Le dialogue (5+5) a le vent en poupe pour aboutir à un (5+5+5) ?

Humeur n°200 -
Jeudi 11 Mai 2017 - Jean-Louis Guigou

Lors de mes récentes missions en Tunisie et au Maroc, j’ai entendu beaucoup de critiques adressées à la Commission Européenne et par contre des éloges pour le dialogue (5+5). La Commission Européenne est critiquée parce que les procédures l’emportent sur le fond et que l’offre de l’Europe demeure liée à la fameuse ALECA (accord de libre-échange complet et approfondi). Des procédures à court terme et le libre-échange à moyen terme ! C’est un peu court pour la Tunisie qui est confrontée à des obstacles internes (Administrations déficientes, non-mobilisation des élites, corruption, système parlementaire sophistiqué et paralysé, classe politique fractionnée… ) et à des agressions externes … (Terrorismes, djihadistes), qui au Sud, soulèvent les populations parce que marginalisées.

Par contre, le dialogue (5+5) est plébiscité. C’est le plus ancien cadre de rencontre entre pays du bassin Occidental de la Méditerranée (ou bassin de la Méditerranée Occidentale). Il a été instauré par Mitterrand à Rome en 1990 :

  • Les 5 pays du Nord sont le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie, et Malte.
  • Les 5 pays du Sud sont la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye. (Tous membres de l’Union du Maghreb Arabe)

C’est une instance de dialogue qui est non-décisionnelle. La Commission Européenne y est associée depuis 2003. Les activités recouvrent des sommets des chefs d’état et de gouvernement, mais aussi, des conférences des Ministres des affaires étrangères, des Ministres de l’intérieur, des transports de l’énergie, du tourisme etc.. avec une double présidence, une du Nord, et une du Sud, de deux ans. Actuellement de l’Algérie et la France président le (5+5).

Trois suggestions d’amélioration sont possibles :

-Le premier Ministre algérien souhaite faire de cette instance « un lieu de débat et de début d’intégration ». L’expression est très forte. Elle mériterait d’être entendue.

-Un expert tunisien (ITES) suggère, un élargissement aux 5 pays du Sahel créant ainsi un (5+5+5). C’est là une bonne idée pour assurer la continuité territoriale vers l’Afrique subsaharienne.

-Quant à IPEMED, nous suggérons que les rencontres des Ministres thématiques (énergie, transport, tenue, agricultures, finance …) soient simultanées avec la tenue d’un forum d’une centaine de chefs d’entreprise des pays concernés, débouchant sur une rencontre entre les Ministres et les chefs d’entreprise pour confronter les diagnostics et les solutions proposées.

Ce sont là de bonnes pistes pour coordonner et amplifier le développement dans la Méditerranée Occidentale, avec deux objectifs :

  • Proposer aux 5 pays du Sud des projets ambitieux pour transformer l’UMA, car celle-ci n’a pas besoin de Maghreb politique mais de projets économiques.
  • Permettre à la Commission Européenne de transformer son regard, et ses méthodes vis-à-vis des pays de la rive Sud de la Méditerranée en étant ambitieux : CECA énergétique, aménagement du territoire du Sahel, plan maghrébin de sécurité alimentaire, assurer ensemble la transition énergétique, contribuer à l’industrialisation pour faire du Maghreb, le Mexique de l’Europe, etc...

 

Conclusion :

Trop longtemps négligé, au profit des grandes conférence internationales le dialogue (5+5) élargi à (5+5+5) pourrait être utile pour accélérer la transition économique de la rive sud y fixer les populations et intensifier l’intégration à l’Europe.

Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail