L’exception libanaise

Humeur n° -
Mercredi 01 Février 2012 - Agnès Levallois
Manifestation
contre le confessionnalisme
à Beyrouth,
le 26 avril 2010. Le Liban compte
18 communautés
religieuses pour cinq millions d’habitants.
Le Liban échappe-t-il aux bouleversements que connaît la région? C’est la question que se posent de nombreux observateurs et à laquelle certains Libanais répondent en expliquant que leur mouvement s’est déroulé en mars 2005, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafiq Hariri. De grandes manifestations avaient eu lieu, rassemblant majoritairement des jeunes avec un mot d’ordre «indépendance et souveraineté», signal clair contre la présence syrienne qui avait d’ailleurs conduit au retrait des troupes de Damas du pays du Cèdre et à la démission du gouvernement.


Les jeunes exprimaient leur désir de prendre leur avenir en main et de le gérer eux-mêmes sans remettre pour autant en question la structure de la vie politique du pays et le rôle de leurs chefs. Qu’en reste-t-il sept ans plus tard? La fracture entre sunnites et chiites est apparue, préfigurant la remise en question de la géopolitique régionale avec deux axes. Le premier, composé des sunnites et d’une partie des chrétiens pro-occidentaux, et le deuxième, composé des chiites et d’une partie des chrétiens pro-syriens et pro-iraniens.
Dans ce contexte, la révolte qui se déroule en Syrie depuis onze mois a évidemment des effets sur le Liban. Elle renforce l’antagonisme entre les deux camps et paralyse un peu plus la vie politique. Sur le plan économique, selon le Business Monitor International, «les risques que l’économie libanaise soit affectée par la crise syrienne augmentent dans un contexte politique interne paralysé et elle devrait pâtir de cette instabilité dans les trimestres à venir, les indicateurs de consommation, de commerce et d’investissement affichant tous déjà des signes de ralentissement».


Mais ce qui frappe dans ce pays habitué à se débattre dans un contexte local et régional tendu, c’est le dynamisme qui règne et le volontarisme des opérateurs. Aucun investissement, par exemple, n’a été touché pendant les quinze ans de guerre civile. Il est vrai aussi que ce petit pays sensible aux aléas régionaux est souvent le récepteur, grâce à son système bancaire, de capitaux qui lui permettent de faire face.

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