Faut-il un plan Marshall pour reconstruire la Méditerranée ?

Humeur n°123 -
Mercredi 23 Octobre 2013 - Jean-Louis Guigou

Pour reconstruire l’Europe, fut créé en 1947 le Plan Marshall.

Peut-on imaginer un « plan Marshall » pour reconstruire l’économie des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée après les Révolutions ?

Trois raisons me laissent penser que c’est une fausse bonne idée.

En effet, les trois règles pour une bonne pièce de théâtre ne sont pas réunies en Méditerranée à l’heure actuelle comme elles le furent en 1947 en Europe

-    Il n’y a pas d’ « unité de temps » en Méditerranée comme il y avait en Europe dans l’après Seconde Guerre Mondiale

En Méditerranée, les acteurs (Egypte, Lybie, Tunisie, Syrie) ont tous leur temporalité.
Chaque pays est unique, possède son histoire et son propre avenir.

En 1947, tous les pays éprouvaient un besoin de reconstruction suite à une guerre globale sur le territoire européen

-    Il n’y a pas d’ « unité de lieu »pour gérer ce « plan Marshall »

En Méditerranée, tous les pays de la rive Sud ne coopèrent pas entre eux.
Pour gérer le plan Marshall, les Etats-Unis avaient imposé une gestion collective des Européens à travers la création de l’Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE), qui deviendra, en 1961, l’OCDE.

-    Il n’y a pas d’ « unité d’action » pour gérer les financements

En 1947, le plan Marshall fut doté d’une somme équivalente à 100 milliards de dollars actuels sur cinq ans ; soit vingt milliards par an pour l’ensemble des pays européens. Cette somme était programmée, planifiée, pays par pays et infrastructure par infrastructure. Il y avait de la cohérence et de la coordination. Pour les PSEM, Charles Milhaud a évalué que les dotations globales, y compris les prêts, pour la Méditerranée s’élevaient à 20 milliards d’euros par an. Les sommes sont là mais dans le plus grand des désordres et l’incohérence. La Banque Mondiale a son programme, la BERD a son programme, Deauville également, la BEI de même, la BAD aussi….

Au total, et en résumé, il ne faut plus parler de plan Marshall pour la Méditerranée.             

Chaque pays, en fonction de l’avancement de sa transition politique et économique, a le « droit » à un traitement spécifique.

Ceci étant, la Tunisie devrait avoir droit à un traitement particulier car c’est le premier pays à avoir fait sa révolution, sa population est éduquée, les femmes sont libérées, les classes moyennes acteurs et le secteur privé dynamique.

La Tunisie doit être un exemple, pour les pays arabes, de réussite du processus transitionnel.

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