Comment redonner le goût de l’Europe aux pays arabes ?

Humeur n°113 -
Mardi 14 Mai 2013 - Jean-Louis Guigou

Après les horreurs du système colonial, après avoir mis en place et soutenu les dictateurs (1960 - 2010) et les régimes autoritaires, après avoir privilégié les pays d'Europe centrale et orientale, après avoir fermé les frontières et imposé une politique de visas rigoureuse, après les discours discriminants de nos gouvernements, compte-tenu de la poussée d’un racisme latent anti-arabe et le climat xénophobe des majorités populistes et des partis d'extrême droite, comment s'étonner que les pays arabes n’aient plus le goût de l'Europe ?

Nous sommes pourtant si proches. Si proches par la géographie et le destin, si proches par les proximités religieuses des trois monothéismes, si proches par l'amour partagé de la Méditerranée, le soleil, le ciel bleu et le désert. Si proches et malheureusement, si lointains !

Comment redonner le goût de l'Europe au pays arabes et aux arabes ?

L'Europe doit être imaginative et généreuse, c'est son intérêt, son avenir en dépend. Cinq actions relèvent directement du Conseil européen, de la Commission européenne et du Parlement.

-    Délivrer un discours historique sur les révolutions du monde arabe qui entre dans la modernité. Un discours historique, tel Obama au Caire. Un discours qui lance ce que pourrait être la Conférence pour la Solidarité et la Coopération entre l’Europe et les pays Arabes. Comme la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe, la CSCE, qui avait ouvert la voie à l’intégration européenne, la CSCEA pourrait refonder les relations entre l’Europe et les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée sur des bases de confiance et d’égalité.

-    Soutenir tous les partis, mouvements, associations qui au Sud, promeuvent le rapprochement avec l’Europe et les valeurs qu’incarne l’Europe. Que les aides financières aillent directement aux acteurs sur le terrain, en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie, etc.

-    Transposer les acquis communautaires aux pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée qui le demandent, multiplier les jumelages et mises à niveau dans tous les domaines (justice, finance, régionalisation, éducation, formation, etc.).

-    Mettre en place une stratégie commune de ré-industrialisation avec des co-productions et des filières transméditerranéennes. Face à la Chine et à l’Asie qui déçoivent en exploitant des millions de femmes et d’enfants, de travailleurs traités comme des esclaves, et à la copie des brevets pour inonder l’Europe de produits bas de gamme et écologiquement défectueux, il faut et on peut rendre la Méditerranée attractive.

-    Substituer à l’approche administrative des migrations, l’approche économique de la mobilité. La co-production exige la mobilité des chefs d’entreprise, des cadres, des professeurs de … (avocats, experts), des étudiants, des hercheurs, des salariés, etc. Vive la mobilité professionnelle !
A minima, l’Europe doit corriger ce que son histoire a sali. Pas de repentance mais une marche en avant vers la confiance.

Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail