La santé au coeur des débats et des réformes au Maghreb

Mardi 01 Janvier 2013
Macarena Nuno
Les populations des pays du Maghreb expriment de fortes attentes auprès de leurs gouvernements, dont un plus grand accès à des soins de qualité à moindre coût. Pour cela, ils doivent repenser leurs systèmes de santé, les rendre plus solidaires tout en maîtrisant les dépenses qui vont fortement augmenter du fait du vieillissement de la population et de l’émergence de nouvelles pathologies (non transmissibles – 79,7% des décès en Tunisie, dégénératives et traumatologiques). Pour y arriver, les autorités doivent faire des choix stratégiques, définir des priorités et les traduire en programmes de santé à court, moyen et long terme. Ces programmes, à défaut d’être communs, pourraient être compatibles et comporter des coopérations, voire des alliances, Sud-Sud et avec les pays de l’Union européenne.

À la différence des pays du Nord de la Méditerranée, les pays du Maghreb central doivent faire face au même moment à une transition démographique avec une grande proximité d’indicateurs : espérance de vie à la naissance au-delà de soixante-dix ans ; taux de mortalité infantile et maternelle élevés mais en forte baisse ; structure de la pyramide des âges avec une progression de la part de la population de soixante ans et plus qui s’opère presque simultanément à la transition épidémiologique. Celle-ci les met en présence de maladies nouvelles caractéristiques des pays développés (diabète, cancer, dépression, pathologies professionnelles, maladies respiratoires…) impliquant des soins de plus en plus coûteux et une étiologie plus complexe que celle des maladies traditionnelles qui les oblige à maintenir des programmes de vaccination et d’actions traditionnelles (taux élevé de mortalité infantile et maternelle, notamment en Algérie, maladies transmissibles qui perdurent sous forme de flambées épidémiques) tout en développant des actions de promotion de la santé plus larges et, surtout, intersectorielles, prenant davantage en compte les déterminants de santé (éducation, nutrition, habitat, environnement, etc.).

Réduire les inégalités

Pour réorganiser les systèmes de santé, les pays du Maghreb doivent réduire les inégalités dans l’accès aux soins (notamment la part du financement de santé assuré par les ménages – autour de 40 %), mettre en place une régulation entre les secteurs public et privé, développer un système de financement transparent, efficient et solidaire et une assurance maladie unique (au Maroc, elle a été créée en septembre 2005). Sans oublier d’encourager la participation des usagers et des professionnels à la gouvernance des systèmes de santé.

Au Maroc et en Tunisie, les ministres de la Santé ont compris l’urgence d’engager ces réformes. Ils organisent des débats pour définir la politique de santé des années à venir. Le rapport Défis nationaux et enjeux partagés, les systèmes de santé en Algérie, Maroc et Tunisie, réalisé par Ipemed, propose dix axes d’évolution et des coopérations concrètes pour nourrir ces réflexions :


1-    Réaffirmer la place de la santé au cœur du politique
2-   
Faire de la politique de santé un exemple de démocratie
3-   
Encourager des pilotages ministériels, gouvernementaux, plus stratèges
4-   
Mettre en place des outils de pilotage adaptés et performants
5-   
Développer un système de santé plus orienté vers les usagers
6-   
Promouvoir un système de santé plus solidaire
7-   
Définir une stratégie d’affectation de ressources financières efficiente
8-   
Repenser et réorganiser la formation et l’information de tous les acteurs
9-   
Promouvoir une régulation accrue du marché du médicament
10-
Développer les collaborations, faire émerger des alliances Sud-Sud et Nord-Sud




Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail