Fièvre électorale

Humeur n° -
Mercredi 30 Mai 2012 - Agnès Levallois
Amr Moussa  lors du débat
télévisé entre les deux favoris à l’élection présidentielle : une première pour l’Égypte.
Alors que les consultations électorales se multiplient de part et d’autre de la Méditerranée, il nous faut trouver des solutions communes pour éviter le repli identitaire qui séduit une partie des populations aussi bien au Nord qu’au Sud.

Ce mois de mai est riche en consultations électorales, tant au Nord qu’au Sud de la Méditerranée : Algérie, Égypte, Syrie, Grèce et France. Quelles en seront les conséquences sur les relations entre les deux rives ? Il est trop tôt pour le dire. Une volonté de changement s’exprime à travers les urnes, accompagnée d’incertitudes même s’il est impossible de mettre sur le même plan le déroulement des différents scrutins.

En Syrie, le président Bachar al-Assad a organisé le renouvellement du Parlement alors qu’il n’a plus le contrôle sur des zones entières du pays et que les forces de sécurité continuent à réprimer le soulèvement avec une violence extrême en dépit de l’engagement du régime à appliquer le plan de sortie de crise proposé par Kofi Annan. L’opposition parle de mascarade pendant que le pouvoir affiche une satisfaction à nier la réalité. Les Algériens ont pris le chemin des urnes, sans illusion, tant l’offre des partis ne suscite pas leur enthousiasme alors que les défis que le pays doit relever sont importants. Le scrutin a donné une forte représentation aux femmes (143 sur 462 sièges) tout en confortant le système en place, lequel a habilement joué de la rente pétrolière, mais jusqu’à quand ? Les Égyptiens qui, pour la plupart, ne rêvent que d’un retour à la normale vont élire leur président pour la première fois de façon libre mais sans connaître ses pouvoirs réels car il n’y a toujours pas de Constitution.

Quant à la crise au Nord, elle provoque des changements de majorité. La plus grande incertitude concerne le devenir de la Grèce: quelle majorité arrivera à gouverner alors que le vote des électeurs a exprimé un rejet des mesures drastiques d’austérité imposées par l’Europe et le FMI ? En l’absence de coalition gouvernementale, le pays va retourner aux urnes. Pour quel résultat ? Le parti néo-nazi risque d’améliorer son score déjà inquiétant tant les perspectives sont sombres dans un pays où «on gagne deux fois moins d’argent et où l’on paye deux fois plus d’impôts».

Que peuvent les institutions européennes dans ce contexte et quel avenir pour les relations euro-méditerranéennes ? Nous avons plus que jamais besoin de bonnes volontés sur les deux rives afin de trouver des solutions communes et éviter le repli national, identitaire qui séduit une partie de l’électorat tant au Nord qu’au Sud.
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