renforcé, où la perspective d’adhésion à l’Union ou au marché intérieur accélérera l’harmonisation des normes. Dans ce contexte, les ressorts internes de la croissance permettront un accroissement des taux de productivité et de l’emploi et une convergence des revenus qui pourraient atteindre, en 2030, des niveaux supérieurs à 10 000$ par habitant. Les taux d’activité des pays du sud et de l’est méditerranéen et des pays adriatiques se rapprocheront de ceux de l’Europe où la migration, davantage circulaire, viendra pallier les pénuries de main d‘œuvre et alimenter les marchés de consommation.

Cette réunion plénière a été suivie, le 26 mars 2010, d’une matinée de travail entre membres du consortium pour approfondir les scénarios régionaux, discuter des actions à venir ainsi que des recommandations que seront adressées aux Chefs d’État et de Gouvernement lors du deuxième sommet de l’Union pour la Méditerranée.

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