Le levier du développement inclusif et durable

Humeur n°198 -
Mercredi 08 Mars 2017 - Jean-Louis Guigou

Parce que la Méditerranée va être durement impactée par le changement climatique, le développement durable doit inclure impérativement et simultanément des mesures écologiques mais aussi des mesures pour la création et l’amélioration des emplois. Sur quels leviers s’appuyer, sur quelles forces agir ? Quels moyens utiliser pour « écologiser l’économie » ?

Fernand Braudel aimait à dire « Si j’étais chef d’un grand Etat, je travaillerais peu, j’analyserais les forces à l’œuvre et je faciliterais celles qui vont dans le bon sens ».

Pour l’IPEMED, il y a 7 forces à l’œuvre qui vont dans le bon sens de la création de développement durable et inclusif et qu’il faut encourager.

 

1ere force : Les dynamiques localises et les circuits courts à promouvoir.

 

A la base, au niveau, local, les sociétés civiles bougent. Les coopératives s’organisent, innovent, (énergie solaire). Face à la Mondialisation qui les a « dépossédées », les populations recherchent, dans le niveau local, leur identité, des repères, des solidarités, une entraide. Avec les énergies renouvelables (solaires, micro-hydrauliques, etc..) les populations se réapproprient une partie de leur destin.

Ainsi à travers, les circuits courts, les filières territorialisées, les labels géographiques et l’économie circulaire, les populations s’organisent et se mettent en situation de résister et de s’adapter.

 

2nd force : Les biens collectifs à développer et à mieux gérer.

 

A côté des biens privées et des biens publics (la monnaie, l’armée, la santé...) existent les biens communs ou collectifs, qui sont la propriété d’une communauté. Ainsi, un paysage, la qualité de l’air, la cohésion sociale, la qualité d’un cour d’eau, mais aussi l’éducation, la santé etc., sont des biens collectifs dont l’usage par chacun ne remet pas en cause l’usage pour tous. Trop longtemps, en France notamment, ces biens collectifs ont été appropriés et gérés par la puissance publique.

Voilà, pourquoi, ce sont les communautés, à la base, au niveau local qui veulent et vont se réapproprier la gestion avec des coopératives, syndicats, associations (ces biens collectifs) tel est le domaine de l’économie sociale et solidaire (ESS) qu’il faut promouvoir et encourager.

 

3ème force : le niveau local impose et pousse à la globalisation du politique.

 

Dans un système jacobin – centralisé – les politiques sont fragmentées. Par exemple, la politique et l’industrie de l’eau ou alors la politique et l’industrie de l’énergie etc..

Par contre, au niveau local, dans les communes et agglomérations, les élus et la population recherchent la coordination, les synergies et les interdépendances.

Ainsi dans le domaine de services privés, l’énergie, l’eau et les déchets sont de plus en plus associés car inter indépendants. Mais aussi les services publics doivent être regroupés dans des maisons de services publics (la mère et l’enfant, ou l’éducation, la formation, et l’emploi etc.)

 

4ème force : la co-production s’impose de plus en plus dans les relations internationales.

 

Entre deux pays, entre deux entreprises, qui sont dans des pays différents, il existe trois types de relations possibles.

- Le Commerce : on achète, on vend. C’est du court terme. Ce n’est pas durable. Cela dépend des opportunités.

- Les Investissements Directes : cette fois, une entreprise se délocalise et va investir ailleurs.  Cette stratégie n’est pas durable.

- La Co-production : cette fois, deux entreprises deviennent partenaires. Le fournisseur, le sous-traitant, devient partenaire de l’autre. Il y a partage de la valeur ajoutée, de la chaine de valeur, transfert de technologie et partage des risques.

La co-production est la forme la plus élaborée et durable des relations économiques. « Ne jamais investir dans un pays sans avoir, au préalable, trouvé un partenaire local » c’est un conseil de Xavier Beulin.

 

5ème force : Encourager la régionalisation de l’économie.

 

Entre la mondialisation dérégulée et folle qui nous a conduit à la crise financière de 2008 et au populisme consécutif aux délocalisations sauvages et le retour au protectionnisme national, il y a pour l’IPEMED un niveau intermédiaire ce sont les grandes régions mondiales.

C’est la régulation de l’économie avec l’ALENA, le Mercosur, L’ASEAN, l’Union Européenne.

Des pays voisins s’associent pour mieux réguler leurs échanges, leurs normes, leurs réglementations, etc. Cette dégradation de l’économie est à encourager car c’est l’espace pertinent de régulation et d’adaptation pour les pays émergents ci l’économie internationale.

 

6ème force : Favoriser le retour de la diaspora.

 

Souvent dans les pays les plus pauvres, les plus fragiles, et les plus menacés, les enfants du pays les plus astucieux, les plus entreprenants, ou ambitieux sont partis. Ils se sont expatriés. Ils ont émigré. Cette perte de substance humaine affaiblit encore plus le pays, le territoire, dont ils sont issus.

Pour promouvoir, un développement durable, il faut impérativement réinjecter du capital humain de qualité et motivé. Ainsi l’Inde a fait revenir ses élites expatriées dans la Silicon Valley pour créer en Inde, dans leur pays, des technopoles, des zones industrielles, des clusters etc. L’Inde a décollé durablement en leur confiant la responsabilité de gérer ces pôles de modernité.

 

7ème force : Régionaliser la pensée et coaguler les acteurs : La Verticale.

 

Pour promouvoir, les circuits courts, les biens collectifs, la globalisation, la co-production, la régionalisation et le retour de la diaspora qui sont autant des leviers, et des forces à l’œuvre, pour accélérer, le développement inclusif, et durable, il faut un lieu permanent de réflexion stratégique, pour être le creuset de cette pensée, être la caisse de résonnance, de convergence, entre les acteurs privée/public mais aussi du Nord au Sud, mais aussi du monde de l’économie de la sphère politique  et des milieux académiques et de la recherche. Il faut construire une Fondation la Verticale, Afrique-Méditerranée-Europe, qui soit comme une entreprise une véritable communauté d’hommes capables de produire des idées qui soit du sens et susceptibles d’influencer l’avenir.

 

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