On a besoin d’une parole politique en Méditerranée

Humeur n°116 -
Mardi 11 Juin 2013 - Jean-Louis Guigou

La société, le peuple, les gens, les citoyens etc. ont besoin d’une parole politique claire et forte. La fonction du politique est de rassurer, d’expliquer, de trouver des voies, d’apaiser les craintes face aux nombreuses questions du « vivre ensemble » tant au niveau local (la délinquance, l’école, la propreté…), qu’au niveau national (le chômage, les délocalisations, les retraites…), et qu’au niveau international (les révolutions arabes, la place de la France dans l’Europe et dans le monde…).

Le politique doit :
-    Offrir une vision à long terme, car un peuple n’avance pas s’il ne sait pas où il va ;
-    Proposer des compromis à court terme, pour assurer la coexistence de groupes opposés.

Si donc la parole politique a bien pour finalité d’apaiser et de sécuriser les peuples, il lui faut pour être entendue, utiliser le langage symbolique comme par exemple le discours d’Obama à l’université Al Azhar au Caire en juin 2009. La vertu du langage symbolique, c’est qu’il est compris par tout le monde : riches, pauvres, croyants, incroyants, du Nord et du Sud etc.

En outre, pour être crédible, elle doit se référer à l’intérêt général, ne pas être partisane, être courageuse et porteuse d’espérance. J’ai toujours en mémoire les mots manuscrits du Général de Gaulle à la veille du Référendum d’avril 1969 à Michel Debré qui l’informait, avec insistance, sur l’échec probable de cette consultation « Qu’importe mon destin, il s’agit de la France ! »

Or, la dissymétrie qui s’instaure entre d’une part le monde politique qui s’affaiblit et s’appauvrit et d’autre part la puissance des milieux financiers et les milliardaires, cette dissymétrie fait perdre au monde politique son indépendance par rapport aux puissances d’argent… Il s’ensuit que la parole politique ne remplit plus sa fonction.
Et le populisme de répéter « Tous pourris ! ».

Ces propos sont certainement trop généraux… Reste qu’il manque un grand discours français et européen sur les Révolutions Arabes pour éclairer l’opinion, offrir une vision et calmer les peurs. Dire aux populations du Sud « On vous comprend. On vous soutient. Avancez à votre rythme. Recherchez un compromis » et dire aux populations du Nord « le Monde Arabe rentre dans la modernité. De vraies révolutions sont en cours. Soyons à leurs côtés. Soyons patients. La démocratie vaincra – voyez en Turquie, en Iran, en Tunisie ».

S’il n’y a pas cette parole politique sur la Méditerranée alors c’est Marine Le Pen qui la prononce, agite l’inconscient et accroit la peur de l’étranger et des populations originaires de la rive sud de la Méditerranée.

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