Retour de Tunisie

Humeur n°120 -
Jeudi 19 Septembre 2013 - Jean-Louis Guigou

Après l’Algérie (18-19 décembre), après le Maroc (4 et 5 avril), j’ai eu le plaisir et l’honneur d’être invité au sein de la délégation officielle qui accompagne le Président François Hollande lors de la visite d’Etat en Tunisie les 4 et 5 juillet dernier. Les rencontres, les discours, les réceptions, les visites s’enchaînent à un rythme soutenu. Devant l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) François Hollande et le Président Ben Jaffar ont été brillants : la transition démocratique a été décortiquée, analysée, resituée dans l’évolution historique et religieuse du pays et des révolutions arabes

J’en retiens trois idées :

-     Il faut que la Tunisie réussisse « sa » transition démocratique pour donner, au monde entier, l’exemple de ce qu’un pays arabe et musulman est capable d’opérer : "Je crois que Islam est compatible avec la démocratie" a affirmé François Hollande. "Nous assurerons l’exercice de toutes les libertés individuelles" lui a répondu Ben Jaffar.

-     La société civile est a minima coupée en deux groupes qui s’affrontent. D’une part, la côte et les villes, tournées vers la modernité et les valeurs universelles ; d'autre part, le milieu rural profond et les quartiers urbains, délaissés. Les représentants de ces deux groupes de la société civile ne se rencontrent jamais, sauf à l’ANC à travers leurs représentants qui s’affrontent physiquement et violemment.

-     L’Islam politique parait affaibli et de plus en plus contesté pour un double motif : d’une part, incompétence à gérer et, d'autre part, proposition d’un modèle indifférencié sans identité nationale, ce qui est contraire à la réalité. Les peuples et les Nations du Sud se différencient fortement. Les sociétés arabes se réveillent plurielles et chacune redécouvre son identité

Au total, la visite d’Etat de François Hollande fut un succès : tous les députés de l’ANC lui ont fait une "standing ovation", sauf un député qui s’est abstenu. Les autorités tunisiennes ont précisé leurs objectifs et ont annoncé un calendrier pour les élections. Pourquoi ne pas y croire ?

De retour en septembre à Tunis, j'ai constaté le calme. Le pays travaille. Majorité et opposition rechercheraient les voies du compromis.

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