Des inégalités croissantes et explosives

Humeur n°121 -
Vendredi 20 Septembre 2013 - Jean-Louis Guigou


Les révoltes au Brésil, mais aussi en Afrique du Sud, en Espagne, en Grèce, sont le symptôme d’un malaise profond : des inégalités croissantes et explosives qui affectent les pays émergents en priorité, mais aussi les pays développés.

·     Dans les pays émergents, le rythme de la croissance trop rapide et continu est tel, que "les destructions" (de paysages, d’urbanisme, de traditions, de métiers anciens…) engendrent des inégalités insupportables : les plus malins, les plus rapides, les plus intelligents, les plus chanceux se mettent à l’abri et en situation de se transformer en permanence. Les plus lents, les moins doués, les plus maladroits étant laissés pour compte, incapables de se recycler, d’apprendre, d’être mobiles…, les "déchets" humains et les déchets matériels cohabitant dans l’indifférence et la marginalisation.

Les grandes mégalopoles des pays émergents constituent la partie visible des ces inégalités physiques (habitat, transports, pollution…) et humaines (enfants abandonnés, taudis, prostitution, drogue, transports urbains inappropriés)

Cette situation est explosive dans les pays émergents, parce qu'ils veulent réaliser en trente ou quarante ans ce que le monde occidental a réalisé en deux siècles.

·     Dans les pays développés, la rapidité des innovations et des technologies serait là encore source de profondes inégalités. Les plus intelligents, les plus débrouillards, les plus malins, les plus coquins s’adapteraient en permanence (achat, vente, mobilité géographique et professionnelle…) tandis que les plus lents, les plus besogneux, les moins chanceux, verraient leur statut régresser, leur rôle social s’amoindrir et leur niveau de vie diminuer. Tous ceux qui sont dans des métiers aux statuts réglementés (fonctionnaires, médecins, chercheurs, ouvriers…) seraient perdants, aigris et tentés par le populisme..

Ainsi le monde occidental engendrerait des « super-men » et des « super-women », des nomades informatisés, grisés par la liberté, le pouvoir et les gains astronomiques qui flirtent parfois avec la corruption. Ces gagnants seraient libres, sans statut, mobiles, en transformation permanente.

Les plus démunis seraient "scotchés" aux territoires, à leur maison, à leurs vieux métiers et à leur statut sclérosé,

"Ca va éclater !", car les inégalités se voient. Elles sont très proches physiquement dans les grandes métropoles. Elles engendrent de la douleur et de la haine.

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